Accueil Livres, Arts, ScènesHistoire Les Guerres d’Italie, un conflit européen, une somme d’études conséquentes

Les Guerres d’Italie, un conflit européen, une somme d’études conséquentes

par Félix Delmas
Didier Le Fur

On ne présente plus Didier le Fur, spécialiste français de la Renaissance (La France en 1500, Une autre histoire de la Renaissance, Henri II, etc). Il consacre avec d’autres éminents historiens un nouvel ouvrage sur les Guerres d’Italie qui fera autorité, un livre puissant. La Renaissance, certes si nous savons que ce terme est une construction intellectuelle du XIXè siècle quand Michelet et d’autres ont « saucissonné » le temps historique, il n’en demeure pas moins que la période charnière autour de 1500, a transformé notre monde occidental. Bien sûr tous les acteurs de cette époque n’ont pas eu conscience de cette évolution, mais que de changements à tous les niveaux : militaires, théologiques, artistiques, intellectuels, etc.

Ainsi les guerres d’Italie commencent en 1494 avec Charles VIII et finissent en 1559 par la paix de Cateau-Cambrésis avec la renonciation d’Henri II à la visée impériale de ses prédécesseurs dans la péninsule. Si au début de ces guerres, la France devient la première puissance européenne, elles finissent par la domination hispano-impériale avec Charles Quint.

Ne vous attendez pas, à la lecture de cette somme savante,  à un déroulement linéaire de l’Histoire. Bien sûr, la chronologie est déclinée, mais il y a bien plus, et donc, la lecture n’en est que plus riche. Nous somme dans une sorte d’histoire « mondiale », enfin méditerranéenne… En effet, au-delà de l’excellente introduction de Didier le Fur, cet ouvrage est une suite de 14 remarquables contributions, chacune portant sur un des protagonistes. Le royaume de France, bien sûr, car tout commence, matériellement avec Charles VIII et sa volonté de se voir couronné roi de Naples, mais aussi le duché de Milan, la papauté, Florence, Naples, Sienne, l’empire ottoman, Venise, la Lombardie, Mantoue, le Saint Empire germanique, d’autres encore, pour finir par Charles Quint, l’Italie et l’Europe. Une étude à chaque fois de chacune de ces entités, de leurs intérêts, leurs évolutions politiques dans le temps, ainsi que leurs perceptions dans le conflit en général et leurs positionnements sur la carte de la péninsule italienne.

Renaissance Guerres d'Italie

Il est certains que, passée la « sidération » que représenta pour beaucoup la chevauchée de Charles VIII jusqu’à Naples, chacun des protagonistes essaya de défendre ses intérêts. Mais, ceux -ci pouvaient évoluer dans le temps, d’où des alliances « mouvantes », l’ennemi d’hier devenant l’allié du jour. Soit, les Français sont à chasser de la botte, mais parfois, ils sont appelés quand un danger se présente. A ce « jeu » d’une très grande complexité, certains vont tout perdre comme Sienne qui perd son indépendance, d’autres vont se retrouver renforcés comme Florence ou Gênes ou tout au moins réussir à perdurer comme Mantoue ou Ferrare. Toutes ces entités ont évolué, empruntant parfois une direction totalement différente de celle empruntée dans le passé. Les cantons suisses, par exemple ( à cet égard, l’historiographie officielle fait remonter leur neutralité à la bataille de Marignan (en oubliant que le Valais à été arraché au duché de Savoie, après…).

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Chacune de ces entités, vont tenter, seules ou avec des alliés d’accroître leur territoire, détruire leurs adversaires, imposer davantage leur autorité et, bien sûr, préserver leurs acquis et leur indépendance.

Au-delà de tout, il est certain que ces guerres trouvent leurs racines dans les réseaux féodaux, ne pas connaître la complexité des liens, des droits qui présidaient alors aux relations entre toutes ces groupes humains, territoriaux et politiques Tous les dirigeants sont très attentifs à « leurs droits » et entendent de les faire respecter, quitte à provoquer des bains de sang. Car des massacres, aussi bien sur les champs de bataille que parmi la population civile, se multiplient. Pour « impressionner » l’adversaire, on hésite pas si une ville ne se rend pas (et paie, car la guerre coûte très cher) on passe au fil de l’épée, non seulement la garnison mais toute la population, sans différence de sexe ou d’age. Quoiqu’il en soit, à la sortie de cette période, les liens féodaux s’estompent, les relations internationales finissent par se reposer sur une diplomatie plus « moderne ».

Une période d’une soixantaine d’années qui va transformer l’Europe et, par voie de conséquence, la terre entière. Une lecture d’une grande richesse.

Les Guerres d’Italie
Un conflit européen

Didier Le Fur, Jean-Louis Fournel, Roberto Biolzi, Juan Carlos d’Amico, Guillaume Alonge, Séverin Duc
éditions Passés Composés en association avec le Ministère des Armées. 25€

Illustration de l’entête: Scène de bataille dite Charles VIII recevant la couronne de Naples (1585-1590). Francesco Bassano (1549-1592). Huile sur toile, 236cm/ 364cm. Musée de Beaux-Arts de Lyon. (photo Alain Basset)

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