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Avant d’être jouée au Théâtre des Bouffes-Parisiens à partir du 29 septembre, [**Acting*], la pièce de [**Xavier Durringer*] a été créée au théâtre du jeu de Paume à [**Aix-en-Provence*] du 16 au 24 septembre.

Les sept représentations affichaient complet dès l’ouverture des guichets.
Il faut dire que le public avait rendez-vous avec [**Kad Merad, Niels Arestrup*] et [**Patrick Bosso*] : un trio de choc.

Ces trois amis « à la ville » se sont retrouvés sur scène pour notre plus grand bonheur, car la pièce écrite et mise en scène par Xavier Durringer est tout simplement remarquable et les comédiens convaincants.

Olécio partenaire de Wukali

Il y a de nombreuses lectures à faire de cette tragédie- comédie. C’est davantage une comédie du reste, car on rit volontiers des facéties potaches de [**Kad Merad*]. On ne sait du reste pas toujours d’où vient l’humour et le drame. La pièce est ainsi faite, subtile et surprenante. Même dans la gravité, Kad le comédien, touchant, émouvant, est souvent rattrapé par l’humoriste. Les trois détenus vont se retrouver en prison, dans la même cellule. Le troisième codétenu, Horace, interprété par [**Bosso,*] est mystérieux et insomniaque… Il ne cause pas, et sa présence apporte une touche sombre au décor carcéral.

Qu’est ce que le théâtre ? La question est posée et à chacun sa réponse mais à chacun ses goûts aussi. Question de culture sans doute : culture très populaire pour [**Gepetto*] alias Kad Mérad, petit expert comptable, escroc, qui aime les peoples et « Plus belle la vie », culture raffinée pour le ténébreux [**Robert*] joué par Arestrup, qui s’intéresse à L’Art de l’Acteur. Théâtre classique, Shakespeare, Tchekhov, Stanislavski, Orson Welles s’invitent dans la cellule le temps d’une transmission. Kad ne les connaît pas, forcément, et cela prête à rire. Arestrup, va essayer de faire de son codétenu un grand acteur. La cellule se transforme en plateau de jeu. Le Maître, condamné à vie pour meurtre est condamné aussi à vivre ce challenge, à réaliser une performance, et son élève part de loin. « Il te manque tout », lui dit-il, sans ménagement. Tu n’as rien pour toi ! Et Gepetto de rétorquer : Alors apprends moi à être acteur ! Deux hommes que tout, a priori, sépare. Physiquement déjà. Gepetto, grand échalas, sourire jovial, enfantin et regard souvent perdu, et Robert, Niels Arestrup, silhouette trapue, visage sombre et regard d’acier. L’auteur cherche à faire rire, pleurer, réfléchir et les pistes sont parfois brouillées. Le paradoxe du comédien est exposé par un Durringer bien inspiré. Si Kad Merad est parfois en décalage avec Niels Arestrup dans la pièce, il sait se rapprocher de lui en renouant avec un théâtre qui prend aux tripes, théâtre poignant et lumineux que pratique Arestrup, magistral. C’est un des plus grands acteurs français, à n’en point douter ! Une bête de scène. Gepetto/Merad est à bonne école. Des exercices se multiplient qui enrichissent son quotidien de détenu : chercher au fond de soi la vérité d’un texte, travailler sa mémoire sensorielle, il devient capable de lire Hamlett, nu sous une cape rouge… et nous attraper à son tour, après nous avoir faire rire.

La pièce se joue entre les 4 murs de leur cellule puis, soudain, par de savants jeux de lumière, on rejoint les détenus à l’heure de la balade, dans une cour d’où l’on entend dans un léger brouhaha, des bruits de clés, des cris lointains et des télés en marche. On se retrouve encore dans un bois sinistre. On s’enfonce dans une toile de Caravage avec d’inquiétants clairs obscurs, ou encore dans un tableau de Georges de La Tour. Le visage grave de Robert, éclairé par les flammes vacillantes des bougies nous harponne et même croqué ainsi, en demi teintes, on ne voit plus que lui.

Dans Acting on passe de la comédie à l’émotion. C’est intelligent, passionnant, troublant.
A voir sans faute !

[**Pétra Wauters*]|right>


Acting de Xavier Durringer, avec Kad Mérad, Niels Arestrup et Patrick Bosso
Du 29/09/16 au 28/01/17 au Théâtre des Bouffes Parisiens, 4 rue Montigny 75002 Paris


WUKALI 24/09/2016
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