L’Angleterre, au coeur du romantisme.. Voici Shelley qui avec Byron en ce début du dix-neuvième siècle est le plus umineux des poètes de cette époque de passion . « À une alouette » hymne à la joie, ode à la liberté, est un de ses plus fameux poèmes qui porte plus haut et toujours plus loin ses aspirations idéales. (voir la traduction en français à la suite et écouter Glenn Close réciter dans la video jointe)


To a Skylark

HAIL to thee, blithe spirit!

Bird thou never wert—

Olécio partenaire de Wukali

That from heaven or near it

Pourest thy full heart

In profuse strains of unpremeditated art.

Higher still and higher

From the earth thou springest,

Like a cloud of fire;

The blue deep thou wingest,

And singing still dost soar, and soaring ever singest.


In the golden light’ning

Of the sunken sun,

O’er which clouds are bright’ning,

Thou dost float and run,

Like an unbodied joy whose race is just begun.


The pale purple even

Melts around thy flight;

Like a star of heaven,

In the broad daylight

Thou art unseen, but yet I hear thy shrill delight—


Keen as are the arrows

Of that silver sphere

Whose intense lamp narrows

In the white dawn clear,

Until we hardly see, we feel that it is there.


All the earth and air

With thy voice is loud,

As when night is bare,

From one lonely cloud

The moon rains out her beams, and heaven is overflow’d.


What thou art we know not;

What is most like thee?

From rainbow clouds there flow not

Drops so bright to see,

As from thy presence showers a rain of melody:—


Like a poet hidden

In the light of thought,

Singing hymns unbidden,

Till the world is wrought

To sympathy with hopes and fears it heeded not:


Like a high-born maiden

In a palace tower,

Soothing her love-laden

Soul in secret hour

With music sweet as love, which overflows her bower:


Like a glow-worm golden

In a dell of dew,

Scattering unbeholden

Its aerial hue

Among the flowers and grass which screen it from the view:


Like a rose embower’d

In its own green leaves,

By warm winds deflower’d,

Till the scent it gives

Makes faint with too much sweet those heavy-winged thieves.


Sound of vernal showers

On the twinkling grass,

Rain-awaken’d flowers—

All that ever was

Joyous and clear and fresh—thy music doth surpass.


Teach us, sprite or bird,

What sweet thoughts are thine:

I have never heard

Praise of love or wine

That panted forth a flood of rapture so divine.


Chorus hymeneal,

Or triumphal chant,

Match’d with thine would be all

But an empty vaunt—

A thin wherein we feel there is some hidden want.


What objects are the fountains

Of thy happy strain?

What fields, or waves, or mountains?

What shapes of sky or plain?

What love of thine own kind? what ignorance of pain?


With thy clear keen joyance

Languor cannot be:

Shadow of annoyance

Never came near thee:

Thou lovest, but ne’er knew love’s sad satiety.


Waking or asleep,

Thou of death must deem

Things more true and deep

Than we mortals dream,

Or how could thy notes flow in such a crystal stream?


We look before and after,

And pine for what is not:

Our sincerest laughter

With some pain is fraught;

Our sweetest songs are those that tell of saddest thought.


Yet, if we could scorn

Hate and pride and fear,

If we were things born

Not to shed a tear,

I know not how thy joy we ever should come near.


Better than all measures

Of delightful sound,

Better than all treasures

That in books are found,

Thy skill to poet were, thou scorner of the ground!


Teach me half the gladness

That thy brain must know;

Such harmonious madness

From my lips would flow,

The world should listen then, as I am listening now.

Percy Bysshe SHELLEY (1792-1822)


ECOUTER VOIR

GLENN CLOSE

Traduction française

A une Alouette

Salut à toi, Esprit joyeux!

Car oiseau jamais tu ne fus

Qui dans le ciel, et presqu’aux Cieux

Epanche en longs accents profus

Un coeur empli de sons qu’aucun art n’a conçus.

De la terre où tu prends essor,

Nuage de feu jaillissant,

Tu t’élèves plus haut encore

Loin au-dessus de l’océan

Ne cessant l’ascension, ta chanson ne cessant.

Dans le soleil crépusculaire

Et l’or de son évanescence

Où les nuées se font plus claires

Tu sembles flotter, puis t’élances

Comme une joie sans corps dont la course commence.

Même pâleur et cramoisi

S’effacent quand tu les pourfends;

Comme une étoile en plein midi,

Nul ne te voit au firmament,

Pourtant j’entends le cri de ton enchantement;

Ardent comme là-haut la sphère

Aux si vives flèches d’argent,

Mais dont s’estompe la lumière

Dans la clarté du matin blanc

Jusqu’à n’être vue guère, que l’on sent là pourtant.

Partout sur terre et dans les airs

Ta puissante voix retentit

Comme quand la lune à travers

Le seul nuage de la nuit

Inonde tout le ciel de lumineuse pluie.

Ce que tu es nous ignorons;

Qu’est-ce qui le mieux te décrit?

Car les gouttes d’arc-en-ciel n’ont

Des nues jamais resplendi

Comme tombe l’averse de ta mélodie.

Ainsi le poète oublié

Dans sa lumière intérieure,

Chantant, sans en être prié,

L’hymne à ses espoirs et ses peurs

Aux hommes ébahis d’y découvrir les leurs;

Ainsi la noble damoiselle

Au palais, dans sa haute tour,

Qui des musiques les plus belles

Berce son coeur épris d’amour

Sans savoir qu’elle charme aussi toute la cour;

Ainsi le ver luisant doré

Dont la couleur seule est perçue

Au fond d’un vallon de rosée,

Parsemant ce halo diffus

Parmi l’herbe et les fleurs où lui est hors de vue;

Ainsi le rosier habillé

Du feuillage vert de ses fleurs

Que le vent brûlant vient piller

Mais dont l’odorante douceur

Fera s’évanouir l’aérien détrousseur.

L’averse vernale et son bruit

Sur les herbes qui étincellent,

Les fleurs éveillées par la pluie,

Joies pures et vives, certes, mais elles

Ne surpassent jamais ta musique éternelle.

Apprends-nous donc, sylphe ou oiseau,

Les doux pensers qui sont les tiens;

Je n’ai jamais entendu mots

D’éloge à l’amour ou au vin

Déclamés en un flot de bonheur si divin.

Chants de triomphe et choeurs nuptiaux,

Si à ta voix on les compare,

Nous paraissent creux, sonnent faux

Et ne sont que vaines fanfares

Auxquelles font défaut les choses les plus rares.

Quelle est la source, quel est l’objet
De cette chantante fontaine?

Des bois? Des vagues? De hauts sommets?

Des formes de ciel ou de plaine?

L’amour de ton espèce? Le mépris de la peine?

Car dans ton pur ravissement

La langueur ne trouve point place;

Et l’ombre du désagrément

Jamais même ne te menace;

Tu aimes, mais de l’amour ignores ce qui lasse.

En éveil, ou lorsque tu dors,

N’est-ce pas qu’en toi s’illumine

Plus de vérité sur la mort

Que les mortels n’en imaginent,

Pour que coulent de toi notes si cristallines?

Nous voulons demain et hier,

Après eux soupirons sans cesse;

Dans nos rires les plus sincères,

Il est toujours quelque détresse;

Et nos chants sont plus beaux qui parlent de tristesse.

Pourtant si nous avions pouvoir

D’oublier peur, orgueil et haine,

Si nous étions nés pour avoir

De la vie ni larmes ni peine,

Comme ta joie dès lors nous paraîtrait lointaine.

Ton art, mieux que tous les ténors

Qui touchent l’âme profonde,

Ton art, mieux que tous les trésors

Dont tant de grands livres abondent,

Servirait le poète, ô oublieux du monde!

Apprends-moi un peu du plaisir

Connu d’un coeur toujours content,

Pareil harmonieux délire

Coulerait alors dans mon chant;

Le monde m’entendrait, comme moi je t’entends!

Trad. Jean-Luc Wronski

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