British paintings take leave in Paris

Par Pétra Wauters / Qu’ils soient dans la bataille du « Brexit or not Brexit » les Anglais viennent à nous pour nous ouvrir les portes d’une partie de la [**Tate Britain Gallery*]. Ca se passe au [**Musée du Luxembourg *] qui s’est fait « so British » pour l’événement, jusque dans la scénographie qui s’attache à reconstituer le goût anglais dans un décor d’époque. « Soft » sans fioriture, notre regard est invité à voir l’essentiel : les tableaux.

La période présentée est dans doute l’une des plus importantes dans l’histoire de la peinture du pays. De 1760 jusqu’à 1820 le panorama n’est pas très large, cependant il donne de nombreux éclairages sur les genres les plus importants et on découvre à côté des noms connus et reconnus de la peinture du XVII et XIXè siècle, des peintres oubliés, qui méritent largement d’être mis à l’honneur. Cette période couvre le long règne de [**George III*], des années phares durant lesquelles le pays trouve une belle place sur la scène internationale au niveau artistique et culturel. « C’est l’alchimie de l’art à l’époque des révolutions » nous dit-on encore.|right>

Olécio partenaire de Wukali

[**L’originalité et la diversité est au rendez vous*]

Commençons avec un joli face à face entre [**Reynolds*] et [**Gainsborough*]. « Des peintres du roi, qui étaient des rivaux » nous confie [**Martin Myrone*], conservateur en chef de la Tate Britain, qui précise encore que les deux artistes « s’amusaient de cette situation, en produisant des œuvres qui, délibérément, invitaient à la comparaison. »
Sur les cimaises du Luxembourg, on note leurs styles très différents, et des objectifs opposés, éloignés géographiquement déjà.

[**Joshua Reynolds*] (1723-1792) établit sa renommée à Londres, tandis que [**Gainsborough*] travaille à son art dans les comtés du Suffolk et de l’Essex. Ils « s’éloignent » donc l’un de l’autre, dans tous les sens du terme, même s’ils font partie de la même [**Royal Academy*] et partagent la même admiration pour [**Anton Van Dyck*]. |center>

Arrêtons-nous un instant sur une magnifique toile de Joshua Reynolds. Un admirable portrait d’un jeune gentleman dans une posture inspirée de l’Apollon du belvédère. Il s’agit de [**Frédérick Howard,*] 5ème comte de Carliste. Dans cet huile sur toile de 1769 l’éclairage et le traitement des couleurs rendent hommage à la Renaissance vénitienne. Autre tableau remarquable du même peintre, [**Master Crewe en Henry Vlll.*] Il s’agit de l’un des tableaux les plus admirés de Reynolds et on le trouve fabuleux ! On y voit un enfant malicieux, richement déguisé, et son expression joyeuse est communicative. Les petits chiens autour de lui, visiblement bien remuants, apportent davantage de vie à cette scène pourtant « empruntée au célèbre et très austère, voire sévère portrait d’Henry Vlll par Holbein. » précisera Martin Myrone.

Toujours de Reynolds, on découvre « [**Miss Crewe*] », vers 1775, une innocente enfant, morte avant que le peintre ait pu terminer sa toile ! Son joli sourire n’en est que plus désarmant. |right>

De belles toiles de [**Thomas Gainsborough*] retiennent encore notre attention. Parmi elles, [**Gainsborough Dupont*], vers 1770/1775, son neveu, qui fut aussi son assistant. Un beau jeune homme au physique intemporel. « Faire des portraits de célébrités était un moyen de se faire connaître. Pour ces artistes, le portrait est un terrain d’expérimentation et de recherche, qui leur permettait de gagner de l’argent. » précise encore Martin Myrone.

On reste longtemps encore devant[** Lady Bate-Dudley*], vers 1787, l’épouse de son ami Sir Henry Bate-Dudley, pasteur anglican, journaliste réputé pour ses critiques « inflexibles » et grand défenseur du peintre. Il s’agit là d’une des dernières toiles du peintre, une peinture qui est toute à la fois, néoclassique et spontanée. Nonchalance de la pose et vêtement à la dernière mode, le peintre nous régale de ses coups de pinceaux pleins de vigueur.

On s’attarde devant les toiles de [**Johann Heinrich Füssli*], d’une figuration toute romantique. Des scènes « fantastiques » dans le sens large du thème et imaginatives, que n’auraient pas renié nos surréalistes. Sur les cimaises, les peintures de [**Joseph Mallord William Turner*], calmes et paisibles d’abord, avec Chamonix et le Mont Blanc depuis les versants de Montenvers et La Tamise, près de Walton Bridges 1805 ; il prouve, si besoin était, qu’il est l’un des plus grands représentants de la peinture anglaise de paysages. Turner le paisible qui aime peindre et pêcher, dans le même temps. Turner avait une passion pour la pêche à la ligne pendant laquelle il faisait des esquisses. Sa peinture, très expressive et spontanée, était faite avec beaucoup de liberté », précise [**Cécile Maisonneuve*], conseillère scientifique, Rmn-Grand Palais.|right>

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Turner, qui peut tout aussi bien souffler le chaud et la colère, avec la destruction de Sodome, immense tableau au climat inquiétant que l’on peut voir dans la dernière section de l’exposition consacrée à la peinture d’histoire. Il y a une autre peinture qui nous fascine dans cette dernière salle, l’impressionnante toile intitulée Destruction de Pompéi et d’Herculanum de [**John Martin*].

Difficile de tous les citer. On revient sur les aquarelles avec des noms peu connus comme [**Walter Scott*], [**Cotman*], des aquarelles subtiles, d’une belle poésie.
Cotman a une manière toute personnelle de peindre, en juxtaposant les couleurs, et plus rare, en privilégiant des zones riches particulièrement en pigments, une technique bien différente de celle de [**Constable*], presque abstraite, quasi impressionniste. Il s’intéresse aux effets atmosphériques, tout comme [**Turner*] du reste. Parmi les autres grands talents trop méconnus en France, il y a [**George Romney.*] On apprécie son « [**Mr et Mrs William Lindow*] ».

[**George Stubbs*] de son côté s’intéresse autant à l’anatomie humaine qu’animalière. Les chevaux, les chiens, quelle précision dans le rendu des muscles, comme le prouve son grand tableau, « Un Hunter gris avec un palefrenier et un lévrier à Creswell Crags. ! |center>

Toujours dans la peinture animalière, on est « en arrêt », c’est le cas de le dire, devant ce couple de chiens fox-hounds toujours peint par George Stubbs en 1792, un peintre animalier insurpassé, même si c’est en tant que portraitiste qu’il gagna d’abord sa vie. Autre tableau monumental, « l’intérieur d’une écurie » de [**George Morland*], sans doute le chef d’œuvre du peintre.

L’art n’a pas de frontières, bienvenue en France, Welcome in Europe !

[**Pétra Wauters*] |right>


[**L’âge d’or de la peinture anglaise
De Reynolds à Turner*]
Musée du Luxembourg,
Exposition du 11 septembre 2019 au 16 février 2020
19 rue de Vaugirard. Paris ( RER station: Luxembourg)


Illustration de l’entête: L’intérieur d’une écurie. George Morland. (1763-1804). Tate Britain Gallery

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Contact : redaction@wukali.com

WUKALI Article mis en ligne le 18/09/2019

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