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Lu dans la presse : Le Figaro


Elle aima passionnément l’opéra. Mais souhaite tirer un trait sur les rôles dans lesquels sa voix de soprano léger l’a cantonnée. Natalie Dessay reviendra-t-elle un jour au lyrique comme le voudrait une partie de son public? «Si on écrit un opéra contemporain avec un rôle pour moi, pourquoi pas?», lance-t-elle.

Pour l’heure, elle regarde dans deux directions: le théâtre et Michel Legrand. Elle consacre déjà un album au deuxième, Entre elle et lui, à paraître le 21 octobre chez Erato. Elle y reprend avec une tendresse infinie une vingtaine de ses chansons. Un défi: «Comme un peintre habitué aux grands formats à qui l’on demande une miniature, j’ai dû apprendre à ne pas chanter avec ma voix d’opéra.» Pour elle, il n’y a pas de différence entre Les Moulins de mon cœur et un duo mozartien: «On y trouve des textes géniaux, un sens de la mélodie extraordinaire et une harmonie superlative.»
Avant de les emporter en tournée, elle défendra ses chansons à l’Olympia les 27 et 28 octobre. «C’est comme me retrouver dans la loge de Callas à la Scala. La dernière fois que je suis allée à l’Olympia, c’était pour voir Tony Bennett. J’espère vivre aussi longtemps que lui sur scène.»

Plutôt dans la gouaille

Olécio partenaire de Wukali

Pour le théâtre aussi, elle devra apprendre. À projeter sa voix en se passant du chant. À se rappeler ses textes sans l’appui de la musique, «qui est une aide précieuse». Mais elle est déterminée. A des envies plein la tête et des projets dans les tiroirs. Elle n’en parlera pas tant que rien n’est signé. «Il y a deux pièces en discussion, une classique, une contemporaine. Toutes deux pour des salles parisiennes.» Elle a posé des jalons auprès des metteurs en scène qu’elle côtoya à l’opéra. Songe à prendre un agent.
Le cinéma non plus ne lui fait pas peur, «à condition qu’on ne me propose pas un rôle de chanteuse d’opéra». Elle ne se fixe pas d’autre limite. «J’en ai trop eu dans ma carrière lyrique.» Avoue sa passion pour Beckett. Consent qu’elle est plutôt dans la gouaille, la comédie que la tragédie. «Je ne jouerai pas Phèdre demain!» Ceux qui l’ont adorée dans La Fille du régiment savent qu’elle sait entraîner les rires en cascade.

En attendant, elle enchaînera les lectures: Le Monologue de Molly Bloom, de Joyce, en janvier; L’Échange des princesses de Chantal Thomas, en juin, au Théâtre de l’Odéon. Elle prête aussi sa voix à des livres audio pour enfants. Sortilèges et Carafons sortira le 14 novembre aux éditions des Braques. Enfin, elle n’abandonne pas le récital et compte poursuivre son travail autour de la mélodie française. Ses vrais adieux à la scène? Ce n’est pas pour demain.

Thierry Hillériteau


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