Le bowling du point du jour, est le dernier livre de Elizabeth McCracken . Elizabeth McCracken est née à Boston en 1967. Son cinquième roman, Un amour improbable (Calmann- Lévy, 1998), a été finaliste aux USA du National Book Award. Les critiques outre-Atlantique sont très louangeuses sur son dernier ouvrage, celui-ci parait en France ce 20 août chez NIL éditions. Sera-t-il l’un des grands succès de cette rentrée ?
J’ai toujours énormément de mal quand j’écris une recension critique de donner un avis négatif.
Qui suis je donc, pour dire que je n’ai pas aimé le travail d’une personne que je ne connais pas (car écrire est un vrai travail) ?Un auteur qui y a mis de lui (d’elle en l’espèce), qui a passé du temps (de son temps) à créer un univers, à suivre une histoire au fil des pages ? Je n’ai pas de réponse valable. Il est bien plus facile de dire que l’on a apprécié le temps consacré à la lecture d’un livre que d’expliquer, le livre fini, que ce temps consacré à la lecture eût été mieux employé à la lecture d’un autre livre.
Qui suis-je ? Rien, strictement rien ne me dit que ce que je n’ai pas apprécié ne le sera pas par une autre personne, un voisin, un inconnu, un membre de ma famille (à ce niveau je crois pas mal connaître leurs goûts au niveau littéraire).
Il est certain que je devrais me poser la même question quand je ne taris pas d’éloges sur un livre. Il est certain que rien ne me dit qu’une autre personne aura ressenti les mêmes impressions que moi. Et surtout, mais c’est dans ma nature profonde, je n’aime pas critiquer négativement, j’essaie toujours de moduler mes impulsions, de percevoir le positif sous la couche de négatif.
Et puis, même quand j’ai eu une lecture pénible, j’arrive souvent à trouver quelques fulgurances qui me plaisent, auxquelles je continuerai longtemps à penser, un passage, une phrase, une réflexion qui resteront toujours attachés au livre.
Je sais que le ras-de-marée de mélasse du Bowling du point du jour fait partie de ces moments de lecture qui m’ont marqués.
Pour commencer, au fin fond du Massachusetts, à Salford, en 1900 on trouve une femme, Bertha Truitt, évanouie dans le cimetière. Dans son sac se trouvent sept lingots d’or, une boule et une quille de bowling. Elle décide de s’installer, se marie avec le médecin noir qui l’a secourue, fait bâtir une maison octogonale et surtout crée un bowling où même les femmes peuvent venir jouer. Hélas Bertha décède, son mari alcoolique se laisse mourir, leur fille part dans la famille paternelle.
Puis arrive alors le fils de la propriétaire issu d’un premier mariage, pasteur traditionaliste qui s’avère être un grand amateur de bowling. Quand il disparaît, celui-ci revient à ses deux fils, jusqu’à ce que la vérité relative au légitime propriétaire apparaisse.
Avant tout, le personnage principal de ce roman est le bowling, dont nous voyons les transformations, l’évolution. Pour ceux qui ne connaissent pas ce jeu, vous en apprendrez beaucoup sur lui : de jeu de quilles en lieu clos, avec ses employés chargés de remettre les quilles en place, à la mécanisation qui progressivement fait disparaître l’homme.
Or tous les personnages apparaissent, issus de nul part, à part deux exceptions ( Joe Wear le premier directeur du bowling, Margaret, la nounou puis épouse). Comme nous ne connaissons pas leurs passés, leurs vécus, leurs attitudes, leurs envies, leurs façons d’être, paraissent artificielles, sans vraiment grande consistance, pour ne pas dire assez incompréhensibles. Ainsi la plupart des personnages apparaissent, disparaissent, parfois reviennent, comme Minna la fille de Bertha, mais sans que le lien entre ses apparitions ne soit guidé par autre chose que le développement de l’histoire, de l’histoire du roman et non de ce personnage.
D’autre part un grand nombre de problématiques sont abordées : le statut des noirs au début du XXè siècle, celui des femmes, de l’homosexualité, etc., mais elles ne sont qu’abordées, jamais approfondies.
C’est long, lourd, on a l’impression qu’il faut faire du volume, du poids et non un livre.
Soit, je n’ai pas beaucoup apprécié ce livre. Elizabeth McCracken, que je ne connaissais pas, est une autrice très appréciée outre-Atlantique. Peut-être que ce n’est pas son meilleur livre, peut-être que je n’ai pas les mêmes goûts littéraires.
Le bowling du point du jour
Elizabeth McCracken
éditions Nil. 22€