Don’t miss it, just excellent !


Un petit roman d’un jeune écrivain, [**Lisa Barel*], publié au Serpent à plumes, une atmosphère oppressante, une écriture ciselée, un style au service du nœud qui se noue en nous, un malaise certain. Une histoire de folie qui nous plonge dans l’âme du personnage principal, une femme, sûrement encore jeune qui vit dans son univers. Elle aime un homme, un écrivain, joueur, un homme à femmes et indéniablement elle n’est qu’une conquête parmi tant d’autres. Elle lui écrit souvent des lettre dans lesquelles elle crie son amour, son attachement et les tourments qu’il lui cause. Le lecteur finit par se demander si cet homme existe véritablement, s’il n’est pas une création de son cerveau malade. S’il fut son amant éphémère, pourquoi toujours s’adresser à lui par «  Monsieur » et non pas par son prénom.

Souvent, elle fait des passages dans un hôpital psychiatrique, se confie à Nadine, son infirmière référente, bâtit un lien particulier avec Oscar, un assassin incurable. Sinon, elle fait du vélo, replonge dans son passé avec ses parents rue Roger-Vercel, avec son grand-père, ce grand-père qui l’a trop aimée. Malgré quelques rechutes, elle finit par dompter le démon qui la dévore grâce à Henri, un soignant.

La seconde partie est plus calme, elle va fêter ses cinquante ans avec Henri avec qui elle vit. Mais sa maladie la rattrape et elle est accusée de six meurtres.

Olécio partenaire de Wukali

[**De l’odeur de l’encre*] est non un roman d’amour mais un roman sur la passion qui détruit et celle qui la ressent et ceux sur qui elle se porte. « L’héroïne » est dans une quête de l’amour absolu qui peut transcender mais qui peut détruire, qui peut transformer l’empathie en folie criminelle. Elle aime et donc ne peut supporter que les autres puissent être indépendants d’elle, son amour n’est pas synonyme de liberté mais de chaîne, d’esclavage. Sa maladie psychique fait que tout doit tourner autour d’elle, elle ne supporte pas l’idée que l’on puisse la délaisser. Alors pour être certaine que l’autre restera toujours celui qu’elle souhaite qu’il soit : elle tue.

[**Lisa Barel*] a su entremêler les paragraphes qui se rangent en trois grandes catégories : les lettres, les impressions, le vécu du personnage principal à la première personne du singulier, et des descriptions des faits de « l’héroïne » , à la troisième personne du singulier. On passe de l’un à l’autre sans aucune rupture, dans un enchaînement logique mais non moins implacable. Elle nous amène vers une fin inéluctable en nous « emprisonnant » dans son univers étouffant. C’est, au niveau stylistique une vraie réussite.|left>

Comment, en lisant [**De l’odeur de l’encre*], ne pas penser à l’extraordinaire tableau de [**Munch*] : Le cri ?

[** Émile Cougut*]|right>


[**De l’odeur de l’encre*]
Lisa Barel
Édition Le Serpent à plumes. 17€

Wukali a placé ce livre dans sa Sélection du mois


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WUKALI Article mis en ligne le 18/06/2018)]

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