Armel Job, the author and great novelist from Belgium


On lit, on lit beaucoup, on lit un peu n’importe quoi, on lit des auteurs de langues, de cultures différentes. Et on finit, tôt ou tard par lire un livre signé [**Armel Job*]. Alors on sait pourquoi on a lu, du bon et du nettement moins bon, des auteurs « médiatiques » qui répètent toujours la même histoire avec les mêmes techniques, souvent celles enseignées dans des ateliers d’écriture qui standardisent et la pensée et l’art de lier les mots entre eux.

Armel Job, lui a un style qui lui est propre, il ne court pas les plateaux de télévision pour faire parler de lui, il travaille, lui il fonde, il érige une œuvre. Rien de superficiel, qu’une quête subtile aux fins fonds de l’âme humaine. Il nous livre des histoires simples qui mettent en scène des gens « normaux », chez lui il n’y a rien d’ « extraordinaire », dans le sens de « qui dépasse de la norme ». Ces histoires elles peuvent arriver à n’importe qui, à nous, à nos cousins, à nos voisins, à nos connaissances. C’est pour cela sûrement que dés les premières lignes, un lien se tisse entre l’auteur et le lecteur qui, sans le vouloir, sans s’en apercevoir, développe en lui un vrai sentiment d’empathie avec tous les personnages, mêmes les moins sympathiques. Ce lien n’est que celui qu’Armel Job leur porte. Tous ces personnages ne sont pas parfaits, aucun ne l’est et certains sont mêmes « méchants ». Mais pas gratuitement, ils ont un passé, des souffrances et c’est leur façon de réagir. D’autres qui ont eux aussi du affronter de terribles épreuves, ne réagissent pas pareillement.

Oui nous dit Armel Job, les hommes ne se ressemblent pas, ils sont ce qu’ils sont à cause de leur culture, de leur passé. Une grande leçon d’humanisme si utile de nos jours.
Et puis, il y a le style de l’auteur, son vrai talent pour créer en peu de mots tout un univers. Vous ne connaissez pas les Ardennes belges, lisez vite[** En son absence*] et je puis vous assurer que vous les verrez parfaitement. Les maisons qui ont encore leur crépis sont celles des autochtones, celles aux moellons apparents appartiennent aux urbains venus avec leur fausse idée sur ce qu’est le beau et l’authentique (on peut faire exactement le même constat dans le Lubéron ou dans le Périgord). Vous verrez sans peine la forêt, la Sure (la rivière locale), etc.

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L’histoire est une sorte de fait divers, voire même un non fait. Bénédicte, une jeune fille de 15 ans, part prendre l’autobus scolaire. Mais jamais elle ne monta dedans. D’ailleurs le chauffeur, qui est son voisin, pense l’avoir vu dans une voiture. La disparition de la jeune fille fait remonter des souvenirs, des rancœurs, des blessures loin d’être cicatrisées chez les principaux personnages ; les parents séparés de la jeune fille, Julien, le chauffeur et son épouse toujours en deuil d’Annelise leur fille, la compagne inséparable de Bénédicte, Julie et Walter le bûcheron, voire leur fille Laura. La vie a mis en veilleuse leurs souffrances, mais la disparition de Bénédicte les fait resurgir. Chacun réagit à cette douleur de leur façon : passive, violente, etc… ce ne sont que des hommes, alors parfois ils font de mauvais choix, mais ils le font avec les moyens qu’ils ont à leur disposition, et c’est pour cela que nous ne pouvons ni les critiquer, ni les juger.

Peu importe le dénouement, il est plus que normal, tout le livre décrit des situations normales. Mais par sa volonté de comprendre (pas d’expliquer, de comprendre) la réaction de chacun de ses personnages, comme à son habitude Armel Job nous offre un petit élément de la comédie humaine. Je l’ai déjà écrit, il y a du Simenon, il y a du Balzac chez Armel Job.

Et puis, qu’il est difficile d’être père se dit-on à la fin du livre. Et c’est si vrai…

Si vous ne connaissez pas la littérature belge contemporaine, évitez de lire la femme au chapeau, précipitez vous dans l’univers d’Armel Job.

[** Émile Cougut*]|right>


[**En son absence
Armel Job*]
éditions Robert Laffont. 19€50


[(
[**Lire aussi dans Wukali concernant Armel Job:*]

De regrettables incidents

Et je serai toujours avec toi

ainsi que : Cléon contre Cléon)]

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WUKALI 07/04/2017

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