Des discussions sont en cours entre les autorités helléniques et indiennes pour stimuler le tourisme entre les deux pays et aussi pour faire de la Grèce un grand studio de cinéma européen à la manière de Bollywood. C’est ainsi que la présidente de l’union grecque du tourisme madame Angela Gerekou a rencontré il y a quelques jours à Athènes des responsables de l’ambassade de l’Inde. Cette réunion fait suite à la visite en juin dernier du ministre indien des affaires étrangères le Dr S. Jaishankar avec son homologue grec ainsi que le Premier Ministre Kyriakos Mitsotakis et le maire d’Athènes.
Les diplomates ont souvent recours à l’histoire et la mémoire d‘Alexandre le Grand a servi à de nombreux toasts. Le soleil, la Méditerranée, les paysages et autres avantages culturels, financiers et économiques, le positionnement en Europe ne sont pas pour peu dans cette équation. Les îles grecques et notamment celle de Santorin plaisent particulièrement aux cinéastes indiens.
Focus sur Bollywood
Bollywood, désigne tout d’abord les studios de cinéma indiens installés à Mumbay ( anciennement Bombay) et par extension le cinéma indien. C’est une contraction des noms de Bombay et de Hollywood. C’est là que sont réalisés ces films qui séduisent âmes et coeurs, bien au delà du Brahmapoutre. Des romances et des films d’action avec force musiques, danseurs et chorégraphies, dans un style si particulier que d’aucuns mauvais esprits européens pourraient qualifier de sirupeux. Il convient de préciser qu’ils sont idolâtrés, et leurs acteurs avec, par des centaines de millions de spectateurs de par le monde. Les histoires racontées enchantent et séduisent sous le lustre pailleté des lumières et des projecteurs. Le gominé des comédiens et les charmes intenses de ces somptueuses actrices indiennes aux regards de braise et vêtues de saris de soie aux couleurs chatoyantes, rendent fou de désir les publics qui s’agglutinent dans les salles de cinéma. Des histoires d’amours à faire pâlir d’envie toute notre littérature de gare. Les Dvd de ces films se vendent dans le monde entier.
Le poids économique
La valeur de Bollywood pour l’année fiscale 2020 a été estimée à 183 milliards de roupies indiennes soit environ 2 milliards 120 millions euros. On s’attendait du fait de la pandémie due au Covid à ce que ce chiffre diminuât de plus de la moitié. Or les estimations pour l’exercice 2022 ont montré une croissance de 196 %. L’Inde constitue le 1er marché mondial de l’industrie cinématographique.
Récemment, URI, un film d’action et de guerre sorti en 2019, un Super Blockbuster indien en langue hindi et tourné en Serbie, qui retrace des événements récents entre l’Inde et le Pakistan, a généré plus de 876 % du coût initial du film. Ce stupéfiant retour sur investissement n’a pas manqué d’intéressé les financiers. Les annonceurs en Inde sont bien conscients de la popularité de l’industrie cinématographique auprès du public et ont investi massivement dans la publicité basée sur le cinéma.
Au cours de l’exercice 2019, les revenus en Inde générés par la publicité dans les cinémas ont été évalués à plus de 11 milliards de roupies, soit environ 145 000 00 USD. Il faut savoir que l’industrie cinématographique indienne dispose de sources de revenus diversifiés et porte un intérêt croissant pour le numérique et les langues régionales
Athènes attire tout particulièrement les investisseurs étrangers
La production de films et de séries télévisées grecs (ainsi que d’autres secteurs connexes) demeure faible dans l’économie locale, son montant était estimé en 2018 à 433 millions d’euros. Athènes récemment avait été utilisée par une pour le tournage de « Téhéran« , une série d’espionnage télévisée israélienne et les décors iraniens avaient été reconstitués en studio.
En revanche, rien qu’en 2021, dix très gros films ou séries au budget de 8 à 20 millions d’euros ont été tournés à travers le pays : de « Rise » (anciennement « Greek Freak« ) sur la vie de Giannis Antetokounbo, un joueur professionnel de baseball qui a été tourné dans le quartier de Sepolia à Athènes, à la suite de « À Couteaux tirés » avec Daniel Craig à Porto Heli et Spetses, ou « Crimes of the Future » de David Cronenberg avec Viggo Mortensen et Léa Seydoux, en Attique et Phthiotide.
Cependant ce n’est pas la première fois que des projets financés par de grands studios américains (Disney, Paramount) ou diffusés sur des plateformes de streaming populaires (Netflix, Apple TV, Amazon) sont tournés en Grèce. Or, selon tant les autorités que les professionnels du milieu, ce volume était sans précédent cette année là. Aujourd’hui les producteurs étrangers se bousculent à Athènes, et les tournages s’y multiplient ainsi que dans toutes les régions du pays. Précisons que des incitations à investir et des montages financiers complets et attractifs ont été mis en place par le gouvernement grec pour attirer les productions. C’est ainsi que les tournages qui se sont multipliés ont été source de créations de plusieurs dizaines de milliers d’emplois.
Pierre-Alain Lévy avec la collaboration de Spiridon Rallis, correspondant de WUKALI à Athènes