Very elegant animation


LE FILM D’ANIMATION DU SAMEDI.


La chronique de Pierre-Alain LÉVY.

Olécio partenaire de Wukali

Le Lièvre serviteur , pour les initiés Заяц-слуга, est un beau film russe d’animation réalisé en 2007 par Elena Tchernova. Son histoire est toute simple, et ressort de ce que l’on appellerait dans notre littérature ou le théâtre français, la farce. L’histoire d’un paysan qui s’appelle Habib dont la maison brûle et qui demande le soutien de trois bons à rien fortunés et oisifs qui se moquent de lui et tournent sa requête en dérision. Il se vengera de belle manière en leur faisant miroiter bien sûr non point un miroir aux alouettes mais aux lièvres plus exactement, et comme toute histoire morale qui se respecte, le pauvre et le bon a raison des méchants …


On est séduit dans la réalisation de ce film tout d’abord par son esthétique très raffinée, la puissance des couleurs et leurs contrastes si (comment dire…), russe ou déjà orientale. Les personnages sont en fait de petites figurines faites de pâte à modeler, la sophistication repose sur l’habillement de ces petites marionnettes et les décors de tissu ou de carton. Chacun des personnages, qu’il s’agisse de ces trois riches tatars, car on est bien loin de Moscou, ou du fellah Hakim et de son épouse, est bien identifié et caractérisé. On est presque plongé dans un univers des Mille et Une Nuits, en tous cas à défaut dans celui de l’Orient musulman, dans la riche histoire de Kazan et aussi faut-il le rappeler de l’histoire de la Russie et de sa renaissance face aux cavaliers de la Horde d’or et de l’histoire d’Yvan le Terrible au XVIème siècle.

Un soin tout particulier est apporté au traitement des détails et à la perfection de la réalisation. L’oeil jubile sous le charme du spectacle offert tandis que l’esprit s’amuse à suivre le déroulement de cette histoire inspirée des plus vieux contes d’une tradition orale et ancestrale qui remonte certainement à la nuit des temps et qui traverse toute la civilisation des steppes des confins de l’Oural jusqu’au fin fond du Tadjikistan. Il est très intéressant de remarquer les similitudes entre cette histoire racontée et d’autres que nous pourrions trouver dans un répertoire français tout comme dans d’autres répertoires culturels étrangers et appartenant à d’autres traditions.

Un film particulièrement riche et élégant, une séduction visuelle, un petit bonheur cinématographique, une petite tranche de joie d’enfance retrouvée. Rien d’étonnant donc si ce film a été récompensé dans maints festivals un peu partout au monde!

Pierre-Alain Lévy


WUKALI 25/10/2014


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