Accueil Livres, Arts, Scènes Saison 2022-2023 Le Pavillon Noir à Aix-en-Provence, top de chez top

Saison 2022-2023 Le Pavillon Noir à Aix-en-Provence, top de chez top

par Pétra Wauters

Les spectacles programmés en 2022-2023 sont particulièrement attrayants, tant les surprises chorégraphiques sont au rendez-vous de la nouvelle saison. La pandémie oubliée ? Sans doute pas, mais Angelin Preljocaj nous en parle comme d’une « mythologie » du titre de sa nouvelle création Mythologies – au pluriel. 

Créée du 1er au 10 juillet à l’Opéra national de Bordeaux, elle sera jouée au GTP d’Aix-en-Provence en octobre. Des extraits de répétitions dévoilés à la présentation presse nous laissent rêveurs. Avant de parler de son nouveau spectacle, le chorégraphe nous parle de cette période que nous avons traversée. Alors que nous pensions qu’enfin « Ça va aller », des évènements funestes se mettaient en marche.  Et plus que jamais, se dresse comme un bouclier l’envie de partager l’art en général, la danse plus précisément. « C’est un combat modeste », peut-on lire dans l’édito de la superbe plaquette 2022-2023. « La danse comme un comptoir d’échanges, un lieu de trocs où circulent librement idées, concepts, émotions et même… compassion. Cette saison marque le retour des compagnies, le retour des passions, le retour de l’imagination, et la rencontre avec des artiste qui vont investir le plateau, interroger le monde et nous éblouir ! » Le combat n’est donc pas modeste, Angelin Preljocaj. Il est précieux et nécessaire, réjouissant et puissant.   

Des nouvelles compagnies invitées, comme Kukai Dantza, qui développe une danse contemporaine puisée dans la tradition populaire basque. Dépaysement assuré encore avec Sankai juku, une compagnie majeur de bûto, qui sera pour la première fois au Pavillon noir avec « Kösa – entre deux miroirs », construit dans une épure poétique. 

Dalila Belaza expérimente une rencontre avec un groupe de danse folklorique pour nous offrir une création étourdissante. Baro d’evel,  compagnie franco-catalane de cirque et de spectacle vivant, nous plonge dans un rêve fabuleux.

Olécio partenaire de Wukali
Pavillon Noir Aix-en-Provence
Arthur Perole création
photo Nina-Flore Hernandez

Les fidèles artistes reviennent avec de nouvelles créations : Marcos Morau, avec « Opening Night », Gaelle Bourges avec « Revoir Lascaux ». Pour en avoir vu quelques extraits, le spectacle va surprendre et envoûter tous les publics, car de toute évidence, il faut le voir en famille !  On ne présente plus Michel Kelemenis, qui nous fera vivre son épopée de l’Arche de Noé. 

Il y a encore les compagnies en résidence.  On parle le plus souvent « d’accueil studio » mais les missions restent les mêmes. 

Il y a  Oona Doherty, dont on attend avec impatience son « Navy blue ».  Son style, entrevu dans les extraits présentés, est lui aussi très évocateur. 

Gilles Verièpe nous offrira une magnifique interprétation du Boléro de Ravel. L’artiste aixois, Adel El Shafey sera également de retour avec un quatuor bourré d’énergie. Coup de cœur encore pour les jeunes créateurs du Choco, qui débarqueront tout droit de Colombie avec leurs chants, leurs danses nourris de mélodies afro-cubaines. Leur histoire est passionnante et nous avons hâte de les rencontrer.  « Ils s’agit de jeunes gens qui vivent dans une forêt primaire du côté du Pacifique. Et comme un peu partout dans ce monde, de riches agriculteurs essaient de les déloger avec leur famille pour utiliser les terres. » explique Nicole Said, directrice du Ballet PreljocajCes jeunes et leurs familles résistent à ce danger permanent. Certains ont été tués. Avec le ministère de la Culture Colombien, nous essayons de les aider. Un groupe espagnol de Valence va également les accueillir après nous. Ce sont d’excellents danseurs qui nous présenteront « Revolucion pacifica ». Il s’agit d’une œuvre, contre la violence, comme son titre l’indique.  Faire venir les « Jóvenes creadores del Chocó » à Aix, est une initiative exceptionnelle. 

Arthur Perole est le nouvel artiste associé jusqu’en 2024.  Il créera une pièce pour le Ballet Preljocaj Junior ; 

Nous avions vu son « Rock’n chair », spectacle inventif dont nous avions parlé en 2017 dans le magazine WUKALI (cliquer). https://wukali.com/2017/04/11/arthur-perole-choregraphe-et-pedagogue-inspire-2838/2838/  .« Ma compagnie CieF est marseillaise, confie le jeune homme. On est ravis d’être artistes associés du ballet. J’ai plusieurs pistes de travail, dont l’une axée sur une pièce du répertoire. Ce pourrait être  « Le sacre du printemps ». Comment travailler sur ce livret aujourd’hui est l’une des questions qui est posée et il reste bien d’autres questions importantes pour le chorégraphe. « Qu’est-ce qui nous définit en tant qu’humain ? Qu’est-ce qui nous relie l’un à l’autre ? Quel est le rôle de l’autre dans notre construction ? 

Angelin Preljocaj Pavillon Noir Aix-en-Provence
Angelin Preljocaj
photo Didier Philispart

Angelin Preljocaj fourmille d’idées et lui aussi se questionne toujours autant pour notre plus grand plaisir. Le public pourra revoir « Deleuze-Hendrix », et revoir encore « Personne n’épouse les méduses », une pièce crée en 1999 qui interroge de façon ludique notre rapport au divertissement. Il n’a pas pris une ride, c’est jubilatoire et humoristique. 

Des créations très attendues du chorégraphe aixois : sur l’invitation de l’Aterballetto installé à Reggio Emilia, des danseurs de 70 ans et plus seront mis en scène. Cette proposition surprenante bouscule déjà nos idées et préjugés sur le vieillissement du corps. « C’est intéressant de voir, dans les personnes qui ne sont plus dans la fleur de l’âge, quelque chose de profondément chorégraphique » explique Angelin Preljocaj. Le corps a plusieurs âges ; il a son âge biologique, son âge lié à la pratique de son activité, l’âge que les autres lui donnent… Toutes ces questions autour de l’âge du corps sont passionnantes et une des meilleures façons de les poser, c’était de travailler avec des gens âgés.   

Cette soirée sera partagée avec une création de Rachid Ouramdane sur ce même thème. 

Et pour finir, on découvrira « Mythologies », créé en partenariat avec le Ballet de l’Opéra de Bordeaux qui permet de s’immerger dans le récit fabuleux des héros de l’antiquité qui nourrissent les mythes des temps modernes et nos aspirations les plus profondes. Voilà un joli terrain de « jeu » pour Preljocaj, qui a travaillé dans le passé, sur Médée, Casanova, et bien d’autres figures mythiques et mytholoiques.

Il y a tant à dire encore sur cette saison particulièrement riche ! 

Vous pourrez découvrir la programmation en détail sur https://preljocaj.org et y réserver vos spectacles. 

Et pour ceux qui ne sont pas de la région, rassurez-vous. Le Ballet Preljocaj compte une cinquantaine de créations, 24 danseurs permanents et donne en moyenne 110 représentations par an en France et dans le monde entier ! Voici le lien pour découvrir le calendrier des tournées. https://preljocaj.org/calendrier/?origin=en_tournee

Illustration de l’entête: Kukai Dantza OSKARA
photo Gorka Bravo

Ces articles peuvent aussi vous intéresser