La ministre de la Culture annonce qu’elle va réformer le régime des espaces protégés, créer et améliorer des installations pour certains musées et notamment recruter des architectes en chef des monuments historiques.

Alors que les Français viennent de visiter leurs monuments historiques à l’occasion des 30e Journées européennes du patrimoine, Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, présente les mesures concernant leur protection

Malgré un contexte de « rétablissement des comptes publics » très contraint, la ministre veut imprimer une politique forte dans ce domaine. Ne voulant rien dévoiler du budget 2014 avant l’annonce du premier ministre le 25 septembre, Aurélie Filippetti affirme cependant que « les crédits d’intervention des Directions régionales des affaires culturelles (Drac) seront préservés. Confortés ». Le message peut également se résumer ainsi : la rigueur budgétaire n’empêche pas l’action.

Un projet de réforme de la loi sur les patrimoines est donc en cours d’élaboration. La ministre veut « simplifier le régime des espaces protégés pour mieux protéger ». Ce projet devrait être présenté en conseil des ministres en décembre prochain, et passer en discussion au parlement après les élections municipales de 2014. La ministre estime en effet difficile que ce projet soit voté avant cette échéance.

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Fin annoncée de la règle des 500 m

Point saillant du projet, les mesures touchant les espaces protégés passeront d’une dizaine actuellement à trois catégories : « cités historiques », « sites classés » et « abords ». Le périmètre de protection des monuments historiques et son rayon de 500 m, les Aires de valorisation de l’architecture et du patrimoine (et Zppaup) et autres dispositifs de protection actuels qui ne sont, selon la ministre, « pas adaptés aux situations particulières », disparaîtront. Objectif : donner davantage de lisibilité aux règles pour mieux adapter la protection à l’environnement des ouvrages protégés. « Un plan local d’urbanisme patrimonial devra être élaboré dans les cités historiques. Les délais et procédures d’avis en cités historiques et aux abords seront harmonisés », précise le ministère.

Figurent également et notamment dans le projet de réforme : le développement de l’attribution du label Patrimoine du XXe siècle qui assujettira les projets éventuels de démolition à l’avis du ministère ; la transposition dans la loi française des classements Unesco (patrimoine mondial, patrimoine archéologique subaquatique…) ; l’amélioration de la protection d’ensembles immobiliers liés à l’histoire de la Nation (pour préserver l’intégrité des domaines nationaux).

Un ministère encore bâtisseur

Autres mesures annoncées par la ministre
:
. la création de la maison des cultures, des langues et des mémoires de la Guyane Jean-Martial à Cayenne, dont l’architecte sera désigné cet automne (62 millions d’euros, dont 30% par l’Etat) ;

. la création d’un nouvel accueil au musée du Moyen Âge – thermes et hôtel de Cluny à Paris (7 millions d’euros financés par le ministère et le musée de Cluny) ;

. la rénovation-extension du musée national de la voiture et du tourisme à Compiègne (première tranche de travaux de 20 millions d’euros à l’étude avec la ville et le conseil général) ;

. la création du centre de conservation et d’étude de Lorraine à Metz, sous maîtrise d’ouvrage de l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (7 millions d’euros, à réaliser en 2014) ;

. la création d’un centre de conservation et d’étude des mobiliers issus d’opérations archéologiques sous-marines à l’Estaque, à Marseille (lancement de l’étude de faisabilité/programmation) ;

. la délocalisation des fonctions logistiques (billetterie, vestiaires, services de première nécessité) du musée du Louvre, à Paris. Ce « projet Pyramide » vise à améliorer l’accueil dont le visitorat a atteint près de 10 millions de visiteurs, soit le double de l’estimation d’origine (première estimation de 60 millions d’euros pour des travaux qui doivent débuter en 2014) ;

. la création des réserves du Louvre à Lens (abandon du projet de Cergy-Pontoise), à proximité du Louvre Lens (60 millions d’euros, financés par le musée du Louvre et la région Nord-Pas de Calais).

Des recrutements annoncés…

Enfin, la ministre a annoncé le recrutement fin 2013, par concours (le dernier date de 2003), de 10 architectes en chef des monuments historiques. Ces architectes assurent la maîtrise d’œuvre des 1 600 monuments classés appartenant à l’Etat (ils sont actuellement 36).

Des concours pour le recrutement de jardiniers seront également organisés d’ici la fin 2013 et un statut de fontainier sera créé.

Dominique Errard | Source LE MONITEUR.FR

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