Four Teenagers in the late sixties in France


Après son livre sur les « Zazous  » qui reçu le prix Renaudot en 2002, [**Gérard de Cortanze*] revient sur notre passé, plus récent puisqu’il s’agit des années « yéyé» . Tout commence exactement le 22 juin 1963, Place de la Nation à Paris où eu lieu le mythique concert organisé par la revue «Salut les copains». Les organisateurs espéraient 15.000 participants, ce sont plus de 200.000 qui vinrent écouter leurs idoles. Parmi eux 4 adolescents d’à peine une quinzaine d’années : Lorenzo, le fils d’aristocrate italien exilé et quelque peu ruiné, l’intellectuel, le fou de cinéma et d’athlétisme, plus précisément du 800 mètres ; Antoine, le fils d’ouvriers, le politique, de gauche, meilleur ami de Lorenzo avec qui il court ; François, le fils d’un riche commerçant, rocker mais pas blouson noir qui est très (trop ?) attiré par toutes les substances hallucinogènes de l’époque, et aussi une fille Michèle, fille de traiteur, féministe au cœur tendre mais qui se protège, sait compartimenter tous les aspects de sa vie. Les trois garçons sont amoureux d’elle et elle est amoureuse des trois. Pour autant ils forment un groupe soudé, même si parfois des pointes de jalousie apparaissent.

Arrive Mai 68 auquel, bien que vivant en banlieue, le quatuor participe. C’est à ce moment où Michèle fait l’amour concomitamment avec les trois garçons. Puis vient le baccalauréat et des vacances en Italie. Après, après la vie les sépare, arrive le temps des mensonges, surtout de la part de Michèle qui entend bien ne pas révéler à chacun des trois hommes son passé et ce qu’elle fait avec chacun d’entre eux. Car c’est elle qui reste le lien du groupe, qui, par sa seule existence les maintient dans leur adolescence, dans leur refus, plus ou moins marqué et assumé de devenir adulte. Elle ment, elle fait montre d’un égoïsme total, pouvant quitter sa famille du jour au lendemain, niant les deux enfants qu’elle a eus avec deux d’entre eux. Ce n’est qu’à son enterrement qu’ils connaîtront la vérité.

[**Laisse tomber les filles*] fait tout de suite penser à [**Jules et Jim*] de [**François Truffaut*], sauf qu’au lieu d’un trio, il s’agit d’un quatuor (du moins jusqu’à la fin des vacances en Italie). Soit, les quatre héros vivent en banlieue, mais il s’agit de la banlieue des années soixante, pas celle de notre époque. Indéniablement ils ne sont que peu représentatifs de leur génération : ils obtiennent tous leur baccalauréat, ils ont tous une certaine aisance financière, même Antoine, ils peuvent tous s’acheter revues et surtout disques de leurs idoles, et que dire des parents de Lorenzo qui pour ses 18 ans lui paient le permis de conduite et une voiture (d’occasion, certes, mais quand on connaît le prix et l’attente pour pouvoir acheter une voiture, cela dénote l’appartenance à la moyenne plus bourgeoisie), et surtout, ils disposent de parents particulièrement libéraux, surtout ceux de Michèle qui laissent leur fille de 15 ans partir seule à Paris pour participer au concert place de la Nation. Elles n’ont pas dû être très nombreuses dans son cas. On assiste à leurs tourments, leurs interrogations, les chemins différents qu’ils prennent après la désillusion qu’ils ont ressentie après Mai 68, leurs difficultés à s’adapter au monde qui n’est pas celui dont ils rêvaient. Aussi, baignent-ils dans la nostalgie, nostalgie de leur adolescence et de son insouciance. Cette nostalgie qui pousse Michèle à mentir à tous dont à elle-même, qui enferme Lorenzo dans une sorte d’autisme intemporel. « Lorenzo sent bien que la possession des biens matériels, qui a pu constituer un des moteurs des baby-boomers, un des aiguillons des membres de sa génération, ne suffit plus, ne la satisfait plus.» Voilà ce qu’il pensait après avoir participer avec son père à la manifestation de soutien au[** général de Gaulle*]. Mais là où il se trompe, c’est que la consommation est devenue le principal moteur de la société, que l’immense majorité des citoyens s’en contente et se détourne de la culture « classique ».

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A la lecture de [**Laisse tomber les filles*] vous aller réviser toutes les données socio-économiques des années soixante, réviser vos connaissance cinématographiques surtout si vous fréquentez les ciné-clubs, et surtout vous rappeler toutes les chansons (pas que les plus connues, loin de là) de cette époque. Bien sûr, parfois vous pouvez trouver qu’il y a quelques longueurs (les deux pages sur le tremblement de terre d’Agadir de 1960 arrivent comme un cheveu sur la soupe et n’apportent rien à l’histoire (si ce n’est une certaine lassitude du lecteur), les réformes du baccalauréat depuis 1874). Mais cela ne vous privera pas du plaisir tiré de ce roman plein de nostalgie.

[**Emile Cougut*]|right>


[**Laisse tomber les filles
Gérard de Cortanze*]
éditions Albin Michel. 22€50


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WUKALI 31/12/2017)]

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