The tragic fate of a jewish and sepharad family from Salonique in Greece then later in France during the Second World War

Biographie ? Roman ? Témoignage ? Livre d’histoire ?[** Revenir du silence *] est tout cela à la fois, c’est un témoignage historique, d’une vie, de la vie de sa mère et le déroulement de son enfance pour [**Michèle Sarde*]. Pour le lecteur, c’est une partie de l’histoire de France. C’est aussi un livre sur la volonté, la force de vivre malgré l’horreur, la volonté de s’adapter aux circonstances, la fuite devant la destruction annoncée, et la « chance » d’être passé entre « les mailles du filets » Car d’origines juives, Michèle Sarde et ses deux parents sont des survivants, des survivants pas des revenants ni des disparus, eux ont réussi, souvent grâce à des concours de circonstances mais aussi grâce à l’aide, à la main tendue aussi bien de juifs que de goys, à ne pas être déportés par les nazis.

Jenny, la mère de Michèle est née à [**Salonique*], héritière de ces juifs chassés d’Espagne par Isabelle la Catholique. Mais les événements dans cette région de la [**Grèce*] obligent ses parents à venir s’installer à[** Paris*]. Elle y rencontre Jacques, un juif bulgare dont les parents ont la nationalité italienne, se marie avec lui, et engendre une petite fille. Mais la guerre arrive avec l’exode (Michèle née par hasard en Bretagne), les lois anti juives, le port de l’étoile jaune, la peur d’être arrêtés lors d’une rafle, le passage de la ligne de démarcation, la vie « agréable » et quelque peu insouciante à [**Nice*] durant l’occupation italienne, et la fuite quand [**Alouis Brunner*] arrive avec les SS, le refuge dans le [**Vercors*] où se trouvent les parents de Jenny et son frère Marcel. Le Vercors qui se soulève, Marcel et Jacques font partie des résistants et arrivent in extremis à fuir la répression allemande.

Olécio partenaire de Wukali

La guerre finie, c’est le retour à la réalité, à la dure réalité : les membres de la famille à jamais disparus comme les parents de Jacques, le récit de l’incompréhensible par les revenants qui refuseront longtemps de témoigner, l’indifférence de la population au calvaire que les juifs ont vécu, les difficultés qu’ils rencontrèrent pour essayer de récupérer leurs biens. Jenny ira même (par peur de l’avenir ?, pour « s’intégrer » encore plus ?) à faire baptiser sa fille.

Michèle Sarde dans ce livre se livre en quelque sorte à une véritable psychanalyse : à travers les choix, la vie de sa mère, elle essaie de comprendre qui elle est devenue aujourd’hui, elle a conscience qu’elle n’est que le réceptacle de la vie, de la culture de ses ancêtres, un maillon dans une longue chaîne qui fait qu’elle est la personne qu’elle est que grâce (à cause ?) à ses ascendants, même les plus lointains, même ceux qui, à la fin du XV siècle, décidèrent de s’exiler de cette [**Espagne*] où ils étaient heureux et prospères.

Après la lecture de Revenir du silence, à moins d’être totalement décervelé, on ne peut plus être anti sémite, on ne peut s’insurger contre les immigrés : tous sont des êtres humains qui étaient heureux où ils résidaient et que les circonstances ont obligé à partir, voire à fuir. Ils sont des membres entières de l’humanité, et chacun a en lui, a sur lui, des images de son passé, comme [**Michèle Sarde*] qui entrelace des photographies de sa famille dans son texte, ce qui le rend d’autant plus vivant.

Nous ne venons pas de rien, mais nous sommes les héritiers d’une longue histoire pleine de joie, de peurs, de peine qui sont le lot de l’humanité nous dit l’auteur.

[**Emile Cougut*]|right>


[**Revenir du silence
Michèle Sarde*]
éditions Juilliard. 21€50


[(Romancière (Histoire d’Eurydice pendant la remontée), essayiste (Regard sur les Françaises) et biographe (Colette, libre et entravée, couronné par l’Académie française et Vous Marguerite Yourcenar), Michèle Sarde, agrégée de Lettres et longtemps professeure de littérature et culture française à Georgetown University, a consacré une bonne partie de ses livres à l’observation des femmes. Les liens entre l’écriture et la vie, l’expérience concentrationnaire, ainsi que la mémoire personnelle et historique hantent toute son œuvre.)]

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