Les personnages historiques ont servi à bien des auteurs pour devenir les héros de leurs œuvres, à cet égard le roman policier n’échappe pas à ce subterfuge. Que l’on songe à Giorgiano Bruno avec S.J. Parris ou Léonard de Vinci dans Les 7 crimes de Rome de Guillaume Prévot, sans certes compter Magritte dont quelques enquêtes écrites par Nadine Monfils ont fait l’objet de recensions critiques1 dans les pour le moins excellentes colonnes de WUKALI. Nous ne saurions que trop les célébrer !
Cette dernière vient de changer de personnage et d’époque passant ainsi d’un peintre à un poète, soit du XXè au XIXè siècle. Comme avec son héros belge, l’autrice en profite pour relater la vie de son personnage principal Charles Baudelaire.

Dans cette histoire nous nous retrouvons au temps de la bohème du dandy Baudelaire : il vit seul ayant quitté le domicile maternel à cause de sa relation plus que conflictuelle avec son beau-père le général Aupick. Il est fou amoureux de Jeanne Duval qui passe son temps à le tromper. Il est toujours en manque d’argent, boit beaucoup quand il ne tombe pas sous les charmes du hachich, sûr de son génie, il se sent incompris par tous.
Un soir, saoul, il rentre chez lui et trébuche sur un corps. La tête de ce cadavre (mais est-ce bien la même tête ?) est livrée dans un carton à chapeau chez Jeanne. Et Charles reçoit une mystérieuse lettre louant son génie et le mettant au défi de résoudre ce crime de la femme sans tête. Aïe, Aïe, Aïe ! Sa quête va le mettre au contact d’un monde interlope comme le Ratier aux belles moustaches qui vit dans les égouts, César le clochard qui refuse de parler de son passé, le Père Gabriel, qui n’est pas prêtre mais un ancien truand surnommé Gaby le boucher, qui parle le patois bruxellois à une poupée déguisée en Sainte Vierge. Il va même demander de l’aide aux esprits par l’intermédiaire d’Allan Karadec ! Il devra aussi résister aux avances de sa concierge quelque peu nymphomane et se méfier de redoutables soupes aux choux. Il y a aussi l’inspecteur Delâbre, courageux mais loin d’être un fin limier; et son acolyte qu’il déteste mais dont il ne peut se passer car il le flatte, l’inspecteur Marco, qui monnaie à la pègre et à la presse des informations confidentielles.
Bien malgré lui, allant d’horreur en horreur, Baudelaire va petit à petit progresser dans son enquête. Pour autant, a-t-il vraiment résolu cette énigme ou n’a-t-il fait que frôler la vérité ? Et qui est donc son mystérieux correspondant, le Diable existe-t-il ?
Ce qui est certain, c’est que cette enquête replonge le lecteur dans l’œuvre en vers comme en prose de Charles Baudelaire ce qui est toujours un plaisir pour l’esprit.
Et par ailleurs, vu le nombre de questions non résolues qui restent, de personnages secondaires peu ragoûtants qui ne sont qu’en périphérie de l’enquête, il est certain que Nadine Monfils est en train de finaliser de nouvelles aventures de Charles Baudelaire.
Les fleurs du crime de Monsieur Baudelaire : la femme sans tête
Nadine Monfils
éditions Verso. 17€90
1/ Les folles enquêtes de Magritte et Georgette à Knokke-le-Zout
2/ Nom d’une pipe
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