A colorful and ludicrous novel


Pour la majorité des lecteurs, quand ce livre sortira en librairie le 19 août (allez vite le retenir), les vacances prendront fin, alors pour commencer le travail avec un beau sourire aux lèvres, pour ne pas voir en un jour, en une heure, s’effacer les bénéfices de la détente, rien ne vaut la lecture de Petits plats de résistance le roman de Pascale Pujol que viennent de publier les éditions Le Dilettante, les si bien dénommées.

L’histoire est (relativement) simple : Sandrine Cordier, mère de famille, épouse de Guillaume, écrasé par sa femme, a deux enfants : un fils beaucoup plus attiré par le monde de la haute couture que par les études, et la cadette, Juliette génie de l’informatique. Elle travaille à Pôle emploi et se sent investi d’une mission quasi divine : défendre les intérêts de l’État, et se donne comme but, de détecter les fraudeurs, les profiteurs et prend une sorte de plaisir sadique à les radier sans pitié. Mais Sandrine n’est devenue fonctionnaire que sous la pression de ses parents ; sa passion, c’est la cuisine, la gastronomie ; son rêve : ouvrir un restaurant. Un jour elle rencontre Antoine Lacuenta : un jeune homme surdiplômé mais qui n’arrive pas à avoir un travail régulier. Il faut dire que c’est une sorte de gourou de l’écologie qui ne peut imaginer que l’on puisse vivre sans respecter des règles tout aussi contraignantes les unes que les autres surtout dans un cadre professionnel. Une suite de péripéties plus ou moins improbables les unes comme les autres émaillent ce roman jusqu’à une sorte de Cène réunissant tous les protagonistes autour de la vraie fraternité et du respect mutuel. Et des protagonistes il y en a : un improbable génie de la cuisine tamoul, un fils de ministre sénégalais, un patron de presse qui a du mal a se remettre en cause face aux évolutions d’internet, le fils jouisseur et débile de ce dernier, la belle-mère de Sandrine, ancienne passion du magnat de la presse, un agent immobilier qui se croit plus rusé que les autres, une mannequin, ancienne boulotte passée de Langues O’ au courrier du cœur, et quelques autres en plus. Tous ont une personnalité fortement marquée, ce qui n’est pas sans causer certains heurts, mais tous sont de fait subjugués, écrasés, dirigés par Sandrine.

De plus, et ce n’est pas sa moindre qualité, ce roman est aussi un hytme à la tolérance, à l’acceptation des autres, à la nécessité de surmonter les apparences, nos a priori : derrière le tamoul qui fait la plonge peut se cacher un des plus grands chefs du monde. Une gamine d’une dizaine d’années peut révolutionner la presse…

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Et surtout, il y a de l’humour, beaucoup d’humour : « sa bêtise atteignait des abysses dignes de la fosse des Marianne – dans son cas on pouvait en effet difficilement parler de sommet-.», ou encore : « il avait amèrement expérimenté la réputation non usurpée des haricots blancs, obligé à plusieurs incursions nocturnes dans les minuscules toilettes pour un sympathique petit concert de trompette improvisé.  »

Quand j’ai lu Petits plats de résistance, j’ai tout de suite pensé à la Saga Malaussène de Daniel Pennac, le même humour décalé, la même empathie vis-à-vis des personnages, le même Paris inconnu (mais pas dans le même arrondissement), la même tolérance par rapport aux autres cultures, etc.

Pascale Pujol a trouvé une héroïne et ses acolytes, attachants, proches non de nous, mais de comme nous voudrions être. Le lecteur espère sincèrement qu’à l’exemple de Daniel Pennac, Petits plats de résistance ne soit que le premier volume d’une vraie saga autour de Sandrine Cordier.

Émile Cougut


Petits plats de résistance
Pascale Pujol

Éditions Le Dilettante. 19€. Sortie en librairie le 19 août


WUKALI 02/08/2015
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