En participant à la cinquième « folle journée d’architecture » de Nancy, le 12 octobre, la ministre de la Culture Aurélie Filipetti saluera une initiative qui a anticipé sa propre politique d’animation culturelle.

« Comme beaucoup de bonnes idées, la folle journée de l’architecture est née d’une contrainte », s’amuse Lorenzo Diez, directeur de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Nancy (Ensan) et créateur de l’événement. En 2009 à l’occasion des 50 ans du ministère de la Culture, l’autorité de tutelle invite l’établissement lorrain à ouvrir ses portes. Plutôt que de rééditer une opération Portes ouvertes qui existe déjà, le directeur se saisit de l’occasion pour inciter le public à « jouer à l’architecture », sous la conduite des étudiants.

« Passer du jeu à la transmission d’un savoir, c’est l’art du pédagogue », estime Lorenzo Diez. Cet art, selon lui, fait partie intégrante du métier d’architecte. Les « folles journées » se déclinent dans 30 ateliers répartis dans les 5000 m2 de l’école. Le programme va de la construction d’une maison en pain d’épices à réalisation de maquettes, en passant par des chorégraphies et des projections. Le contact avec la matière repose souvent sur la mobilisation des bonnes volontés : Veolia a fourni les tubes en carton.

Le jeu ne s’oppose pas au sérieux : dans le cursus des étudiants, l’événement s’inscrit dans les journées dites verticales, qui mobilisent les cinq promotions. L’école tient à maintenir sa « folle journée » dans le programme de la « fête de la science » : « L’architecture est d’abord une science qui consiste à faire en sorte qu’un projet tienne debout », insiste Lorenzo Diez.

Olécio partenaire de Wukali

Le thème de l’édition 2013 de la fête de la science ne peut qu’inspirer les élèves architectes : « De l’infiniment grand à l’infiniment petit ». Comme chaque année, l’école se sert de l’événement pour promouvoir des jeunes diplômés qui mettent en scène les ateliers : un rôle dévolu cette année au collectif Moebius

, composé de deux femmes diplômées en 2009.

Coup de pouce du Lycée du bâtiment

Après avoir approché le millier de participants jusqu’en 2011, pour atteindre 1500 personnes et 500 poussettes en 2012, la folle journée devrait prendre une ampleur nouvelle cette année, grâce à son étalement sur deux jours : le vendredi pour tous les publics, le samedi pour les écoliers du primaire. La participation de ces derniers contribue aux « Cordées de la réussite », qui favorisent le contact avec des métiers prestigieux, pour les enfants issus de quartiers défavorisés. Deux établissements d’enseignement secondaire ancrent l’événement dans la filière construction : des élèves du lycée du bâtiment Emmanuel-Héré de Laxou participent à l’atelier sur les structures tridimensionnelles, tandis que leurs homologues du lycée professionnel du toulois contribuent aux animations sur la mise en lumière et l’énergie solaire.

Sur la durée, la qualité du partenariat entre l’Ensan et les établissements scolaires amène l’un des plus grands motifs de satisfaction au créateur de la « folle journée » : « Autrefois, les enseignants nous sollicitaient en partant d’une idée déjà aboutie. Désormais, ils viennent à la Folle journée comme à un forum, pour y trouver des étudiants et des idées. Cette évolution consolide notre mission de sensibilisation scolaire », se réjouit Lorenzo Diez. Sans doute cette forme de co-construction entre l’école d’architecture et l’Education nationale a-t-elle joué un rôle dans la participation de la ministre de la Culture : Aurélie Filipetti a donné à l’animation culturelle le statut de chantier phare de sa politique.

Focus. Nancy Briey : l’axe du livre d’architecture

L’édition 2013 de la folle journée de l’école d’architecture de Nancy s’achèvera par deux remises de prix littéraire : l’académie d’architecture et le salon Impressions d’architecture de Briey honoreront leur lauréat le 12 octobre à 17 h.

Né dans les années 90 du sauvetage de la Cité Radieuse de Le Corbusier à Briey (nord de la Meurthe-et-Moselle), le salon rassemble les éditeurs spécialisés et ouvre le regard du public sur le patrimoine. Intitulée « Apprendre du vernaculaire », l’édition 2013 rend hommage au lauréat 2011 : « Learning from venacular », publié par Actes Sud, avait décroché le grand prix. Pierre Frey, auteur de l’ouvrage et professeur à l’école polytechnique de Lausanne, assume le commissariat du colloque qui se déroulera le 11 octobre à l’hôtel de ville, sous le titre « Une autre architecture pour un autre monde ». Cinq expositions accompagnent l’événement co-organisé par la ville de Briey et l’association d’amoureux du patrimoine moderne La première rue.

Source: Le Moniteur


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