All books have an end. A good apprenticeship of French literature but be cautious and don’t lose the meaning, neither be puzzled and bewildered because of these endless sentences !


La chronique littéraire d’ÉMILE COUGUT


Pierre Pelot maitrise le français et ses règles grammaticales, et il le montre, le démontre, le remontre, le redémontre. On aime ou on n’aime pas, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que Pierre Pelot a un style bien à lui, de part la longueur de ses phrases, plus proche de celui de Proust que de Céline. Un simple paragraphe peut s’étaler sur trois pages et ne faire qu’une phrase, parfois deux, rarement trois.

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Bien sur, l’inconvénient de ce genre de phrase, c’est que le lecteur ne sait plus exactement qu’elle est l’idée première quand il est au point final. Sans compter que parfois, une parenthèse est ouverte et pas fermée…

Il est un jeu dans l’émission Les papous dans la tête, tous les dimanches de 12h45 à 14h sur France Culture qui consiste, dans une phrase courte de changer des mots par des périphrases les définissant et cela au moins trois fois. D’une phrase courte on passe à un texte très très dense et le dernier joueur doit essayer de retrouver la phrase d’origine ou tout au moins l’idée qui y est développée. Le résultat est drôle et brillant. En lisant Elle qui ne sait pas dire je de Pierre Pelot que les éditions Héloïse d’Ormesson viennent de publier, j’ai pensé tout de suite à ce jeu d’esprit. Bien sûr on comprend ce que l’auteur veut dire, mais après un vrai effort intellectuel pour suivre sa pensée. Un peu de concision ne fait jamais de mal.

Il faut dire que Pierre Pelot se veut être précis, très précis. Un personnage s’assoit et nous avons une longue description de la pièce mais aussi de l’état d’esprit, de l’état d’âme, de l’attitude de son personnage. Et comme il se veut précis, il fait de la dentelle, de la très fine dentelle à partir de comparaisons pour que le lecteur puisse bien comprendre exactement ce qu’il veut dire. Rares sont les phrases de plus de deux lignes où il n’y a pas « comme », « semblable à » « ou exactement », « ou plutôt », etc.
Il y aurait la moitié de comparaisons en moins et ce roman diminuerait d’au moins un tiers et le lecteur aurait l’imagination plus vagabonde.

Le résultat est une atmosphère lourde, pessimiste. Les principaux personnages sont tous des sortes d’autistes, enfermés dans leurs histoires, dans leurs douleurs, qui n’arrivent pas à communiquer, qui sont tous égotistes mais qui souhaitent, chacun à leur façon, de sortir de leur prison. Pierre Pelot ne montre aucune empathie pour ses personnages, il les décrit comme ils sont, sans complaisance, froidement mais lucidement.

Dans un univers rural de la Haute Saône à la Meurthe et Moselle en passant par les Vosges, le lecteur voyage dans un monde rural passé plein de croyances venues d’autres temps, ce monde rural que l’on a cru immobile, intemporel et dont ses acteurs n’arrivent pas à s’en affranchir.

Elle qui ne sait pas dire je est un beau roman, étouffant, pessimiste, à condition de pouvoir surmonter tous les chausses trappes que le style de Pierre Pelot parsème dans ce livre.

Emile Cougut


Elle qui ne sait pas dire je

Pierre PELOT

éditions Héloïse d’Ormesson. 19€

Sortie en librairie le 9 janvier


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