Mer et Marine est une revue en ligne et un site Webfrancophone, consacré à l’actualité de la mer et de la marine, civile comme militaire. Nous tenons à remercier sa rédaction pour nous avoir accordé l’autorisation de publier cet article consacré à l’Hermione, le Marité et le Belem.
P-A.L
Champignons rongeurs de bois pour la réplique de la frégate de 1780 et le dernier terre-neuvier français, infiltration d’eau pour le célèbre trois-mâts : ces trois navires, emblématiques du patrimoine maritime français, sont mal en point. Leurs propriétaires respectifs en appellent aux dons pour tenter de les sauver.
Mer et Marine/
Par Charlotte David/ 28//11/2024
Cela fait tout juste dix ans que l’Hermione a pris la mer pour la première fois, après 17 ans de chantier. Et trois ans que la réplique de la frégate de 65 m de long au mât de 47 m, célèbre pour avoir transporté le marquis de La Fayette vers les États-Unis pour participer à la Guerre d’indépendance américaine, est immobilisée en cale sèche au port de Bayonne, à Anglet, pour un vaste chantier de restauration.
Tout a commencé au printemps 2021 par la découverte d’une zone de faiblesse, sous la ligne de flottaison, à bâbord arrière, lors d’un carénage pour un entretien courant au port de La Rochelle. Une longue phase d’investigation a permis de déterminer que cette fragilité était liée à la présence de champignons, le polypore des caves et le lenzite. Des espèces lignivores, qui se nourrissent de lignine, l’un des principaux composants du bois.
Dix millions d’euros sont nécessaires pour restaurer le navire, avaient alors estimé ses propriétaires, l’Association Hermione – La Fayette. Un peu plus de la moitié a déjà été réunie, grâce à l’État, les collectivités locales, les banques, les partenaires et les donateurs, sollicités notamment par un appel aux dons à l’automne 2022. Ces 5.5 millions d’euros ont permis de financer la mise en place du chantier dans la forme de radoub d’Anglet, les investigations sur l’ensemble du navire et la première tranche de travaux, assurés par le Chantier du Guip et la société Asselin. « La partie arrière est entièrement refaite », indique aujourd’hui Emilie Beau, directrice générale de l’association, à Mer et Marine. « Un gros travail d’aération et d’assèchement de la coque a également été effectué à l’avant, où le champignon commençait à se développer de la même manière ».
Hermione : « Nous avons une vraie capacité de réaccélération »
Comment réunir les 4.5 millions restants et achever la restauration de l’Hermione ? Un nouvel « appel à la mobilisation nationale et internationale auprès de l’ensemble des entreprises de la filière maritime » a récemment été lancé par le vice-amiral d’escadre (2S) Marc de Briançon, président de l’association, et Emilie Beau. « Les entreprises peuvent se mobiliser sous différentes formes : mécénat financier avec déduction de l’impôt sur les sociétés, mécénat de compétences ou mécénat en nature », indique l’association. Les particuliers sont également invités à participer (et bénéficier eux aussi d’une déduction fiscale).
« Nous avons avancé jusqu’à la hauteur de la levée de fonds précédente, et sommes très dépendants de celle que nous venons de lancer pour la suite du chantier », qui n’accueille aujourd’hui plus d’entreprises, mais où les opérations de maintenance et de préparation de chantier « ne se sont jamais arrêtées », reprend la directrice générale. « Grâce aux 400 bénévoles, nous avons une vraie capacité de réaccélération ». Cependant, l’année 2025 ne sera sans doute pas celle de la remise à flots de l’Hermione : l’association évoque désormais, au mieux, 2026.
Marité : 3 millions d’euros de travaux
Autre région, autre navire, même problème : en Normandie, le programme du Marité a également dû être adapté, là aussi en raison de la présence de champignons rongeurs de coque. Ils ont été découverts à l’occasion de son carénage décennal, entamé en décembre dernier au chantier Bernard à Port-en-Bessin, dans le Calvados. Après une saison 2023 bien remplie (elle marquait le centenaire du dernier terre-neuvier et plus grand voilier en bois du patrimoine français – 45 m de long pour 8 de large – construit et lancé à Fécamp en 1923 et emblème de Granville), la saison 2024 a dû être annulée et le bateau mis au sec.
Là encore, les sommes nécessaires à la restauration sont importantes : elles s’élèvent à 3 millions d’euros, a annoncé fin octobre le GIP Marité (Groupement d’intérêt public, où le département de la Manche est majoritaire), propriétaire et armateur du navire. Ce devis inclus un changement de propulsion, actuellement assurée par un moteur diesel, au profit d’une « technologie innovante pour ce type de navire », vraisemblablement un moteur hydride.
En attendant, le GIP Marité a d’ores et déjà lancé un premier appel aux dons (défiscalisables) de 150.000 euros, via la Fondation du patrimoine. La carlingue, l’ensemble des bordés et des membrures devront être changés, tandis qu’« un traitement fongicide important est également à prévoir, ainsi que la mise en place d’un système de traitement et d’asséchement de l’air et de ventilation de la coque afin d’éviter des désordres ultérieurs », précise le GIP Marité. Il espère lancer la première phase des travaux en 2026-2027.
Belem : « Une course contre la montre »
Actuellement en hivernage à La Rochelle, le Belem, l’un des emblèmes français des derniers Jeux olympiques, montre de sérieux signes de faiblesse au niveau de sa poupe. Ils ont conduit son propriétaire, la Fondation Caisse d’Épargne Belem, à lancer lui aussi un appel aux dons (défiscalisables), moins de deux ans après un arrêt technique exceptionnel à Saint-Nazaire, qui visait notamment à remplacer une section de sa coque en acier rongée par la corrosion.
« Les années et les éléments ont fait leur œuvre », résume aujourd’hui Aymeric Gibet, capitaine du navire depuis 2016, sur le site de la Fondation qui héberge l’appel aux dons. « Si nous n’agissons pas rapidement, c’est tout l’équilibre du Belem qui pourrait être compromis. Ce chantier n’est pas simplement une restauration, c’est une véritable course contre la montre pour préserver le Belem » et pérenniser sa capacité de navigation.
Cinq cent mille euros doivent donc être réunis pour restaurer la partie arrière du trois-mâts long de 51 mètres pour 9 de large, né à Nantes en 1896 et acquis par les Caisses d’Epargne en 1979. « Cette intervention n’est pas seulement nécessaire, elle est cruciale », complète son propriétaire. « Au cœur du navire, la rouille ronge les tôles extérieures, diminuant leur épaisseur et fragilisant la coque, tandis que la moisissure s’attaque aux isolants, endommageant la structure interne » et menaçant l’intégrité du navire. Les travaux sont programmés durant l’hivernage 2025-2026, à l’issue d’une saison de navigation 2025 dont le programme sera dévoilé le 30 novembre.
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