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«Tout est perdu fors l’honneur», cette devise de[** François Ier*] pourrait aujourd’hui être celle de l’Angleterre qui voit à regret partir vers la France le Livre d’Heures du Roi-chevalier qu’elle avait en possession depuis le 18ème siècle!

Un Livre d’Heures somptueux, magnifique, sublime, les mots ne sont pas trop forts; une pièce de joaillerie et de peintures unique mise en vente par la maison d’orfèvrerie et de joaillerie ancienne à Londres [**S.J. Phillips*]. Ce Livre d’Heures est actuellement visible dans l’exposition du Louvre qui vient d’ouvrir (article à venir dans Wukali), François Ier et les Pays-Bas.

C’est un joyau, la couverture de ce livre est d’or émaillé, de pierres précieuses, ornée de deux grandes intailles en cornaline, de turquoises et de rubis, d’arabesques sur fond noir. Ce Livre d’Heures dispose aussi d’un marque-page : une colonne sertie de rubis et de turquoises qui enchâsse un Christ.

Olécio partenaire de Wukali

Trésor s’il en est, les autorités britanniques ont été incapables de réunir dans les délais de temps impartis par leur législation, le prix demandé (10millions €), aussi les restrictions à l’export ont pu être levées en novembre 2016. Le Louvre s’est porté acquéreur, la maison **LVMH*] apporte par une opération de mécénat la moitié de la somme, et le Louvre a lancé une opération de financement participatif (crowdfunding) [Tous Mécènes.

Pour[** Jean-Luc Martinez*], Président-Directeur du Louvre, « ce type de chef-d’oeuvre a disparu du fait des guerres de religions, de la dispersion du trésor des Valois au 16ème siècle. Il montre l’excellence des artistes et artisans de la Renaissance autour de la commande royale, et fait partie de l’histoire de tous les Français», en outre «le Livre d’Heures est la seule pièce d’orfèvrerie (avec une salière de Cellini à Vienne) à pouvoir être directement associée au souverain», et «la seule reliure précieuse française connue à ce jour pour les règnes de François Ier et des derniers Valois»

Ce livre d’heures est une rareté, non seulement par l’infinie richesse de sa décoration fastueuse et de la beauté des ornements et des enluminures qui le composent, mais c ‘est tout bonnement incroyable de pouvoir retrouver un Livre d’Heures de cette époque là dans son intégralité, dans son état parfait d’origine, «dans son jus» comme aiment à le dire certains spécialistes.

C’est aussi un document insigne, et sa présence dans l’exposition du Louvre qui vient de débuter n’est pas fortuite. En effet on mesure d’évidence, pour tous ceux qui ont eu la chance infinie d’examiner de près cette merveille, cette luxuriance du temps de François Ier et ce syncrétisme, cette gémination entre différentes écoles, [**celles du nord, les Flandres, les écoles d’Anvers, de Leyde, ou de Lille et de Valenciennes ainsi que d’Italie.*] Une fusion humaniste (faute de qualificatif plus pointu), une symbiose, un enfantement tout à fait caractéristique du règne de ce grand roi de la Renaissance. La raison d ‘être au demeurant de cette exposition du Louvre, et l’impressionnant travail muséologique accompli depuis de très longues années par les historiens d’art rassemblés, permet de cerner cette dynamique artistique, ce foisonnement, cette fusion, cette invention. Dans le domaine des Livres d’Heures, on y peut notamment admirer celui de [**Noël Bellemare*], Heures à l’usage de Rome, dites Heures Smith Lesouëf, ou Les Heures de Pichon, ainsi que celles d’Anne d’Autriche.

Le Livre d’Heures de François Ier est d’une beauté incommensurable aussi par le nombre d’images qu’il recèle soit vingt. Il date de [**1532*], le roi de France a alors 37 ans. Il semblerait que le roi l’ait commandé pour l’offrir à sa nièce [**Jeanne d’Albret*], reine de Navarre et mère du futur Henri IV.

Rappelons pour mémoire que 1532 c’est l’année où [**François Ier*] rencontre le roi d’Angleterre [**Henry VIII*] à Boulogne pour régler une affaire de divorce avec des dames des Cours de France, d’Angleterre et d’Espagne, ( leur première et fastueuse rencontre, la Réunion dite du Drap d’Or avait eu lieu le 7 juin 1520) c ‘est aussi l’année d’un voyage du roi François en Bretagne.

Signalons que le Louvre dans ses collections possède depuis 1864, le Livre d’Heures de [**Marguerite de Valois*], alors duchesse d’Alençon, réalisé entre les années 1520 et 1525. Sa facture est grossière et les enluminures sont médiocres et manquent d’attrait. Rien à voir avec cette quintessence qui est celle du Livre d’Heures de François Ier.

Ce Livre d’Heures du souverain français, c’est aussi tout un destin patrimonial ; en effet il fut la propriété ultérieurement d’illustres personnages à commencer par [**Marguerite d’Angoulême*], la propre soeur de[** François Ier*], puis d'[**Henri IV*] et du cardinal [**Mazarin*] avant de traverser la Manche ( quand, comment et par l’intermédiaire de qui ?) au dix-huitième siècle.

On le trace en [**1755*] dans la collection du chirurgien de la Cour, [**Richard Head*], médecin de la [**Reine Anne*] et du roi[** George III*] avant d’être acheté par [**Horace Walpole*],« l’inventeur» de la sérendipité. Le banquier [**Alfred Rothschild*] en fera au vingtième siècle l’acquisition pour sa fille [**Almina*].

In fine, ou presque Le Livre d’Heures de François Ier deviendra la propriété en 1942 de [**Martin Norton*],un grand antiquaire anglais expert en orfèvrerie ancienne, et dont le grand-père avait fondé en 1860 la maison[** SJ Philipps*]. C’est cette dernière, propriétaire de l’oeuvre, qui a reçu la licence pour vendre à la France, au musée du Louvre, ce fabuleux trésor. Une impressionnante odyssée.

Reste aujourd’hui un énorme travail à accomplir mais ô combien passionnant, qui est ou qui sont les artistes auteurs de ces magnifiques enluminures ?

– «Objets animés avez-vous donc une âme…», avec ce précieux Livres d’Heures du roi François Ier qui revient en[** France*], ce livre de foi et d’art, nous en avons acquis irréfutablement la conviction.

[**Pierre-Alain Lévy*]


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WUKALI 31/10/2017

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