Why this splendid Russian writer is not better known in France, he could be compared to Chekhov or Boulgakov


La collection« Motifs» des éditions du Rocher vient de republier [**Un démon de petite envergure*] de l’auteur russe [**Fiodor Sologoub.*] Soit ce n’est pas l’écrivain russe le plus connu en France. Né et mort à Saint Pétersbourg (1863/1927), président du syndicat des écrivains soviétiques il est moins connu que [**Gorki, Maïakovski, Pasternak*] ou [**Boulgakov*]. Et c’est dommage, car Un démon de petite envergure est devenu un vrai classique de la littérature russe. Ce roman, publié en feuilleton en 1905, est un vrai pamphlet contre la société provinciale en Russie à l’orée de la Révolution.

Dans une ville, le professeur Ardalion Borissytch Peredonov rêve de devenir inspecteur. A ses yeux, cette promotion lui est due, ne serait que la juste récompense de sa valeur professionnelle et de sa véritable place dans la société. Pour se faire, il compte sur le soutient de « la princesse», personne toute puissante vivant à Saint Pétersbourg et que connaît sa maîtresse. Or la princesse veut bien aider Peredonov, mais à condition qu’il se marie. Or ce dernier s’il est prêt à franchir le pas, ne veut le faire que s’il est certain d’obtenir sa promotion. De plus, il craint pour sa réputation, il se persuade qu’il est victime de campagnes de calomnie, aussi entreprend-il de démarcher tous les notables de la ville pour mettre fin à des rumeurs que ses derniers ignorent. En plus, pour montrer son implication dans son rôle de pédagogue, le soir il visite ses élèves. De fait, Peredonov devient totalement paranoïaque, il est de plus en plus persuadé que son entourage cherche à lui nuire, qu’on l’a envoûté. Il n’a aucun recul, aucune analyse, fait montre d’une totale naïveté et se fait complètement manipuler par Varvara sa maîtresse. Il fait, de toute bonne foi, courir la rumeur qu’un de ses élèves est une fille déguisée en garçon, sans imaginer qu’il peut faire du mal à ce dernier. Il voue une haine profonde au directeur de son école, accusé de laxisme et faisant tout pour qu’il ne soit pas nommé inspecteur. De fait, Peredonov est l’instituteur le plus chahuté du collège, n’a aucune autorité sur ses élèves. Surtout il confond autorité et autoritarisme, n’ayant que la violence comme instrument pédagogique.

Tout au long du roman on va assister à la déchéance morale de Peredonov qui finit par devenir sa propre victime, ses délires l’amenant progressivement à la folie.
Il est rare, exceptionnel de rencontrer un héros aussi antipathique qu’Ardalion Borissytch Peredonov. C’est un être ignoble, sadique, paranoïaque, méchant, égoïste, menteur et j’en passe. Faible avec les forts, il est un vrai bourreau pour les plus faibles que lui. Mais il fait montre d’une totale naïveté, se fait manipuler par tout son entourage sans qu’il s’en aperçoive tant il est enfermé dans son monde. Les autres personnages sont décrits sans fard, parfois avec une vrai tendresse comme Sacha ou Ludmilla.

Olécio partenaire de Wukali

On trouve des descriptions, des atmosphères qui nous rappellent les meilleures pages de [**Tchekhov*]. Il se dégage un humour qui annonce celui que l’on va retrouver dans le Veau d’or ou dans les Douze chaises. La description que donne [**Sologoub*] de cette société provinciale est pour les amateurs de la littérature russe dans la digne lignée de [**Gorki*] qui fut loin d’être tendre à son encontre. Société très hiérarchisée, ou chaque « classe » évite de trop fréquenter l’autre. Univers où le fantastique, l’irrationnel est très présent, où le «qu’en dira t’on » peut être une arme pour ternir la réputation de tout un chacun. Où l’on boit, beaucoup et pas que du thé….

Voilà un livre qu’il est bien agréable de lire et pas seulement pour les seuls amateurs de la littérature russe. Il est dommage qu’en France [**Un démon de petite envergure*] n’ait pas encore trouvé le public qu’il mérite; gageons qu’avec cette ré-édition justice lui soit rendu !

[** Émile Cougut*]|right>


[**Un démon de petite envergure
Fiodor Sologoub*]
traduction du russe par [**Georges Arout*]
Collection «Motifs», éditions du Rocher. 9€90


Ce livre a été choisi dans la sélection le Livre du mois de Wukali


[(

– Cet article vous a intéressé, vous souhaitez le partager ou en discuter avec vos amis, utilisez les icônes Facebook (J’aime) ,Tweeter, + Partager, positionnées soit sur le bord gauche de l’article soit en contrebas de la page.

– Retrouvez toutes les critiques de LIVRES parues dans WUKALI

– Peut-être même souhaiteriez pouvoir publier des articles dans Wukali, nous proposer des sujets, participer à notre équipe rédactionnelle, n’hésitez pas à nous contacter ! (even if you don’t write French but only English, we don’t mind !)

Retrouvez tous les articles parus dans toutes les rubriques de Wukali en consultant les archives selon les catégories et dans les menus déroulants situés en haut de page ou en utilisant la fenêtre «Recherche» en y indiquant un mot-clé.

Contact : redaction@wukali.com

WUKALI Article mis en ligne le 11/10/2018)]

Ces articles peuvent aussi vous intéresser