The Russian soul in its gorgeous beatitude and strength


Par Pétra Wauters, envoyée spéciale au festival / Le pianiste russe,[** Boris Berezovsky,*] a réuni ce dimanche 4 août à [**La Roque d’Anthéron*] des musiciens de divers horizons à travers des retranscriptions mémorables. Le programme était copieux et généreux. [**Alexandre Scriabine*] (1871/1915) était en quelque sorte l’invité d’honneur du festival. Le compositeur a jalonné de bout en bout le récital couronné par un bis magnifique : « rêverie, extrait des 3 pièces op. 49 ».

On peut ne pas aimer cet « hommage rendu » à ce compositeur russe, pas toujours apprécié à sa juste valeur, oserions-nous dire. Trop original ? Une puissance d’expression trop surprenante ? Parfois trop mystique ? Une musique qui bouscule les codes, l’harmonie ? Bref, on entend ici et là des commentaires comme quoi la deuxième partie sans Scriabine allait sûrement être davantage au goût du plus grand nombre! Evidemment, [**Sergueï Rachmaninov*] fera impression. Mais tout comme Scriabine, et chacun à leur manière, les deux musiciens (et bien d’autres bien sûr) ont « ouvert » le piano à la modernité. Les petites pièces très courtes de Scriabine n’aident probablement pas non plus à sa reconnaissance, certaines ne durant que quelques minutes.

Olécio partenaire de Wukali

Toujours est-il qu’avec[** Berezovsky*] au piano, c’est la garantie qu’il va se passer quelque chose de grand, de fort. C’est un fidèle parmi les fidèles, et on l’attend, on l’espère, on le guette dans ce festival qu’il enchante de ces doigts de magicien.

On s’étonne toujours, et on espère que le pianiste nous pardonnera d’évoquer encore son physique, mais il est des personnes qui jouent avec une telle délicatesse, qu’on pourrait les imaginer en fermant les yeux, svelte, les doigts longs et effilés… L’homme est puissant, comme son jeu peut l’être, grand et corpulent, doté de mains larges et carrées, que l’on aime regarder, même si on se surprend à fermer les yeux, pour mieux entendre certains passages, savourer des changements d’harmonie délicats. Bref, on aime s’abstraire en quelque sorte de tout ce qui nous entoure. Mais on veut le voir aussi. Car il donne, se donne, nous donne, sans avoir l’air d’y toucher. Son jeu est surprenant. On a une telle impression de facilité ! D’aucuns parleront de décontraction et même de « déconcentration » ce soir là, lorsque le pianiste démarre un morceau puis se ravise. « Il n’était pas au programme ! » Il s’est trompé, il l’avoue. On lui pardonne. Peut-on parler de désinvolture lorsque l’on joue sans partition des œuvres pour certaines d’une si grande difficulté ? On ne s’y trompe pas. Les pièges techniques sont là, et Boris Berezovsky, tout génial qu’il est, a dû y faire face, comme tous les pianistes. Et pour venir à bout des difficultés, comme celles qui affluent notamment dans les partitions de [**Schubert/Rachmaninov*] : Wohin, extrait de La Belle meunière D. 795 [**Chopin/Godowsky*] : Études n°1, 6 et 12 opus 10, ou encore de [**Rachmaninov,*] Daisies, extrait de Six Romances opus 38 » . Ce ne sont pas que les doigts qui décident, c’est le cerveau, la tête. La virtuosité passe par là. De toute évidence, si nous, nous voyons le virtuose, Boris Berezovsky lui, entend déjà la musique avec « virtuosité », la comprend, et avec l’inspiration du moment, il nous envoûte.

Bien sûr, le pianiste est dans le respect des compositeurs, de la partition, des textes, des styles, cependant, il a une réflexion bien à lui, un doigté bien à lui, russe si l’on peut dire, auquel il mêle une délicatesse de jeu toute « berezvoskienne » ! La Sonate n°4 en fa dièse majeur opus 30 est jouée à la perfection, là encore la dextérité du pianiste impressionne, autant que cette avalanche d’arpèges qui la compose. La Sonate n° 5 en fa dièse majeur opus 53, toujours de [**Scriabine*] qui est joliment mise à l’honneur ce soir là, est exécutée avec vélocité et fougue. On a envie d’applaudir… à tout rompre ! On attendra la fin du concert, c’est plus indiqué !

En deuxième partie, on est sous le charme de [**Bach/Rachmaninov*] : Prélude de la Partita pour violon n°3 en mi majeur BWV 1006
Quel bonheur encore [**Mendelssohn/Rachmaninov*] : Scherzo du Songe d’une nuit d’été, une superbe et pétillante retranscription de Rachmaninov, jouée divinement par Boris Berezovsky.

Impressionnant morceaux pour finir : [**Chopin/Godowsky*] : Études n°1, 6 et 12 opus 10, c’est le genre d’études qu’on écoute la bouche bée ! mais ces morceaux ne sont pas que de la technique pure. C’est musicalement très beau aussi même si on peut préférer les originales de [**Chopin*]. Ce n’est pas un hasard si Boris Berezovsky nous les a proposées pour conclure le récital. Les versions [**Godowsky*], musicalement et harmoniquement sont aussi très belles. Le niveau de difficulté est élevé, et voir notre pianiste jouer de sa seule main gauche, nous laisse pantois et rêveurs !

Générosité : on en parle souvent quand il s’agit de Boris Berezovsky. Générosité de jeu, mais aussi générosité tout court Ce soir-là, le pianiste consacrait le cachet du concert à la fille de ses voisins en Russie,[** Nastia,*] âgée de 7 ans. La petite fille est atteinte d’une tumeur au cerveau. A l’initiative de l’artiste, une cagnotte participative a été créée pour poursuivre un nouveau protocole de soins coûteux, mais encourageant. Plus d’informations : https://www.leetchi.com/c/un-espoir-pour-nastia

[**Pétra Wauters*]|right>

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[**Il reste encore des places pour ces concerts*]
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dimanche 11 août
[**Vadym Kholodenko*] piano
[**Orchestre National Symphonique du Tatarstan*]
[**Alexander Sladkovsky*] direction

Rachmaninov : Concerto pour piano et orchestre n°1 en fa dièse mineur opus 1
Brahms : Symphonie n°4 en mi mineur opus 98

lundi 12 août
[**Christian Zacharias*], piano
Haydn : Sonate n°32 en sol mineur Hob.XVI.44
Bach : Suite française n°5 en sol majeur BWV 816
Haydn : Sonate n°31 en la bémol majeur Hob.XVI.46
Bach : Partita n°3 en la mineur BWV 827
Haydn : Sonate n°62 en mi bémol majeur Hob.XVI.52

mercredi 14 août
[**Vikingur Ólafsson*] piano
Rameau : Suite en mi mineur, extraits
Debussy : Danse (Tarantelle stryrienne)
Debussy : La neige danse, extrait de Children’s Corner
Debussy : Ondine, extrait des Préludes
Rameau : Suite en ré majeur, extraits
Debussy : Pour le piano
Debussy : Bruyères, extrait des Préludes
Moussorgski : Tableaux d’une exposition

– [**samedi 17 août*]
[**François-Frédéric Guy*] piano
Beethoven : Sonate n°16 en sol majeur opus 31 n°1
Beethoven : Sonate n°26 en mi bémol majeur opus 81a Les Adieux
Beethoven : Sonate n°29 en si bémol majeur opus 106 Hammerklavier

Pour en savoir plus sur tout le programme du festival

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Contact : redaction@wukali.com

WUKALI Article mis en ligne le 06/08/2019

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