A French humorist
Grand habitué du Toursky, l’humoriste présentait ce mardi 10 décembre, son dernier spectacle de l’année 2019. « Ca va saigner ! » On confirme !
Il ne faut jamais dire, « fontaine je ne boirai pas de ton eau », car souvent, c’est se fermer des portes sans trop savoir ce qui se cache derrière. Et justement, derrière la porte, il y a [**Christophe Alevêque*], que nous ne connaissions pas bien. « Trop ceci, trop cela », à notre goût, extraits de sketches à l’appui, télés, radios, chroniques, un peu court pour se faire une idée. Effectivement, il est « trop », en fait des tonnes, toujours dans l’excès… Il nous provoque, nous prend à partie, et s’excite de nos « Oh ! », faussement ou carrément choqués, des « houhou » pour rigoler… un peu jaunes parfois. « Je vous avais prévenus, je n’ai aucune limite ! »
Il est trop, Christophe Alevêque, de toute évidence, sauf qu’après 1h45 de spectacle, on change d’avis : oui, au final on l’aime bien, comme le public de cette salle qui l’ovationne. Avouons-le, on a ri et redécouvert un sacré bonhomme qui, dans ce monde devenu fou, est juste un « pitre », c’est lui qui se définit ainsi, en réaction avec ce qui se passe dans la société.
Ceux qui le connaissent nous l’avaient assuré : l’humoriste est sympa. Sous sa carapace d’ours se cache un gentil poète. Certes, mais il est bien caché. En tout cas sur scène, impossible à débusquer. Il n’est pas là pour ça, Christophe Alévêque. Il est là pour taquiner, asticoter tous ses boucs émissaires et quand « à la fin de l’envoi, il touche » ca fait mal. Ca saigne ! Et il touche à tout et à tous, politiques, journalistes, médias, Il promène son regard caustique sur tout, offre sa vision décapante de l’actualité qu’il décortique avec soin et, il faut le reconnaître, professionnalisme. Les sources d’inspiration en ces temps compliqués ne manquent pas. « Je vous avoue que je n’y comprends plus rien au fonctionnement du monde ». Et pourtant, celui qui un jour a donné une leçon d’économie sur scène, conférencier devant son pupitre pour rire sérieusement de la dette, sait quand même de quoi il parle. Il ne survole pas et pose des vraies questions. Et il en faut de l’endurance pour remettre le couvert à chaque spectacle en collant au plus près à l’actualité en mouvement : les retraites, la dette, le Black friday, les héros militaires, le radicalisme, les religions, la pédophilie, la stigmatisation… et les hommes. Oui, ces hommes qui, en fait, ne nous font pas rire au quotidien. Il ne laisse rien présager de bon, Christophe Alévêque, le redresseur de torts. Car il y a bien un peu de ça. Un chargé de mission chargé de colère. C’est sûr que Christophe Alévêque gueule et nous gratifie de « voilà ! » à tout va. Comprenons dans ce tic de langage : « Voilà, ça, c’est fait, on passe à autre chose ! »
Oui, il passe à autre chose, sa revue de presse est dense et dans des aller-retour à son pupitre il doit vérifier où il en est, forcément pour rester dans les clous et rendre compte des « faits ». Il le clame haut et fort du reste : « tout ce que je vous dis, ce sont des faits ! ».
Ce tsunami d’infos qui arrive de toutes parts a le don de l’exaspérer. La façon dont est traitée l’information aussi, les journalistes qui s’énervent aussi, « obligés » qu’ils sont de parler de la naissance d’un panda, de la météo ou de la guerre, sur un même pied d’égalité. L’info nivelée. L’info qui remonte et jamais ne descend…. Ça le fait bien rire [**Christophe Alévêque*]. Et s’il n’invente rien, il improvise aussi par moments, pour ajouter un peu de légèreté et amorcer avec son public, une espèce de thérapie collective. Avec le rire, tout devient plus facile. Pas pour tous. S’en prendre à tout le monde provoque quelques inimitiés, ce qui ne semble pas le déranger, même s’il reconnaît franchir souvent la ligne rouge, et le dérapage est alors inévitable. « Bravo, diront certains, Il est honnête, il va jusqu’au bout de ses pensées, rien de tel pour crever l’abcès ! » « Horreur » diront d’autres, « il est vulgaire ! Il va trop loin et à quoi ça sert ? »
Christophe Alévêque en « Absurdie » – c’est ainsi qu’il nomme son pays, exprime sa réalité, son humeur, et dans ce magma d’incompréhensions, ce soir-là le public l’a suivi. Le jeu de massacre n’est certes pas toujours d’une grande finesse. Il le reconnaît, et s’en amuse.
Au milieu de ce désordre, Christophe Alévêque fait le tri et il faut reconnaître encore qu’il a une façon bien à lui de vulgariser les thèmes et de les rendre « accessibles ». Les paradoxes et les idées reçues sont lynchés sur place, explicitement. Et ça saigne encore.
Et la tendresse bordel ? pour reprendre le titre d’un film bien connu. Il y en aura à la fin, en rappel. L’humoriste ne fait plus « le pitre ». Il s’adresse à nous posément, nous fait rire, gentiment cette fois-ci. Le rideau tombe sur un moment de tendresse.
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WUKALI Article mis en ligne le12/12/2019
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