Good novel, good book !


Il est un thème récurant dans la littérature : un individu « normal », pas un surhomme, pas un marginal, pas un génie, mais un « monsieur » (ou madame) tout le monde » voit son univers quotidien, son futur, sa vie totalement transformés à cause d’un incident, d’un fait totalement anodin. L’œuvre de Georges Simenon est en grande partie bâtie de cette façon. Beaucoup de romans gothiques, de romans fantastiques aussi.

Adam Snow, marchand de livres rares se perd dans la campagne anglaise. A la recherche d’une personne pouvant le renseigner, il se retrouve dans le parc d’une maison à l’abandon. Brusquement il sent une main d’enfant lui prendre la sienne. Il la sent alors qu’il n’y a personne à côté de lui. Cette main, cette présence il va la ressentir de nouveau, dans des endroits aussi différents qu’un jardin public que dans le jardin d’un monastère perdu dans le Vercors. Et cette main, cette présence devient agressive, l’emplit de peur, d’une peur brute, impression qu’il n’avait jamais ressentie, qui lui fait croire à une dépression aussi forte que celle qui a touché son frère Hugo. Et surtout cette main l’’entraine vers la mort, vers le suicide. Adam Snow est attiré vers cette « Maison blanche » qu’il sait être la clé, qui détient l’explication de ce phénomène. C’est en comprenant que cet endroit est étroitement lié à son passé qu’il se libérera de ce fantôme.

La Main de la nuit est un livre court, mais d’une écriture « serrée », qui se lit rapidement, d’une traite. Les descriptions, nombreuses, sont particulièrement bien faites, j’ai presque envie de dire, à l’anglaise (ce qui tombe bien Susan Hill étant anglaise), elles font penser parfois au plaisir que nous eûmes en lisant certains passages des Sœurs Brönte ou de Jane Austin. Le parfum des roses et autres fleurs est perceptible, la richesse, la beauté du parc de la maison blanche s’offre sans mal à nos yeux. Une vraie sensualité, au sens étymologique du terme, se dégage de ce texte, au plus grand plaisir du lecteur.

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Soit, le lecteur amateur de ce genre à la limite du fantastique comprend très vite le fin mot de l’histoire, mais il prend, grâce au talent d’écrivain de Susan Hill (et de la très belle traduction de Pierre Brévignon), un réel plaisir à suivre le cheminement d’Adam Snow pour découvrir sa vérité.

Emile Cougut


La Main de la nuit

Susan Hill

Éditions de l’Archipel. 14€95


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