Voici un film d’animation commandé par Arte, son auteur Nicolas Jacquet En compétition Nationale au Festival de Clermont-Ferrand 2013.

Les chiens ou plutôt le chien a une bien bonne tête, de bons yeux, une bonne bouille, et les hommes, ou plutôt un homme, disons le tout net, a une sale gueule ! Un thriller ou plus exactement un film de genre, d’ambiance, un film politique dans le meilleur sens du terme. Un film en noir et blanc qui fait une large part au dessin et aux superpositions d’images avec des papiers découpés et qui joue à reproduire des plans cinématographiques, des mouvements de caméra dans une veine réaliste. Une bande son glaçante, plus vraie que nature, le fil des mots coupe et tranche. Qui plus est voici un véritable scénario avec une histoire qui a du corps, haletante avec du suspens.

Le sang y a la couleur de l’encre noire, pareille à celle qui sèche sur le papier des lettres anonymes des bréviaires de la haine. Mais surtout ce film d’animation séquence une histoire, un pays où les étrangers sont poursuivis, proscrits, pourchassés, dénoncés, traqués, emprisonnés et quelque fois aussi disparaissent ou sont assassinés. Çà ne vous rappelle rien ?

Le chien, le bâtard, le métèque, le clebs, le fin de race, le sac à puces s’est bien sûr l’étranger, le sans-droit sans feu ni lieu, poursuivi par l’homme, quant à celui là c’est un boucher, une vraie tronche de traficoteur de marché noir, style Jambier l’épicier dans «La Traversée de Paris» et dont le nom est beuglé par Gabin ;  » Jambier, rue Poliveau !« .

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Un bien brave homme ce boucher d’ailleurs, et un bon mari c’est sûr, une vraie face de fasciste et de tortionnaire, un profil de tueur à la petite semaine, un calibre de milicien pour la rue Lauriston, propre sur lui et dans ses certitudes, haineux et mauvais, du genre à vous dénoncer à la police et faire le sale boulot pour la corvée de bois. Un artiste du couteau et du fusil à aiguiser aussi, de taille à vous suriner Médor en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, capable de vous désosser un homme comme vous vous éplucheriez une pêche avec juste un peu de jus qui dégouline sur les doigts, et s’il s’agit d’un chien, ou d’un cloporte, ce n’est pas un problème, Pascal ne disait-il pas que les animaux n’avaient pas d’âme ?

Le pire c’est que ce genre d’individu existe et pas que dans les films d’animation !

Nous avons beaucoup aimé ce film, et vous ?

Pierre-Alain Lévy


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