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Gérard Caussé au festival de Pâques d’Aix-en-Provence

par Pétra Wauters

Le rendez-vous était incontournable, immanquable ! Il fait rayonner l’alto sur les scènes internationales, il est l’un des plus sympathiques musiciens de ce festival et l’un des plus grands altistes français. Ainsi ce lundi 25 mars au Conservatoire Darius Milhaud à Aix-en-Provence, Gérard Caussé offrait au public une carte blanche qui restera longtemps gravée dans nos mémoires.  

Gérard Caussé a tellement fait pour cet instrument que l’on est convaincu que la nouvelle génération d’altistes lui doit beaucoup. Des jeunes gens déjà séduits par le charisme du musicien, son immense talent, sa passion, sa joie communicative. C’est un passeur, il aime donner, transmettre, partager. C’est vrai que l’alto, de prime abord n’est pas un instrument « mis en lumière » et il est resté quelque peu dans l’ombre des instruments à cordes. On oublie que de nombreux chefs d’œuvre attribuent à l’alto un rôle central. 

Lundi soir, pour sa carte blanche bien légitime, l’ami fidèle du festival depuis la première édition, avait réuni des amis autour de lui : Renaud Capuçon et Clemens Hagen, complices de toujours, la jeune Clémence de Forceville, tellement douée, et le pianiste hors-pair, François-René Duchâble qui a accepté par amitié, de remonter sur scène. 

Le programme met en valeur l’alto, que Gérard Caussé définit comme le  « grand frère du violon ». On aime ses sonorités chaudes, suaves, ses belles couleurs, ses tons jaunes et dorés, comme des touches automnales tout à la fois caressantes et puissantes, nostalgiques ou mélancoliques. Il offre des sonorités différentes et complémentaires, chères à nos oreilles, et trouve sa place entre le violon et le violoncelle.

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Jolie « surprise » pour commencer : Fantaisie  de Johann Nepomuk Hummel. Avouons-le, on ne connait pas très bien ce compositeur ( (1778-1837), et autour de nous, pas davantage. Et voilà désormais une lacune comblée, grâce à Gérard Caussé qui l’inscrit dans son programme. C’est bien ce que nous recherchons aussi ; faire des découvertes précieuses comme celle-ci. Une partition d’une belle facture, élégante, Injustement mis à l’écart. Elle souligne joliment les qualités mélodiques des deux instruments, Alto de Gérard Caussé,  et  le piano  de François-René Duchâble. 

Clara Schumann  avec Trois Romances pour violon op. 22. Entrée en scène remarquée de la jolie violoniste Clémence de Forceville, tant de fois primée et récompensée. Ce lundi soir, c’est évident, elle a déjà tout d’une grande. Elle doit être impressionnée d’être là, avec ces trois géants de la musique mais elle « assure ». A travers elle, nous redécouvrons un autre génie, celui de Clara épouse de Robert Schumann. Ces pièces présentées s’inscrivent au cœur du mouvement romantique et la texture musicale de ces romances est remarquable. On est sous le charme de l’interprétation de la jeune violoniste, subtile, délicate, virtuose.  A signaler qu’elle joue avec un instrument superbe, en effet, grâce au généreux soutien de la Fondation Boubo-Music. Il s’agit du violon du facteur Lorenzo Storioni datant de 1777. Elle nous a particulièrement émus dans l’Andante et dans le merveilleux Allegretto.  Le piano de François-René Duchâble et le violon de Clémence de Forceville ont exprimé tous les mouvements du cœur et de l’âme.

Autre moment de grâce avec Anton Dvořák Silence de la forêt pour violoncelle et pianoOn aime l’approche des deux musiciens, Clemens Hagen, au violoncelle, et Francois-René Duchâble au piano, une approche placée sous le signe de l’expressivité lyrique. Le Lento e molto cantabile, aux accents rêveurs est chargé d’émotion, et sous l’archet du virtuose Clemens Hagenn on apprécie la profondeur et la chaleur du son de ce bel instrument.   L’échange entre les deux musiciens est d’une grande clarté.

Nino Rota  Intermezzo pour alto et piano.. On se souvient de ce grand compositeur de musiques de films.  Le Parrain, Le Guépard, La Dolce Vita, c’est lui,  Nino Rota (1911-1979) a également laissé de nombreuses partitions classiques dont la plupart sont quelque peu oubliées du public. C’était sans compter sur Gérard Caussé, qui a programmé cet admirable intermezzo. L’altiste veut rendre justice au maestro italien. Moment jubilatoire avec les deux amis réunis, Duchâble et Caussé qui nous offrent une superbe lecture de la partition,  bien ancrée dans le XXé siècle, avec ici et là un joli parfum post romantique.   

Johannes Brahms : Sonate F-A-E, Scherzo.On est charmé par ces pages originales, par l’ampleur et le souffle donnés par les deux musiciens réunis sur scène. Tempos lents, sonorité chaude, piano magnifique de Duchâble,  répondent au lyrisme intense du violon de Renaud Capuçon

Robert SchumannQuintette pour piano en mi bémol majeur, op. 44. On termine la soirée avec un monument, une œuvre bien connue. Ils sont tous là, avec leurs instruments, pour nous livrer les états d’âme de Schumann. La musique atteint des sommets,  l’interprétation est vigoureuse, riche en inventivité et en couleurs. Tout nous semble parfait dans ce quintette, une musique captivante qui éveille nos sens, jusqu’au final enthousiasmant. C’est sans doute l’une des œuvres les plus jouées de Schumann, qui s’en plaindrait ?  Elle est solaire !

Formidable soirée où tout est équilibre. Le public ne se rend pas toujours compte de ce tout ce travail fait en amont, et c’est tant mieux. Il ne partage que le résultat, les émotions !

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