Le ciel de faïence, de la faïence blanche, celle du plafond des stations du métro à Paris en général et de celles de la ligne 6 en particulier C’est là que travaille Jacques qui a toujours voulu conduire des métros.
Le métro, ses travailleurs, ses mythes et ses légendes et surtout tout un monde qui gravite autour, des personnes avec leurs histoires que les voyageurs qui ne sont que de passage ne prennent pas le temps de voir, de comprendre, d’envisager.
Pas Jacques qui connaît bien ses habitués avec qui il a su tisser des liens emplis d’humanité. D’où une série de portraits tous aussi attachants les uns que les autres : Yvette, la violoniste, la bande d’Hervé : trois clochards passant leur temps à philosopher à la station Raspail, René-Charles le Breton alcoolisé, soupe au lait qui ne chante que du Céline Dion, les deux prédicateurs Melchior et Soren qui sont loin d’avoir la même idée du chemin du salut mais qui resteront inséparables, Amandine, la jeune punk en rupture familiale empêtrée dans son addiction aux drogues, son collègue chauffeur, Henri, un vrai poète qui voit des couleurs dans les mots et les fantômes qui hantent le métro.
Mais dans la vie de Jacques, il n’y a pas que le métro, il y a surtout Madeleine, son amour absolu. Cette jeune femme, en révolte constante, qui a fui son milieu social particulièrement aisé, est une originale (et pas que dans sa façon de s’habiller), impulsive et totalement hypocondriaque dont le livre de chevet est une encyclopédie médicale. Mais elle est comme son amant, elle s’intéresse aux autres et toujours prête à leur tendre la main, à les aider.
Pour autant, nous somme loin d’Amélie Poulain. Soit, notre couple vit dans un univers de compréhension et de respect mutuel, dans une sorte de bonheur, le leur. Mais la vie est dure et pleine d’embûches. Jacques fait une dépression quand il doit quitter sa chère ligne 6 pour la 12, il se sent obligé d’être violent, la mort, les départs sont présents et tout change autour de lui alors qu’il aurait tant voulu que cette période de sa vie perdure.
La vie est comme une rame de métro, elle doit avancer d’un point à un autre, elle s’arrête à des stations, certains y entrent, d’autres en sortent, sans que le conducteur ne puisse faire quoi que ce soit : refuser des passagers ou les garder.
Au delà de l’humanisme qui se dégage au fil des mots, Céline Laurens avec une écriture poétique, nous fait partager un amour certain pour Paris, sa lumière qui met en valeur le plus modeste des monuments quand la rame sort de l’obscurité des tunnels.
Et puis, il y a une sorte de nostalgie, de « vague-à-l’âme », cette petite musique qui rythme la vie et qui permet à tout un chacun de se souvenir des jours heureux et des rencontres qui ont permis de grandir en humanité.
Un roman qui sort, et de loin, du lot des parutions de cette nouvelle année.
Sous un ciel de faïence
Céline Laurens
éditions Albin-Michel. 20€90
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