A flawless musicality, a beautiful sense of singing, and marvelous technique.

Les récitals lyriques sont assez rares à [**Metz*] pour ne pas se réjouir, qu’à quelques jours de distance, nous ayons pu voir à l’Arsenal, puis à l’Opéra-Théâtre de Metz Métropole, deux artistes de renom : la contralto canadienne [**Marie-Nicole Lemieux*] et la soprano lyrique colorature française [**Annick Massis*]. Deux carrières internationales, deux répertoires différents et deux tempéraments à l’opposé. La première extravertie, la seconde plus réservée, ce qui n’empêche pas cette dernière d’établir un excellent contact avec son public, rapidement conquis. Le charme – dont l’étymologie latine, carmen, renvoie également au mot chant et à son pouvoir magique -, qui émane de la personne comme de la voix opère en effet rapidement.

Son programme, intelligemment construit, nous conduisit de l’époque baroque à l’opéra du XIXe siècle. Il reflétait en partie la diversité du répertoire que la soliste a abordé depuis ses débuts à Toulouse en 1991, soit près de 90 rôles de [**Haendel*] et [**Rameau*] à [**Debussy*] et [**Poulenc*].

Olécio partenaire de Wukali

Les trois premiers airs (« Amarilli, mia bella », un des plus célèbres madrigaux de [**Giulo Caccini*], du début du XVIIe siècle ; « Lascia ch’io pianga », extrait du Rinaldo de [**Haendel*], créé en 1711 et popularisé par le film Farinelli en 1994 ; « Sposa son disprezzata », tiré du Bajazet de[** Vivaldi*] datant de 1735) offraient trois pages où s’expriment la supplique et le désespoir amoureux. Il faut admirer la technique vocale de la cantatrice : notes filées, coloration de chaque son permettent de suivre l’évolution psychologique des personnages, en dépit d’une écriture musicale qui repose souvent sur la reprise de thèmes semblables. Le célébrissime Casta Diva, suivi de sa cabalette qui marque l’entrée de Norma dans l’opéra éponyme de [**Bellini*] (1833), nous fait entrer de plain-pied dans le belcanto romantique. On a été habitué à entendre dans ce rôle des voix plus larges que celle d’Annick Massis. Pourtant par l’intelligence du texte et la maîtrise stylistique, elle recrée le climat émotionnel et poétique de cette page, démontrant la continuité, plus que la rupture stylistique, avec le siècle précédent.


Après l’entracte, on put écouter en soliste son accompagnateur au piano, [**Antoine Palloc*], car les airs de Violetta ou de Manon au Cours la Reine, étaient précédés par le prélude du dernier acte de La Traviata pour le premier et, pour [**Massenet*], réinsérés dans la continuité de la partition avec les passages normalement dévolus aux chœurs qui précèdent et séparent l’air et la gavotte de l’héroïne. Elève de [**Catherine Collard*], ce pianiste s’est spécialisé dans l’accompagnement vocal, notamment auprès de [**Dalton Baldwin*]. Il s’est ainsi produit aux côtés de nombreux interprètes internationaux à travers le monde. On put ainsi apprécier la finesse de son toucher, comme on avait déjà pu mesurer sa parfaite complicité avec la soliste.

Dans cette seconde partie, la virtuosité vocale (« Suis-je gentille ainsi ? » et « Obéissons quand leurs voix appellent ») contrastait avec l’expression douloureuse de Violetta à l’agonie. Ici les élans passionnés succédaient à la retenue de la première moitié de ce récital qui prit fin avec le grand air de Maria Stuarda, de l’opéra éponyme de [**Donizetti*] (1835), rôle abordé récemment par Annick Massis à [**Marseille*]. « Oh nube! che lieve per l’aria ti aggiri », suivi de la cabalette, liait une dernière fois agilité vocale et morbidezza.

Au public conquis, l’artiste avec générosité et humour, accorda quatre bis, musicalement plus légers, d’où se détachaient le célébrissime « Core ingrato » qu’après [**Caruso*] en 1911, tous les ténors ont chanté, et la romance non moins connue, « Parlez-moi d’amour », dont [**Lucienne Boyer*] fit un « tube » universel en 1930.
C’était un récital d’un rare plaisir dont le public sortit comblé, comme chaque fois que l’occasion lui est donnée de rencontrer de grands serviteurs de la musique.

Danielle Pister|right>


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WUKALI 15/04/2017
Illustration de l’entête: ©Gianni Ugolini

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