Under Milk Wood in Menton Festival on the forecourt of the basilica


Samedi 4 août 2018 [**Viktoria Mullova*], violon et [**Katia Labèque*], piano, ont remplacé [**Janine Jansen*], souffrante et [**Alexander Gavrylyuk*]. Un remplacement au pied levé, ce qui de toute évidence a posé quelque problème, mais on peut saluer les deux musiciennes pour avoir assuré la soirée. Dans ce cadre magique, le public était déjà conquis, même s’il faisait chaud, trop chaud… Au beau milieu des vieilles pierres, mises en scène par de savants jeux de lumières, la mer si proche, le doux brouhaha des enfants dans le lointain jouant sur la plage, des gens qui rient et qui profitent des vacances, on est plongé dans une ambiance magique.

Oui, la magie opère dès que l’on franchit l’escalier monumental qui nous mène au Parvis. De là, depuis ce balcon sur la mer accroché à la Basilique, tout près de la chapelle des Pénitents Blancs cet autre joyau de la vieille ville, on attend que la grande musique fasse son entrée sous la voute étoilée, comme elle le fait depuis presque 70 ans.

Olécio partenaire de Wukali

[** André Peyrègne*], directeur du Conservatoire de Nice, spécialiste de la musique classique et auteur de nombreux articles a, au nom du Festival, vivement remercié les deux interprètes.

La violoniste est longue, sérieuse et concentrée, très droite dans son maintien. La pianiste est petite, brune et bouclée, et de prime abord exubérante. Les musiciennes sont bien différentes, se connaissent pour avoir déjà joué ensemble, aussi, on aurait pensé qu’elles seraient davantage complices. Certes, elles échangent des sourires et semblent s’apprécier. Le programme éclectique, quoique pas évident pour les non initiés, avait de quoi séduire.

[**Prokofiev*] : Sonate en ré majeur pour violon seul opus 115
[**Schumann*] : Sonate N.1 pour violon et piano en la mineur opus 105
[**Takemitsu*] : Distance de fée pour violon et piano
[**Pärt*] : Fratres pour violon et piano
[**Ravel*] : Sonate pour violon et piano en sol majeur

Sonate rarement jouée, [**Serge Prokofiev*] a davantage écrit pour le piano, on a donc tendu l’oreille. On nous présente une oeuvre abordable, accessible, à l’écriture très claire, et néanmoins très inspirée. Le violon seul de Viktoria Mullova sert correctement Prokoviev, ne tombe pas dans l’emphase, ni dans l’artificiel. Elle enchaîne les difficultés techniques en restant droite comme un i, son visage trahissant peu l’émotion. La violoniste incarne le texte avec énergie, des traits dans le jeu souvent capricieux, un peu rêche.

[**Schumann*] et la Sonate n°1 pour violon et piano en la mineur opus 105, est une sonate étrange par sa forme très condensée, par sa tonalité rigoureuse, mais c’est sans doute l’une de celles qui reflètent le plus fidèlement l’âme de Schumann. Superbe reflet de sa vie intérieure mais cette interprétation nous laisse un peu sur notre faim. Elle devrait laisser une plus grande impression de mélancolie, déferler plus sombrement encore dans certains mouvements et l’on s’attendait à davantage d’éloquence.

[**Takemitsu*] : Distance de fée pour violon et piano, un véritable défi car cette musique n’est pas facile à comprendre. A la fois envoûtante et si particulière. On part vers un endroit lointain, puis soudain, on revient et tout cela semble s’organiser sans réelle structure, sans heurt, comme lorsque l’on passe d’un rêve à l’autre, le premier découlant du précédent. La pianiste devient celle qui permet l’éclosion de rêves. On apprécie davantage cette partie du concert, cette capacité à provoquer l’écoute. Le violon est bien mis en valeur et l’équilibre entre les deux instruments souligne la beauté de cette distance de fée de Takemitsu.

[**Pärt*] : Fratres pour violon et piano. On va crescendo dans la qualité des interprétations, ici, elle est des plus honnêtes et contient de bons éléments, de beaux effets qui nous permettent de nous « ouvrir » à une musique pas simple non plus. Cette pièce est superbe et évoque bien des émotions, souvent tendues, et parfois introspectives.

On termine le concert par l’éblouissante composition de [**Ravel*], la Sonate pour violon et piano en sol majeur, la dernière œuvre de musique de chambre du compositeur qui recèle des liens magiques avec le blues, des évocations du jazz américain découvert grâce à [**Gershwin*]. On aime particulièrement ce troisième mouvement vertigineux, l’archet de la violoniste qui s’élance dans les airs, tournoie, revient inlassablement sur l’instrument. On essaie de suivre ! Des motifs réplétifs, obsessionnels, nous font tourner la tête, on est groggy par le flux continu de notes. La pianiste ajoute sa touche avec insistance, puis calme le jeu ici, avec des ponctuations discrètes qui reviennent et s’affirment davantage… Oui, assurément cette composition nous fait comprendre cette phrase percutante de Maurice Ravel : «La seule histoire d’amour que j’ai jamais eue dans ma vie, a été avec la musique.»

[**Pétra Wauters*]|right>


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WUKALI Article mis en ligne le 07/08/2018)]

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