Accueil Livres, Arts, ScènesHistoire Les trafiquants d’éternité. L’Ascension d’Alexandre Farnèse, le pape Paul III, par Amélie de Bourbon Parme

Les trafiquants d’éternité. L’Ascension d’Alexandre Farnèse, le pape Paul III, par Amélie de Bourbon Parme

par Émile Cougut

La saga qu’écrit Amélie de Bourbon Parme se lit avec facilité et s’appuie sur une solide bibliographie qu’elle nous livre en annexe. Certes ce n’est pas une biographie d’Alexandre Farnèse stricto sensu, mais un roman portant sur la vie de celui qui sera le pape et ce dans un contexte historique parfaitement décrit. 

Avant d’être le pape Paul III, Alexandre Farnèse eut d’abord une vie, dont celle de cardinal. C’est cette vie qu’ Amélie de Bourbon Parme nous retrace dans une vraie saga : Les trafiquants d’éternité. Le premier tome, L’ambition, nous comptait la jeunesse et les premiers pas d’Alexandre Farnèse dans la vie ecclésiastique, premiers pas rapides (cardinal à vingt-cinq ans), grâce, en outre à sa sœur Giulia, une des maîtresse d’Alexandre VI et son profond amour pour Silvia Ruffini avec qui il vit maritalement au vu de tous, même s’ils sont discrets d’où son surnom de cardinal en jupon. Ils auront quatre enfants ensemble. 

Nous l’avions laissé à la mort de son protecteur et à l’élection de Jules II. Grâce à son vrai sens politique, il n’est pas ostracisé par le nouveau pontife et même rentre dans son cercle des intimes. Commence pour lui le cumul des charges religieuses, plus rémunératrices les unes que les autres qui vont faire de lui le membre de la Curie le plus riche, ce qui lui permet de réaliser son rêve : l’érection à Rome d’un palais digne de ses fonctions. Il est aussi un père aimant, proche de ses enfants, durement touché par la mort d’un de ses fils et très attentif à élever sa famille et à s’enraciner dans la haute aristocratie romaine. D’où des mariages très calculés et la volonté de faire reconnaitre comme « terres nobles », les possessions dont il a hérité et qu’il acquiert.

A la mort de Jules II, c’est son ami d’enfance qui monte sur le trône et qui, malgré des divergences de vue continue à le couvrir d’honneur. A la mort de ce dernier, d’aucuns pensent qu’il va être élu, mais les tensions lors du conclave aboutissent à l’élection du percepteur du jeune roi d’Espagne, Charles. Mais Adrien VI décède moins de deux ans après et c’est Jules de Médicis qui est élu sous le nom de Clément VII. Il doit son élection à Charles Quint et pour essayer de rompre ce lien, il développe une politique très ambigüe en se rapprochant du camp français. On connait le résultat : le sac de Rome par les troupes du connétable de Bourbon, le pape et une partie de la Curie enfermés dans le château Saint Ange et la fuite de Clément VII déguisé en pêcheur grâce à Alexandre. Le pape se méfiait, jusqu’au pillage de Rome de ce cardinal qui aurait du être pape. Les épreuves vont les rapprocher, même si Alexandre est toujours très critique envers le caractère très indécis du souverain pontife étant, en outre, un fervent partisan de la réforme de l’Eglise et souhaitant la tenue d’un nouveau conclave pour lutter efficacement contre les dangers de la montée du protestantisme, ce qui est loin d’être une préoccupation du pape qui comme son cousin (Jules X) est littéralement obsédé par la pérennité du pouvoir des Médicis à Florence.

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Au quotidien, grâce à son immense fortune, il mène un train de vie somptueux, se fait protecteur de nombreux artistes, entretient une cour importante, mais sait aussi se faire aimer du peuple par d’importantes libéralités.

Son ascension l’a obligé à devenir prêtre et de quitter, de fait, Silvia qui est obligé de partir vivre hors du palais ( dans un palais voisin). Mais sa non-élection a causé la rupture avec son ambitieux ainé, Pier Luigi qui a participé au sac des Rome avec les troupes impériales et il continue ses massacres ce qui lui vaut son excommunication. Alexandre Farnèse fera tout son possible pour faire tomber cette excommunication, d’autant qu’avec la mort de son cadet, c’est dans la progéniture de Pier Luigi qu’il espère pouvoir élargir l’héritage de sa famille et de ses immenses biens. Tout finit par s’arranger quand Charles Quint le chasse de ses armées pour « insubordination ».

Devenu le second personnage du Vatican, il contrefait (comme le fit Jacques Duez pour se faire élire sous le nom de Jean XII), la vieillesse, il a plus de soixante ans ans ce qui est plus que vénérable à cette époque. Et puis, cela laisse à présager, s’il est élu, un pontificat court, donc qu’il ne pourra pas mener à bien des réformes et laissera rapidement la place pour un autre. Il sera Pape plus de quinze ans !

Nous quittons Alexandre Farnèse à la mort de Clément VII et à son élection lors d’un des conclaves les plus courts de l’histoire comme pape sous le nom de Paul III. Son règne (plus de quinze ans) doit faire l’objet du troisième tome de cette saga.

On croise au fil des pages les personnages qui ont marqué l’histoire : Raphaël, Bramante, Michel Ange bien sûr, mais aussi Martin Luther,  Charles Quint ou encore, moins connu, Jean des Bandes Noires, ce bâtard de la famille des Médicis qui fut un des plus grands condottières de son époque.

Bon, il faut tout de même faire une minuscule correction et elle porte non point sur une erreur historique mais plutôt sur un problème de relecture : page 116, l’autrice présente Jean de Médicis (le futur pape Léon X) comme le petit-fils de Cosmes de Médicis. Plus tard dans le corps du roman, la vérité revient : il est l’arrière-petit-fils de Cosmes, et puis, je doute très fort qu’après le sac de Rome, les survivants se soient battus pour un ballot de pommes de terre. En Italie, il faut attendre plus d’un, voire deux siècles, pour que ce tubercule soit cultivé.

Les trafiquants d’éternité d’Amélie de Bourbon Parme, un roman historique qui nous plonge dans la Florence des Médicis et des intrigues de cour, une très bonne idée de cadeau à envisager.

Les trafiquants d’éternité : l’ascension
Amélie de Bourbon Parme

éditions Gallimard. 23€

Illustration de l’entête: Portrait du Pape Paul III avec ses petits-fils Alessandro et Ottavio (1546). Titien (1488-1576). Huile sur toile, 220cm/176cm. Musée national de Capodimonte

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