Christopher Hitchens is one of those seminal intellectuals who will live on for generations. Hitchens’ brilliance showed both in his passion and compassion for good ideas and truth versus the tyrannical lies and self-deception of superstition, religion and faith. By Paleolibrarian.


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La Chronique d’Émile COUGUT


Climats, département des éditions Flammarion, viennent d’éditer Vivre en mourant de l’américain Christopher Hitchens. En France nous ne connaissons pas cet auteur qui est décédé en 2011 d’un cancer de l’œsophage. Christopher Hitchens, si on doit le comparer avec un auteur français, fut une sorte d’Antoine Blondin : écrivain, journaliste, polémiste de talent, athée, gros fumeur et gros buveur, excessif en tout.

Durant l’été 2010, alors qu’il est en tournée de promotion d’un livre, il est pris d’un malaise et apprend qu’il est atteint d’un cancer de l’œsophage : les poumons sont touchés, des métastases touchent tous ses organes, le pronostic vital à moyen terme est très réservé.

Il prend des notes, écrit des articles sur sa maladie pour Vanity Fair. Les voici réunis dans les 6 premiers chapitres de ce court récit, le dernier étant composé d’idées, de réflexions, de vraies aphorismes qui à eux seuls résument la lucidité, la profondeur de pensée, la soif de vie, la culture, l’ironie de Christopher Hitchens : « Je ne suis pas en train de lutter ou de me battre contre le cancer – c’est lui qui lutte contre moi », « Si je me convertis, ce sera parce qu’il vaut mieux que meure un croyant plutôt qu’un athée. »
L’auteur présente la maladie comme un passage définitif dans un monde inconnu, semblable, tout en étant totalement différent, de celui des « bien-portants »,un monde où les relations avec les tiers deviennent soudain très complexes : comment répondre à une personne vous demandant : « comment ça va ? », comment réagir aux témoignages parfois d’empathie, parfois maladroit (je sais ce que c’est, j’ai un oncle qui a eu un cancer du foie, il en est mort) ? Comment faire comprendre aux croyants que même face à la mort, il est et restera athée car telle est sa croyance ? L’auteur montre le paradoxe qui fait qu’il en veuille à ceux qui sont francs et directs, mais qu’il déteste et fuie ceux qui biaisent, usent de métaphores pour parler de la maladie ou qui le plaignent,
Et puis, il y a la mort, la mort qu’il veut combattre, vaincre, que des verbes, des métaphores militaires ou sportifs, symbolisant parfaitement notre société moderne faite de compétitions. Il veut être un gagnant pas un « looser ». Mais si la maladie doit triompher, Christopher Hitchens fait preuve d’une vraie démarche humaniste, engagée, il ne veut pas que sa mort soit inutile, il veut servir de cobaye afin que la médecine puisse essayer de nouveaux traitements qui permettront de sauver d’autres hommes.
Bien sur, Christopher Hitchens a des moments de révoltes, d’incompréhension face à ce qui lui arrive, mais il fait toujours preuve d’un détachement certain, d’un vrai stoïcisme, d’une acception de fait. C’est dans ces moments qu’il touche le plus le lecteur qui s’identifie totalement à lui : « Le déclin par la maladie, c’est ce que vit une personne en bonne santé, mais en accéléré. »

Ce qui rend ce témoignage d’autant plus touchant c’est que l’auteur manie brillamment l’ironie, sait être drôle, fait preuve d’une intelligence et d’une culture certaine. Son attaque contre Nietzche est brillante. Christopher Hitchens part de la célèbre maxime du philosophe : « tout ce qui ne me tue pas, me rend fort », pour constater que si les médicaments ne le tuent pas, ils ne le rendent pas plus fort car ils l’épuisent.

Vivre en mourant est le témoignage sur une mort programmée d’une grande pudeur d’un intellectuel éclairé.

Émile COUGUT


Vivre en mourant

Christopher Hitchens

Climats. Éditions Flammarion. 16€


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