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Katia et Marielle Labèque dans un programme Debussy, Ravel et Glass

par Gabrielle Hirchwald

KLM : sororité musicale et littéraire
Pour la 77e saison de l’ALMC (Association Lorraine de Musique de Chambre), Katia et Marielle Labèque ont inauguré la rentrée musicale à Nancy dans un programme intime, poétique et ambitieux.

Les sœurs Labèque étaient déjà venues en Lorraine, il y a plus de dix ans le 19 juillet 2011. À l’époque, leur récital tout feu tout flamme résonnait d’un medley américain Gershwin-Berstein endiablé. Le 25 septembre 2023, l’heure est plutôt au recueillement et à l’introspection dans un programme qui va pourtant crescendo. D’un point de vue chronologique, évidemment : Debussy (1862-1918), Ravel (1875-1937), Glass (1937-). D’un point de vue puissance évocatrice aussi : Six Épigraphes antiquesMa mère l’OyeLa Belle et la Bête. De la douce invocation du début à la métamorphose finale de la Bête, Katia et Marielle Labèque jouent avec grâce et fougue ces intimes variations.

Le fil conducteur est bien celui de l’alliance de la littérature, du cinéma et de la musique dans une exploration renouvelée de contes et de mythes universels. On connaît la francophilie de Philip Glass qui s’est plu à mettre en musique les films de Jean Cocteau. La version proposée lors de cette soirée fut une première mondiale avant que Katia et Marielle Labèque n’aillent l’interpréter dans d’autres salles à travers le monde. Quelle chance de profiter à Nancy de la version pour deux pianos de Michael Riesmann ! Quant aux œuvres des compositeurs français, elles doivent beaucoup à un panthéisme qui dépasse le champ paneuropéen. Les Six Épigraphes antiques renvoient aux mythes païens et sont teintées de couleurs asiatiques et orientales. Pour Ma mère l’Oye, les deux sœurs s’installent côte à côte : elle se rejoignent au piano, leurs dos ressemblant à ceux de deux chattes câlines. L’une au dos nu dentelé de noir, l’autre au dos brillant de pois colorés qui se détachent de son haut sombre. Elles sont presque jumelles et en même temps si différentes.

En bis, les deux sœurs nous offrent un extrait de Four Movements for Two Pianos de Philip Glass et Somewhere de Leonard Bernstein. Sans doute un ultime clin d’œil à leur précédente venue à Nancy lorsqu’elle avaient interprété avec une insolente énergie West Side Story.

Quand la chronique d’une telle soirée ne suffit plus, il me semble plus facile de la clore par un sonnet… 

Olécio partenaire de Wukali

Sororité pianistique

Il est venu le temps de la métamorphose
Monte du ciel le chant qu’on croyait disparu
De la Bête blessée est soudain apparu
Le doux prince aux yeux clairs dans un jardin de roses

L’infinie mélopée ne connaît pas de pause
Parcourant l’avenue s’infiltrant dans la rue
Les accords répétés à l’envi ont accru
Leur charme lancinant dans la parfaite osmose

L’hypnotique refrain est parfois la saison
De l’été finissant à perdre la raison
Gît la feuille pourprée d’un ton mélancolique

Ces rythmes obsédants qui jamais ne s’achèvent
Bercent mon cœur qui crie sans attendre la trève
La transe de la vie passe par la musique

Programme :

Claude Debussy
Six Épigraphes antiques
Pour invoquer Pan, dieu du vent d’été
Pour un tombeau sans nom
Pour que la nuit soit propice
Pour la danseuse aux crotales
Pour l’Égyptienne
Pour remercier la pluie du matin

Maurice Ravel
Ma mère l’Oye
Pavane de la Belle au bois dormant
Petit Poucet
Laideronnette, impératrice des Pagodes
Les Entretiens de la Belle et de la Bête
Le Jardin féérique

Philip Glass
La Belle et la Bête
Suite d’après le film de Jean Cocteau (1946)
Version pour deux pianos par Michael Riesmann
Ouverture

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Illustration de l’entête: ©Gabriel Hirchwald/ WUKALI

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