Pile-Poil dirait on aujourd’hui pour qualifier ce film de Steve Cutts. Un constat clairvoyant sur notre société, un regard acéré, une description au burin qui tombent au bon moment. La focale: le téléphone portable
Ce déconfinement post-COVID, ces torrents de lamentations moralisatrices sur le monde d’hier, sur les dirigeants politiques, sur la société de consommation, sur la globalisation, sur la souveraineté stratégique. Vous allez voir ce que vous allez voir ! Oui mais…
On veut tout changer oui, mais surtout qu’on se s’en prenne pas à mes certitudes, à mon confort de vie, à mes conquêtes de liberté au premier rang desquelles mon usage névrotique du téléphone. Ce portable, symbole ambivalent s’il en est de notre monde technologique et de notre pseudo ego libertaire. En réalité ce superbe instrument de communication est devenu le symbole antagoniste de notre liberté atrophiée, de notre dépendance, de notre néant conceptuel, « notre » en effet, car la liberté de tous et de chacun est impactée comme l’est le fonctionnement de nos démocraties. Et le risque est immense et le danger très inquiétant.
Une démocratie de robots, de minus habens, anesthésiés, décervelés, perroquets sans cervelle… Consommateurs de connaissances sans connaissance. Lecteurs assoiffés de SMS de 160 caractères mais infoutus de lire des livres, habitués seulement à des idées-slogans. Plus grave encore, hilotes, esclaves trépanés, offerts aux manipulateurs politiques de tout poil et leurs donneurs d’ordre inquiétants… (Je ne manquerai pas ultérieurement et dans un tout autre article de développer ce dernier point)
« Ils connaissent le prix de tout et la valeur de rien » disait Oscar Wilde. Quelle phrase prémonitoire et brillante.
A méditer, non ?
Pour finir je vous invite à regarder cette courte séquence d’un dialogue avec le philosophe Michel Serres. Savoureuse vous verrez, tout y est dit… !