Signe des temps en Chine, quand la situation économique ou politique se dégrade les vieux démons de la xénophobie réapparaissent. Ainsi le Président Hu Jintao, vient il de demander que les programmes de télévision soient purgés des émissions de sources occidentales. Il accuse l’occident de mener une guerre culturelle contre la Chine. Quand les difficultés s’amoncellent les dirigeants chinois ont toujours eu pour habitude de dévier l’irritation de la population vers des boucs émissaires traditionnels et pour tout dire bien commodes, souvent le Japon (souvenir des massacres de Nankin) et l’occident ( la guerre de l’opium et la révolte des Boxers)

Par ailleurs l’organisme de régulation des programmes de télévision a demandé et obtenu en octobre dernier que soient retirées les émissions de divertissement grand public présentant des histoires vécues “à caractère émotionnel” ainsi que celles de “mauvais goût”

L’agence chinoise d’information Xinhua écrit:“Désormais les chaînes de télévision présentent des programmes qui promeuvent les vertus traditionnelles et les valeurs authentiquement socialistes”

La crise économique est sans frontière et la Chine apparait aux yeux des analystes comme un géant aux pieds d’argile.

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Sébastien Castellion, chroniqueur à Metula Information Agency estime que la Chine essaie désespérément de procéder à un « atterrissage en douceur », dans lequel les investissements immobiliers pharaoniques de la deuxième décennie prendraient fin sans provoquer un effondrement des prix immobiliers. On peut lui souhaiter bonne chance, mais les possibilités de succès de cette stratégie sont presque nulles.

Le plus probable est, qu’en 2012, l’éclatement de la bulle immobilière chinoise provoquera une perte de confiance massive, et, par voie de conséquence, des comportements de quasi-panique.

Le gouvernement chinois tentera alors, une nouvelle fois, de sauver la situation économique – et d’éviter les mouvements sociaux qui pourraient le menacer – en encourageant les exportations.

Face à une demande mondiale rachitique, il pourrait même tenter de subventionner ces exportations par du dumping, voire de dévaluer le yuan. Une telle politique provoquera des représailles en Amérique et en Europe, un regain de protectionnisme, et un rejet encore plus massif de la mondialisation.

Les riches chinois accélèreront la sortie de leurs capitaux, ce qui rendra la situation encore plus instable. On se souviendra bientôt avec un petit sourire triste, qu’il y a un an à peine, certains des plus grands commentateurs annonçaient que la Chine finirait par sauver l’économie mondiale en relançant sa demande. (Metula News Agency)

Rappelons nous que la révolution culturelle a débuté à Shanghaï à travers une critique d’ordre culturel concernant la pièce de théâtre d’un certain Yao Wu Han, «La destitution de Hai Rui» (Ping xin bian lishi,ju «Hai Rui ba guan») ( lire: Simon Leys. Essais sur la Chine. Éditions Robert Laffont. Collection Bouquins) et que l’histoire de la Chine et de la lutte entre les lettrés et le pouvoir est une constante.

Autres temps autres moeurs certes, mais il faut examiner à la loupe ce qui se passe dans cet immense pays confucianiste de tradition où les arts, la connaissance et la culture tiennent un rôle important.

Le « soft power » le pouvoir doux comme il est bon de le désigner dans les salons , autrement dit la capacité d’influence et d’hégémonie culturelle selon Gramsci, c’est à dire concrètement les activités culturelles et artistiques, les droits de l’homme, la modélisation d’un art de vie fondée sur la liberté et l’épanouissement de l’individu, le coeur battant de la civilisation occidentale de tradition juive et chrétienne enrichie des Lumières, l’homme comme sujet et non comme maillon soumis d’une structure sociale et féodale qui contraint et impose, individualisme contre structure de groupe, liberté contre solidarité jusqu’à la destruction de soi, ce «soft power» ce pouvoir doux, ce suave parfum d’occident et ces effluves tentatrices constituent pour le pouvoir de Pékin l’ennemi le plus redoutable contre lequel il sait le plus mal résister

Ce prurit soudain contre cette soi-disant agression de l’occident contre la Chine à travers ses programmes de télévision est assez révélateur des tensions qui secouent actuellement le pays dans tous les domaines ( émeutes paysannes contre les expropriations des terres, prévarication, pots de vin, corruption et malversations dans l’appareil politique et administratif à tous les niveaux, fermetures d ‘usines et ralentissement économique, diminution des commandes pour cause de crise mondiale, indicateurs économiques dégradés, censure bien présente sur Internet ( Google n’a pas cédé aux contraintes qui lui étaient imposées et a préféré se retirer du marché chinois), Liu Xiaobo le prix Nobel chinois de littérature empêché de s’exprimer, de sortir de chez lui et de rencontrer des journalistes, le ressentiment des étudiants qui aspirent à plus de liberté, particulièrement ceux qui on été formés aux Etats-Unis ou en Europe, les écarts de revenus fantastiques entre les « masses laborieuses » et les nombreux milliardaires les plus fortunés (111 dénombrés en 2011 selon le magazine américain “Forbes”) qui exposent avec impudence leurs richesses.)

Nous vivons une crise majeure, un bouleversement tectonique du monde que nous connaissions jusqu’à ce jour et nul pays n’y échappe. L’atelier du monde, la Chine, qui a servi jusqu’à présent tout à la fois de marché colossal pour nos équilibres financiers et industriels et aussi de béquille sociale à l’occident par les produits bon marché qu’elle fournit et qui contribuent notamment à diminuer dans nos économies la facture de la consommation intérieure grâce à la mondialisation est entrain de bouger. Le vieux dragon bientôt célébré à l’occasion du tout prochain nouvel an chinois ne manquera pas de se réveiller.

La Chine immense pays de culture, de civilisation et d’art constitue un ensemble bien complexe avec une population réelle d’ un milliard quatre cent millions d’habitants ( les chiffres officiels sont de un milliard trois cent millions ce à quoi il faut ajouter 100 millions d’habitants de plus correspondants aux paysans sans terres non recensés fournissant la manoeuvre corvéable à merci des grands chantiers ainsi que les conséquences de la politique de l’enfant unique dont l’application précisément ne fonctionne pas dans les campagnes). La tentative séculaire du repliement sur soi-même, sur le centre, l’Empire du Milieu, les attaques contre les programmes de télévision ou les modes de vie occidentaux en constituent un épiphénomène on ne peut plus révélateur, attention !

Il est aussi de notre responsabilité de pouvoir inventer en occident et en Europe de nouvelles solutions et de nouveaux remèdes pour retrouver un équilibre social et la prospérité et la paix dans le monde, mais pour cela remisons les incantations, les solutions simplistes et pour tout dire démagogiques, les blasphèmes à autrui et la langue de bois ! Personne, vraiment personne n’y échappe ! Dur travail sur soi-même n’est-ce-pas !

« Quand la Chine se réveillera » disait un certain Alain Peyrefitte voila bien longtemps, oui mais bien au delà de la manière dont il l’entendait, accélération des temps oblige … !

Pierre-Alain Lévy

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