Drastic solutions to resolve the Bankruptcy of Detroit. The decay of a city. Should the art collections of the famous Detroit Institute of Arts be sold ? Complex legal debates ahead !


La crise économique qui touche et bouleverse l’économie américaine impacte aussi directement le monde de l’art. Si de semaine en semaine on découvre la situation généralement très mauvaise des grands orchestres américains et les drastiques réductions de budgets, voici maintenant qu’après la retentissante annonce de la mise en faillite de la ville de Détroit (Michigan), le musée de la ville , Detroit Institute of Arts (DIA), pourrait à son tour faire les frais de la situation. Cette nouvelle fait la une de la plupart des grands quotidiens américains.

Il est généralement de tradition dans le monde de l’art que les collections d’un musée appartiennent au patrimoine et ne peuvent donc être aliénées et vendues comme un produit banal et commercial.

Le Sénat de l’état du Michigan a passé en juin un acte qui avait pour finalité d’empêcher toute vente d’art appartenant à une institution culturelle si les oeuvres concernées ne sont pas cédées à une autre institution comparable, mais l’acte n’a pas été approuvé par la Chambre des représentants de l’état.

Olécio partenaire de Wukali

Le musée de Détroit (DIA) est un des plus grands musées américains, ses collections riches de près de 60.000 pièces vont de la renaissance au 20ème siècle. On y trouve ainsi des oeuvres de Holbein, Rubens, Rembrandt, Bruegel (Danse de paysans), du Caravagge , de nombreux peintres français Degas, Monet, Odilon Redon, Eugène Boudin, Paul Cézanne, Paul Gauguin, Van Gogh (portait du facteur Roulin) Georges Seurat, Henri Rousseau, Le vingtième siècle est aussi bien représenté : Picasso, Matisse (La Fenêtre) , Beckmann, ou Miro ainsi qu’une version du Penseur de Rodin.

Bien sûr, de belles collections de peintres américains, et un impressionnant Diego de Rivera (L’Industrie)

La ville de Détroit a une dette de 18 milliards $. On a pu lire, selon des sources non identifiées, que deux responsables de la maison Christie’s seraient venus très récemment effectuer une visite au musée sans que la Direction du DIA en ait été préalablement informée , cela n’a pas davantage été confirmé par la municipalité quant au porte-parole de la célèbre maison d’enchères il n’a pas voulu commenter.

Le musée de détroit dispose, à la différence de bien d’autres musées américains, d’un statut particulier, en effet tant ses collections que ses équipements et biens appartiennent à la ville ce qui fait de ses collections un proie enviable pour les créditeurs. Mais sa situation administrative est plus compliquée qu’il ne semble et sujette à différentes interprétations. Pour l’attorney général de l’état du Michigan (équivalent français du ministre de la justice, car n’oublions pas les USA disposent d’une constitution fédérale), Bill Schuette, la collection du musée est en fait administrée et sous la responsabilité d’un fond de charité qui acte pour les habitants du Michigan et une fine distinction, dans la plus pure tradition du jurisme américain, est faite entre la ville (the City of Detroit) et le fond de charité gestionnaire, ce qui ouvre la voie à de nombreuses arguties et débats de cabinets d’avocats et de spécialistes du droit.

Pour le directeur du musée, personne jusqu’à présent n’a envisagé de vendre la moindre oeuvre. Le critique d’art du New Yorker, Peter Schjeldahl, a dernièrement écrit « L’art survivra, en verra bien d’autre, mais pas les retraités ni les pensionnés ». (Art will survive. The pensioner will not)

La ville de Détroit est en détresse, elle qui fut naguère si glorieuse quand l’automobile après guerre était le fleuron d’une époque et d’une civilisation et le symbole de la ville. Sa population est passée de 1.850.000 habitants en 1950 à 701.000 habitants aujourd’hui.

Détroit est dévasté, avec des maisons lépreuses souvent en ruine, les chiffres sont accablants: 78.000 maisons sont abandonnées, 66.000 terrains sont disponibles et ne trouvent pas preneur, 18,6% de la population est au chômage, 33% des ambulances seulement sont en état de rouler, près de 40% de l’éclairage public hors d’usage, les service sociaux sont débordés et impuissants, le taux d’élucidation des crimes et délits est de 8,7% (moyenne du Michigan 30,8%), pour demander l’assistance de la police il faut à Détroit attendre au téléphone 58 mn quand il ne faut que 11 mn dans la moyenne nationale, la délinquance, la drogue et la prostitution font des ravages.

Parmi les hypothèses examinées pour tenter de trouver des ressources financières, on va jusqu’à envisager de vendre la girafe du Zoo dont la valeur pourrait atteindre 80.000$…

Mais le problème le plus grave et dores et déjà le plus douloureux est celui du versement des salaires et des retraites, pour l’heure nulle solution viable n’a été trouvée.

Pour Ford Bell, Président d’une association de soutien aux musées(American Alliance of museums): «la collection permettra de reconstruire Détroit, c’est le prix à payer»

Julius Kleiner correspondant de Wukali aux USA.


Illustration de l’entête, L’Industrie et la machine (1932), fresque murale de Diego de Rivera


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