European Commission president has backed an idea, long-championed by France, that the EU should have its own military force rather than rely on NATO


L’Union Européenne devrait mettre en commun ses ressources militaires afin de créer une armée européenne en réponse à l’augmentation de la menace provenant de Russie, déclarait le 8 mars dernier, Jean-Claude Juncker, Président de la Commission Européenne.

Monsieur Juncker a déclaré au journal allemand Welt am Sonntag qu’une telle armée ne mettra pas en porte-à-faux le rôle de l’OTAN mais au contraire elle serait complémentaire. Il fait remarquer que tous les Etats membres de l’Union Européenne ne sont pas membre de l’Alliance et que certains membres de l’OTAN ne sont pas membre de l’Union Européenne. La Turquie, membre de l’Alliance a développé des liens étroits avec la Russie ces dernières années.

« Une armée commune aux européens transmettrait un message clair à la Russie : nous sommes prêt à défendre les valeurs de l’Union Européenne » a déclaré, au journal allemand, le Président de la Commission Européenne ; en ajoutant que cela aurait également pour résultat une gestion plus efficace des dépenses militaires. « Une telle armée nous aiderait à construire une politique étrangère et de sécurité commune ».

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L’idée d’une armée de l’Union Européenne a longtemps été défendue par la France, qui jusqu’en 2007 (présidence de N. Sarkozy), n‘était pas dans le commandement intégré de l’OTAN. L’Allemagne était aussi favorable à cette idée. A la suite de la déclaration de M. Juncker, Ursula von der Leyen, ministre allemand de la défense, a encourageait la création d’une armée européenne : « notre futur en tant qu’Européen va être, à un moment, avec une armée européenne » a-t-elle déclaré à la radio allemande.

Néanmoins, le concept d’une armée de l’UE est fortement contesté par le Royaume-Uni et la déclaration de M. Juncker a déclenché une tornade médiatique en Grande Bretagne.

Ce n’est pas la première fois que Jean-Claude Juncker soutien l’idée d’une armée de l’Union Européenne mais c’est la première fois qu’il soulève ce point depuis qu’il est président de la Commission (Novembre 2014). Durant la compagne électorale européenne, en mai de l’année dernière, lorsqu’il était candidat à la présidence de la Commission Européenne il avait déclaré que l’UE avait besoin de sa propre armée : « dans le long terme » parce que « nous avons besoin d’être crédible quant il s’agit de politique étrangère ».

Un porte-parole du Président Juncker a indiqué le 9 mars dernier qu’il avait arrêté son point de vue sur une armée européenne il y a longtemps et à ajouté que selon les dernières études réalisées par la Commission Européenne, une mutualisation des forces armées des Etats membres de l’UE représenterait une économie de 120 milliards d’euros par an : « le Traité offre des bases légales pour la mutualisation et le partage des ressources entre les Etats Membres, c’est donc un champs d’action dans lequel le Président Juncker voudrait voir des progrès » a dit le porte-parole. Il a par ailleurs précisé que Jean-Claude Juncker avait nommé Michel Barnier, le précédent commissaire européen nommé par la France, comme conseiller spécial aux questions de défense.

Le Conseil Européen (réunion des chefs d’Etats et de gouvernements des Etats Membres) de juin qui sera consacré aux questions de défense discutera des possibilités de mutualisation des ressources militaires.

Bien que M. Juncker ait l’idée d’une armée européenne depuis longtemps, ses dernières déclarations ont attiré beaucoup d’attention dans les médias britanniques. L’idée d’une armée de l’Union Européenne a beaucoup de chance de se retrouver dans les sujets choisis de discussion lors du référendum britannique sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union Européenne. Geoffrey Van Orden, député européen conservateur et eurosceptique (UK, ECR) a déclaré au Gardian que Juncker vivait dans un « monde imaginaire ». « Pour les bureaucrates européens chaque crise est une opportunité pour contribuer aux objectifs de centralisation de l’UE » a-t-il poursuivi ; « les ambitions de défense de l’UE se font au détriment de nos intérêts nationaux, de l’OTAN et des alliances bilatérale que le Royaume-Uni a avec de nombreux pays en dehors de l’UE, comme les Etats-Unis, les pays du Golf et de nombreux pays du Commonwealth ».

Dans une déclaration, le gouvernent britannique indique : « notre position est claire comme de l’eau de roche, la défense est une responsabilité nationale, pas européenne, et il n’est pas question que nous changions d’avis comme il n’y est pas question d’une armée européenne » .

A nous, européens, à présent de se poser la question de savoir si les réalités nationales bâties au XIXe siècle, meurtries au XXe siècle, doivent perdurer au XXIe, siècle de la communication, de la mobilité, de la mondialisation, où si au contraire nous devons innover et donner un autre sens au mot de Nation. Non plus défini par des frontières mais par des valeurs partagées, celles de la démocratie, des Droits de l’Homme, de l’égalité entre les hommes et les femmes, de développement durable, de la liberté !

La pensée géo-stratégique en matière de défense ne peut plus davantage se concevoir comme relevant inclusivement d’un espace européen centré. Les conflits et les menaces qui apparaissent aux marges ainsi que le développement inquiétant du terrorisme et les risques qu’il fait planer sur quiconque se met en travers de sa route ( en Afrique comme dans l’étendue proche et moyenne orientale) impliquent une remise à plat des concepts de défense européens et la réorganisation des forces.

Pierre Fuitier Roth


WUKALI 17/03/2015


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