First novel with sensible and poetic visions


La chronique d’Axel COUGUT.


Ce jour j’ai lu le court roman de Katy Axer, le premier livre de cette jeune femme native de Metz. L’action ne se passe pas dans la capitale lorraine mais dans une ile et plus exactement dans une mégapole alors balayée par un typhon. La Femme de la pluie aurait pu avoir pour sous titre : « 24heures dans la vie d’un homme ». Car le héros est « un homme », un homme qui réside dans ce pays et qui a rendez-vous avec Lou, une de ses anciennes maîtresses alors qu’ils vivaient en un autre pays. La fin de leur relation date de trois ans, trois ans durant lesquels ils n’eurent aucun contact. Une relation qui, elle, dura six ans. Une relation totalement déséquilibrée, car si Lou aimait passionnément l’homme, la réciproque n’était pas vraie. Lui est l’exemple typique du prédateur qui jouit des sanglots de sa proie. Une sorte de Don Juan qui passe de femme en femme mais qui en garde toujours une sous le coude pour jouir de la peine qu’il lui fait. C’est un égoïste qui ne peut s’imaginer que les autres puissent avoir une autre vie qu’avec lui. C’est un dominateur, sûr de son emprise sur elle, qui la torture par ses silences, ses coucheries. C’est un dominateur, un manipulateur. Rien n’est plus destructeur pour la victime que de tomber sous l’emprise d’un manipulateur de l’amour. Une de ses exigences, de ses tortures morales qu’il lui infligeait était qu’elle ne lui dise jamais qu’elle l’aime. De fait il a peur que s’instaure entre eux une relation durable lui qui est incapable de tout engagement. Au bout de six ans, Lou arrive à s’arracher de sa dépendance. Elle part une nuit, sous la pluie et il ne fait strictement rien pour la retenir. Trois ans après ils se retrouvent, à la demande de Lou, sous la pluie. Et même s’ils font l’amour, même sous la pluie, même si l’homme sent que son emprise sur elle est toujours présente, elle part et il se retrouve seul. De fait, un peu comme Eugène Onéguine, il s’aperçoit qu’il aime Lou, il prend conscience de tout le mal qu’il lui a fait, quand c’est trop tard.

Olécio partenaire de Wukali

Il n’y a aucun dialogue dans ce livre. L’auteur procède comme une spectatrice, comme une personne analysant chaque personnage, chaque trait de pinceau d’un tableau. Un spectateur qui analyse, décortique tout les méandres du cerveau de « l’homme ». Il n’y a aucune critique, aucun jugement de valeur. On pourrait trouver que cette façon de raconter emprunte d’une certaine froideur due à la distance entre l’auteur et ses personnages. Mais cette façon d’écrire permet aux lecteurs une grande liberté de lecture, d’analyse, de compréhension des deux personnages. Cela leur permet de se retrouver plus ou moins à travers certains traits de leurs personnalités, soit qu’ils ont vécu, soit qu’ils ont subit, une partie des mêmes situations.

La pluie, les larmes (la pluie du corps de Lou) sont omniprésentes dans ce livre. L’eau n’est elle pas un élément purificateur, n’est-elle pas là pour laver Lou des blessures de « l’homme » ? N’est elle pas là pour le noyer dans sa solitude égoïste ?

Un premier roman quelque peu nostalgique mais qui montre au fil de l’écriture de Katy Axer une bonne connaissance de la nature humaine.

Emile Cougut


La Femme de pluie

Katy Axer

éditions Chemins de Tr@verse. 13€


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