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[**Petites histoires originales*] sous-titré: [**Un voyage parmi les planches originales de la bande dessinée*] est un livre de 420 pages qui comprend de très nombreuses illustrations, c’est un monument sur le sujet du à [**François Deneyer*], bruxellois sympathique qui l’auto-édite. Il a donc été conçu et édité en [**Belgique*]. Il ne sera probablement jamais obsolète tant il aborde tous les aspects de ce qu’est « une planche originale de bande dessinée ». Techniques d’élaboration et de restauration, esthétique, narration, chronologie des intérêts et des pionniers du domaine, l’auteur nous entraîne dans un maquis pas toujours très clair, voire franchement glauque, qu’il débroussaille pour nous. Il nous explique que le microcosme des collectionneurs motivés d’autrefois est devenu un univers sans pitié où les investisseurs sont rois…La place du rêve est franchement absente de ce monde où l’argent est tout. Certaines planches d’auteurs reconnus comme [**Franquin, Hergé, Moebius*] ou [**Pratt*] atteignent des prix à six, voire sept chiffres…
Le travail d’éditeur réalisé par François Deneyer est extraordinaire, d’autant plus qu’il a œuvré seul pendant un an pour cette réussite ! La mise en page, la qualité de l’impression, le papier utilisé, les reproductions photographiques en noir et blanc ou en couleurs en nombre impressionnant, la belle et solide couverture cartonnée, ne sont pas les moindres attraits de ce document incroyable que toute personne cultivée se doit de posséder dans sa bibliothèque.
Ce qui surprendra le plus le profane, ce sont les planches originales proposées à l’œil novice du collectionneur débutant. Vraiment, ce livre est une découverte et une introduction dans un secteur de l’Art en pleine effervescence.
Imaginez qu’il y a moins d’un demi-siècle toutes ces planches originales ne valaient absolument rien !
Entrons dans le vif du sujet : un premier chapitre consacré à « l’Histoire de la BD » depuis ses débuts vers 1900 aux [**États-Unis*] jusqu’à sa reconnaissance comme neuvième art. Un autre sur l’évolution du regard du marché de l’Art traditionnel sur ce nouveau filon, qui se terminera par des enchères de plus d’un million d’euros sur certaines double-planches d'[**Hergé*] ! Et nous ne sommes pas arrivés au sommet de la montée. D’ailleurs, il n’y en a peut-être pas : seuls des paliers sont probables sur une durée de temps élevée ( un siècle?).
L’auteur nous explique l’acte créateur de l’artiste : papier à dessin, crayons noirs ou de couleurs, découpage de la planche pouvant s’organiser autour d’une case centrale plus importante que les autres ou suivant un mode inhabituel comme le proposa [**Jacques Tardi*] dans son célèbre « Démon des glaces » avec des planches construites sur la forme d’une lettre majuscule de l’alphabet : en U ou en A, voire en T. On notera que dans cette histoire le travail de l’artiste est effectué à l’aide d’un grattage de l’encre noire conférant aux planches de cet album l’apparence d’une gravure du 19ème siècle, dans le goût de [**Gustave Doré*]. L’encrage est le moment suivant auquel succède le lettrage des phylactères ( ou plus simplement les bulles). Parfois, dans ce que l’on appelle « les studios » ( [**Hergé, Greg, Franquin, Peyo*]…), qui ne durent jamais très longtemps si l’on excepte le studio Hergé, chacun a sa spécificité. Il arrive même que le chef d’atelier ne mette plus la main à la pâte !
L’auteur explore ensuite le monde des collectionneurs et des galeristes spécialisés…Le moins que l’on puisse dire c’est que tous les coups sont permis, que ce soit dans la découverte d’un auteur comme dans la récupération des clients…
La recherche de la planche exceptionnelle introduit la notion de qualitatif que tous les amateurs ne sont pas capables de voir : reconnaître un chef d’œuvre implique une éducation visuelle qui nécessite du temps, des loisirs et des moyens financiers. Ce qui n’est pas à la portée de Monsieur tout-le-monde. La quête de la pièce de musée est le Graal du collectionneur mais toutes les planches d’un album ne le sont pas : en général, seulement une petite dizaine l’est…Il y a donc beaucoup d’appelés et peu d’élus. Le phénomène BD est un virus qui atteint la planète entière : dans tous les pays des écoles locales sont nées. Comme certaines planches anciennes ont été très maltraitées, des techniques de restauration et des restaurateurs sont apparus. Naturellement, les meilleurs sont toujours surchargés de travail en retard.
Et, fin du fin, les salles de ventes françaises et internationales se sont emparées de ce secteur, présentant le nec plus ultra des dessinateurs les plus recherchés ( [**Hergé, Franquin, Pratt, Moebius, Bilal…)*]. Comme déjà indiqué, vu les prix atteints, les faux sont de plus en plus nombreux et mieux élaborés…Alors que les experts sont de forces inégales…Éternel problème lié à la valeur vénale de l’Art… Et, en ce qui concerne les mangas, l’évolution est la même !
Bravo Monsieur Deneyer pour ce livre qui sera, sans le moindre doute, reconnu comme l’écrit de votre vie.
Dernier détail ayant son importance : il est distribué dans pas mal de librairies sur le territoire français, suite à un accord entre le rédacteur et un distributeur national. Si par hasard vous ne le trouviez pas chez votre libraire favori, vous n’auriez aucune difficulté à le commander.
[**Petites Histoires originales*]
Un voyage parmi les planches originales de la bande dessinée
[**François Deneyer*]
édition à compte d’auteur. 49€95. Dans les bonnes librairies ou sur commande
*Contact *] : [redaction@wukali.com
WUKALI 12/12/2016
Illustration de l’entête : [**Jean Pierre Gibrat*]. Le vol du corbeau pl. originale 17 Éditions Dupuis 2002. L’auteur travaille avec la Galerie Daniel Maghen depuis 1999 © Dupuis 2016
[**Enrico Marini*] – Le Scorpion- Le Trésor du temple. pl. originale n°14. Éditions Dargaud,2005. La Galerie du 9ème art de Bernard Mahé vend les oeuvres de l’auteur suisse depuis 2005. ©Dargaux Benelux (Dargaud Lombard S-A) 2016