Hitler’s horse sculptures recovered by German police


Grace à des informations provenant d’un enquêteur néerlandais spécialiste de la traque des oeuvres d’art pillées par les nazis, la police allemande vient de retrouver les statues des deux chevaux qui ornaient le haut des escaliers de la chancellerie d’Hitler à Berlin et qui avaient mystérieusement disparues. Elles font partie d’un vaste coup de filet opéré dans la ville thermale de Bad Duerkheim où elles ont été retrouvées dans des entrepôts et viennent d’être présentées à la presse avant d’être embarquées sur des camions sous une forte protection policière.,

Ces statues de bronze avaient été quelque peu endommagées en 1945, les nazis les avaient évacuées à l’est de Berlin avant que la capitale du Reich ne soit conquise par les Russes. Elles furent peu endommagés, seules quelques traces de balles, dissimulées sous un plaquage de feuilles d’or, et les queues arrachées et rafistolées. Récupérées par les soviétiques elles refirent surface dans les années 50 où elles ornaient un terrain de sport d’une caserne de l’Armée rouge à Eberswalde en Allemagne de l’est (DDR).

Ce sont près de 100 tonnes d’oeuvres qui ont ainsi été récupérées et qui étaient destinées à alimenter ce juteux marché noir qui alimente le trafic. Parmi elles une statue d’homme et des bas reliefs d’Arno Brekers l’un des deux sculpteurs favoris d’Hitler avec Josef Thorak (1889-1952), le créateur des chevaux. Les statues d’Arno Brekers ainsi que les siennes ornaient le stade olympique de Berlin de 1936.

Olécio partenaire de Wukali

Selon le journal Allemand Bild, les trafiquants arrêtés auraient demandé sur le marché noir 4.000.000€ pour ces deux chevaux.

Ce succès policier fruit de 10 raids successifs menés sur un an et effectués dans différentes régions d’Allemagne de la Bavière au Schleswig-Holstein, a permis l’arrestation de 8 suspects, trafiquants et marchands d’art, âgés de 64 à 79 ans dont les noms n’ont pas été révélés, tous inculpés de trafic d’objets volés et de fraude. Ils s’apprêtaient à verser ces statues sur le marché noir des oeuvres d’art.

Quand Arthur Brand, le limier hollandais spécialiste du pillage des objets d’art par les nazis, fut informé de l’existence de ces deux chevaux, dans un premier temps il fut crédule, croyant qu’elles avaient été détruites lors du bombardement de Berlin. Ce n’est qu’à la suite d’une méticuleuse enquête dans les archives soviétiques et en utilisant les moyens les plus sophistiqués d’enquête (archives d’observation satellite) qu’il se rendit à l’évidence, ces deux chevaux étaient bien ceux sculptés par Josef Thorak et étaient rentrés dans le réseau du marché noir depuis 1989 après la chute du mur de Berlin. Selon le propriétaire des statues dont le nom est resté anonyme, les oeuvres auraient été obtenues légalement d’une transaction entre les autorités russes et l’Armée rouge voilà 25 ans. L’avocat de l’inculpé a fait savoir que certaines des oeuvres d’Arno Brekers lui appartenant avaient mêmes été prêtées il y a 20 ans à un musée de Cologne et qu’il avait envisagé de prêter ces fameux chevaux de Thorak à un musée fédéral sans qu’à l’époque il fut pris au sérieux.

Thorak avait grassement vécu des plus que généreuses dotations financières du IIIème Reich. Albert Speer, architecte et ministre des Armements et de la production d’Hitler parlait de lui comme «mon sculpteur ». Après guerre il passa les mailles des enquêtes de dénazification.

Le néo-classicisme du style nazi en sculpture, si jamais l’on peut parler d’un style sui generis, exaltait le mythe obsessionnel de l’aryanité, de la virilité et de la nudité masculine, du muscle, de la force, de la nature (évolution de l’hygiéniste des années 20). Il n’est pas sans corrélation avec l’art stalinien. Art de cour, fut il l’expression d’une culture barbare et guerrière, il s’opposait à l’art moderne, à l’abstraction, à l’expressionisme, au surréalisme, chacune d’entre ces catégories considérées par les thuriféraires nazis comme art dégénéré (Entartete Kunst).

Pierre-Alain Lévy et Eva Neumann


WUKALI 22/05/2015

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Illustration de l’entête: (Fredrik von Erichsen/dpa via AP. Times Union)


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