Fascinating and « grand Monsieur », Ahmad Jamal.
La Blue Note d’Auguste RIZZO. « Back to the future !» … est le premier titre de l’album d’Ahmad Jamal, le sage ! L’art réalise les promesses que les politiques ne savent pas tenir. L’art d’Ahmad Jamal propose à nouveau, à neuf, rien de moins qu’une musique classique américaine symphonique, même au piano solo, plus encore lorsqu’il est déployé avec l’énergique et jovial Manolo Badrena, percussionniste élégant, inventif et… extra-terrestre, Herlin Riley à la batterie souple et sereine, et Reginald Veal à l’harmonieuse double Bass (contrebasse), (ensemble walking bass terrible dans Firefly, titre N°7). Un hommage spécial au travail de Seydou Barry, impeccable producteur et accompagnateur plein de tact, du maître de l’art musical. Un Esthète, un Manager. Un souvenir, une soirée de l’été précédent, au Jazz festival de Nice, Ahmad Jamal dans ses oeuvres. Un concert magnifique, dynamique, jeune, entraînant, frais, une musique qui donne et redonne envie de vivre (écoutez donc Saturday Morning du CD à paraître). Le pianiste dirige son équipe enthousiaste avec des signes précis et sobres, velours et tact, chaque titre s’enchaîne au suivant, nul besoin de rétrospective, de tour d’horizon, de mots, d’intermédiaires. Ahmad Jamal joue ! Lorsque étonné par le miracle de chaque concert je lève les yeux au ciel pour profiter de ce moment de communion avec l’été niçois une étoile filante ajoute une note cosmique à l’ensemble. Extase. J’ai rencontré Seydou Barry et Ahmad Jamal dans les chemins du festival. Des humains, vrais, présents, abordables, de ceux qui donnent confiance en l’avenir. Dans cette musique se joue autre chose que la musique, c’est bien la joie qui parle (à un monde qui en manque singulièrement). Un pianiste singulier aussi, qui se reconnaît à son empreinte unique, un groove main gauche qui synthétise toute la musique du XXième siècle, une main droite survolant l’ensemble, apportant la richesse mélodique fine des accents joueurs de Ravel. L’humour. Une violence efficace, une puissance maîtrisée, l’émotion pure. La magie de l’osmose entre les musiciens. Badrena, quel phénomène, quelle trouvaille ce percussionniste, compositeur, polyintrumentiste. Le génie est multiforme dans cette oeuvre. Back to the future est un transport global. Toujours en avant ! La beauté dans la réinterprétation constante de ses pièces majeures ajoute aux frissons… One (titre 10) est un joyau qui brille sous toutes ses facettes. Combien sont-ils dans cette team ? Combien de voix, de rythmiques ? Une belle unité à la lisière de l’infini… Silver salue Ellington avec facilité ! La classe. La perfection existe, je l’écoute avec Saturday Morning ! (Profondeur des accords de I’m in the mood for Love). Exceptionnel piano aux aigus perlés et basses envoûtantes, magnifique prise de son et production. Ahmad Jamal, Seydou Barry et Catherine Vallon-Barry (pour Jazzbook Records) aiment le travail parfaitement accompli. Wukali avait signalé l’intense Blue Moon, Saturday Morning renouvelle le miracle. Déclaration d’amour inconditionnelle ! Merci pour le bonheur Ahmad Jamal. See you soon on stage ! Auguste Rizzo. Saturday Morning, sortie le 24 septembre 2013. JazzVillage, Harmonia Mundi. ÉCOUTER VOIR