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Aix-en-Provence, Festival de Pâques 10ème anniversaire

par Pétra Wauters

La manifestation créée parRenaud Capuçon et Dominique Bluzet fête cette année une décennie de succès et de belles découvertes. 2023 sera plus festive que jamais à en juger la programmation de ce festival de partage et d’émotion. 

Ce vendredi 31 mars,  lever de rideau avec Renaud Capuçon  (le violoniste assure aussi le clap de fin le dimanche 16 avril avec sa très attendue carte blanche).  Mais heureusement, la fête ne fait que commencer. Hommage donc au cinéma français pour l’ouverture,  avec les musiciens des Siècles Pop, et à sa direction le jeune et sympathique trentenaire Ducan Ward

Les concerts classiques qui présentent un programme entièrement dédié à la musique de film sont plutôt rares. Passionné de cinéma,  Renaud Capuçon en a rêvé et il l’a fait. Déjà, il y a 4 ans, pour la soirée d’ouverture de la septième édition du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence,  il mettait la musique classique à l’honneur. On ne s’étonne pas davantage,  les CD « cartonnent. Le prochain qui réunit les chefs d’œuvres écoutés ce vendredi soir, sortira en 2024.

lI faut dire que tout le monde peut se retrouver dans ces histoires qui transportent le spectateur dans la magie du cinéma,  mais aussi au cœur de la musique classique. Les compositeurs choisis sont tous prestigieux, issus de la musique classique et parfois même d’opéras. 

On n’est pas surpris par les arrangements, tous superbes, autour de Georges Delerue, Michel Legrand, Philippe Sarde, Vladimir Cosma et Gabriel Yared

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Ils sont tous là, comme il y a 4 ans, mais les histoires sont différentes. On glisse des années soixante jusqu’à nos jours. On ouvre la séance avec Georges Delerue, 1925-1992, avec « Le Dernier Métro », et la « Passante du Sans-Souci », des musiques imprégnées de nostalgie. François de Roubais (1939-1975) avec la musique Le Vieux Fusil, à nos yeux l’une des meilleures partitions du compositeur qui colle si justement à ce film poignant. L’interprétation du violoniste et de l’orchestre, entre angoisse et douceur, nous a serré le cœur. « Rich and Famous » de Delerue, ou encore « Memories of Me », et « Diên Biên Phu » (concerto de l’Adieu) ou encore « Chère Louise », trois magnifiques partitions, avec une fibre toute romantique qui sied à merveille à notre violoniste qui manie de main de maître son archet pour jouer avec les émotions. 

Notre coup de cœur ira à ce formidable concerto de l’Adieu, prémonitoire dans doute, car Delerue mourra peu de temps après avoir écrit cette musique pour le film  « Diên Biên Phu ». Ce soir-là, que le cordes sont belles, et les musiciens inspirés ! On espère du reste retrouver Georges Delerue bientôt, au programme d’un autre concert « cinéma », il a tant à nous offrir. 

Un autre grand du cinéma, Jean-Claude Petit, (né en 1943).  Renaud Capuçon a choisi de nous jouer « Jean de Florette »,  une vaste et séduisante partition qu’il a écrite à partir de « La force du destin », fameux opéra de Verdi, un thème magnifiquement développé par le compositeur. L’orchestre tout entier nous replonge dans ce film culte dont la musique est indissociable au film.

 On aime encore la musique de Philippe Sarde (né en 1948) qui glisse une touche orientale dans la partition et nous invite au voyage. On reste dans les grands espaces avec « Lawrence d’Arabie » de Maurice Jarre (1924 – 2009). Dès premières notes jusqu’aux envolées orchestrales offertes par Les Siècles Pop, cette musique nous met face aux images et nous livre toute sa majesté. 

Avec Philippe Rombi, (né en 1968) c’est un « Joyeux Noël » qui nous revient en mémoire. L’orchestre souligne les émotions, avec douceur, tact, sans jamais forcer les traits. Pour tous ceux qui ont vu le film, ils ne peuvent qu’avoir été fascinés par cette musique à la fois douce et poignante. On peut l’assurer, c’est un film à voir mais aussi à écouter ! Alexandre Desplat (né en 1961), «The  shape of Water », une musique qui, à l’instar du film est aussi originale que touchante. « Les choses de la vie » de Philippe Sarde, encore un chef-d’œuvre qui nous fait remonter le temps, car il s’agit bien aussi de cela dans le film :  Le temps qui passe, le temps qui s’arrête et ce soir grâce à Renaud Capuçon et l’orchestre inspiré, on ne bouge plus, on est dans une autre dimension céleste et intemporelle qui nous met les larmes aux yeux. 

« L’affaire Thomas Crown », de Michel Legrandles moulins de mon cœurune musique elle aussi inoubliable, autant que les acteurs du film, Steve Mac Queen et Faye Dunaway. Amour toujours, mais vu sous un angle différent, avec « Love Story », de Francis Lai 1932-2018 avec là encore, un superbe duo, Ali McGraw et Ryan O’Neal. Pourtant, la musique n’a-t-elle pas dépassé le film dans l’esprit des gens ? La question peut se poser aussi avec Joseph Kosma (1905-1969) avec « Les feuilles mortes ». On remonte le temps, on se souvient surtout de la chanson, qui connait un succès international. 

« Le Patient anglais »,  de Gabriel Yared, (né en 1949) égratigne là encore notre cœur déjà éprouvé. On a beau se trouver bien calé dans les fauteuils du GTP, la musique donne « chair » à ce film bouleversant et nous met dans tous nos états. Cela, Renaud Capuçon et tous les musiciens l’ont bien senti. Ils ne pouvaient pas nous abandonner dans cet état-là. Le violoniste, le et le chef, nous ont offert « Les aventures de Rabbi Jacob», de Vladimir Cosma (né en 1940) Un chef-œuvre musical pour un film qui n’est pas une simple comédie à la française. Et puisque l’on a aimé, on a compris en voyant les pieds de Ducan Ward et Renaud Capuçon s’agiter, que les musiciens, en grande forme, allaient nous l’offrir dans un bis qui restera gravé dans les mémoires tant il était joyeux.  Tous debout pour le cinéma Français ! 

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Illustration de l’entête: photo Caroline Doutre 

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