Accueil Livres, Arts, Scènes Zoé Derleyn une très belle plume francophone, Debout dans l’eau un roman superbe

Zoé Derleyn une très belle plume francophone, Debout dans l’eau un roman superbe

par Émile Cougut

Rappelez-vous son nom: Zoé Derleyn, chez le libraire demandez son roman, son premier roman Debout dans l’eau, magnifique !

La narratrice, dont on ne connaît pas le prénom, a été laissée par sa mère chez ses grands-parents dans le Brabant flamant. Depuis, elle ne lui a donnée aucune nouvelle depuis bien des années. Elle a onze ans et pour tout univers, la vaste maison entourée d’un immense jardin avec son étang.

Son grand-père qui lui a tant appris malgré une certaine rudesse est en train de mourir. Lui, avant si actif, si attentif à l’entretien du jardin et de l’étang, reste prostré des jours durant au fond de son lit. Tous les jours une infirmière vient s’occuper de lui, tous les jours la petite fille vient lui tenir compagnie.

Oh , ils ne se parlent guère, mais ces moments d’intimité sont pour la jeune fille le déclencheur de ses souvenirs avec son grand-père. Souvenirs d’un homme bourru, distant, autoritaire, mais pouvant faire preuve d’une immense compassion comme lorsqu’il sauva les poissons de l’étang lors d’une terrible sécheresse. Mais avant toute chose, il y a l’entretien du jardin et du potager où elle l’a assisté chaque fois qu’elle en a eu la possibilité. Mais maintenant le temps a passé et c’est un jeune homme qui s’en occupe, pas exactement comme le grand-père, mais il sait respecter la nature, ce qui est de loin le plus important. Et puis, il est à l’origine de ses premiers émois amoureux.

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La jeune fille rêve. Elle rêve de la baleine qui est apparue dans l’étang, d’un ailleurs vers lequel elle espérera aller plus tard : la mer des Sargasses, l’Alaska, les Adirondacks. Que des lieux où la nature, belle, sauvage, indomptée, domine totalement.

La mort annoncée du grand-père semble marquer pour la narratrice, le passage de l’enfance vers l’adolescence, celui d’un monde merveilleux vers la réalité crue. Car en effet, le grand-père est le transmetteur, celui qui l’a amenée, avec sa personnalité, vers le chemin qui va la conduire à l’âge adulte.

Elle vient d’achever la première étape, son premier guide ne sera plus là pour l’aider à progresser, mais le savoir qu’il lui a donné restera toujours en elle. Un savoir basé sur le respect total, inconditionnel, de la nature. Un savoir où la rigueur est toujours présente. Il lui a donné les outils de la tradition, à elle, désormais, de les manier avec un nouveau guide, sa grand-mère, qui sera, nous n’en doutons pas, toujours là.

Après un recueil de nouvelles, Zoé Derleyn signe ici son premier roman à l’écriture subtile, totalement maîtrisée. Elle a su parfaitement rendre tous les protagonistes vivants, réels, proches du lecteur. Un petit moment de détente, voire de bonheur.

Ce qui est certain c’est que la fiction romanesque francophone se porte bien grâce au talents des écrivains belges, comme Armel Job que nous connaissons bien à WUKALI, et indéniablement Zoé Derleyn est en train de les rejoindre pour notre plus grand plaisir de lecteur.

Debout dans l’eau
Zoé Derleyn
éditions du Rouergue. 16€

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