La première dénonciation officielle de l’assassinat massif des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale (édition originale, Londres, décembre 1942)

Grâce au soutien de quelques donateurs, le Mémorial de la Shoah a pu acquérir récemment un document d’archives original et inédit. Ce document d’archives est important puisqu’il s’agit de la première dénonciation officielle et imprimée de l’assassinat massif perpétré en en Pologne par les nazis. Imprimé pour le gouvernement polonais en exil, ce rapport précis et accablant en 21 points est signé par le ministre des Affaires étrangères polonais, Edward Raczynski. Il s’appuie sur le témoignage oculaire d’un résistant polonais, Jan Karski, qui parvint à entrer dans le ghetto de Varsovie, puis à s’introduire dans le ghetto d’Izbica en se faisant passer pour un gardien ukrainien.

Arrêté et torturé à plusieurs reprises, il arriva à regagner Londres, porteur d’informations de première main sur la mise en œuvre de la Solution finale.

Le rapport Jan Karski

Olécio partenaire de Wukali

De son vrai nom Jan Kozielewski, Jan Karski est une figure emblématique de la Résistance polonaise pendant la Seconde Guerre mondiale.

Bien que la topographie de la Pologne ne se prête ni aux maquis ni aux techniques de guérilla, un mouvement de résistance se développe assez spontanément dès le début de l’occupation allemande.

Jan Karski rejoint la résistance dès 1939 et devient l’agent de liaison entre la Résistance polonaise et le gouvernement polonais en exil. À ce titre, il collecte toute une série d’informations et de preuves sur les camps de concentration et d’extermination ; durant ses différentes missions, il entre clandestinement dans le ghetto de Varsovie et dans le ghetto transit du camp de Belzec, Izbica. L’Armée clandestine polonaise de l’intérieur, (en polonais Armia Krajowa ou AK), liée au gouvernement en exil basé à Paris puis Londres, est formée en 1942. À l’automne, il est donc chargé par la Résistance de fournir au Gouvernement polonais en exil et à son Premier ministre, le général Władysław Sikorski ainsi qu’aux représentants des partis politiques polonais en exil, un compte-rendu de la situation en Pologne.

Le rapport fut transmis aux gouvernements anglais et américain : les atrocités du génocide alors en cours en Pologne y sont clairement et froidement exposées. La description des conditions de survie dans le ghetto de Varsovie est terrifiante.
Le rapport estime que, depuis le début de la guerre, plus d’un million de Juifs polonais ont péri. Il est suivi de différentes pièces, dont la reproduction de l’ordre de déportation des Juifs polonais par les nazis daté du 22 juillet 1942, la déclaration conjointe des Alliés, la résolution du gouvernement polonais condamnant les atrocités commises par les nazis envers les Juifs (17 décembre 1942) et le texte de la déclaration radiodiffusée d’E. Raczynski, ministre des Affaires étrangères polonais.

Cet exemplaire exceptionnel a été adressé par le gouvernement polonais en exil au Congrès américain ; il a été versé à la Library of Congress le 8 juillet 1943.

Ce document original a rejoint le fonds d’archives particulièrement riche du Mémorial de la Shoah /CDJC dont le travail a commencé en 1943 dans la clandestinité.

Depuis une quinzaine d’années le Mémorial a collecté plusieurs millions de documents d’archives, multipliant les acquisitions dans le monde entier, grâce à de nombreux donateurs connus et anonymes.


Mémorial de la Shoah

7, rue Geoffroy-l’Asnier. 75004 Paris ( Métro, stations: Pont-Marie ou Saint Paul)


ÉCOUTER VOIR

Documentaire de la BBC (en anglais): Le ghetto de Varsovie


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