Portrait of a liar as a young man…


[**Christian de Moliner*] signe aux [**éditions du Val*] un petit roman respectable, profond, bien rédigé et dont le héros, pas particulièrement sympathique, sert de fil conducteur à une introspection. Augustin Miroux, professeur à l’université d’Orléans, anti-marxiste virulent, est invité à participer à un colloque à Prague, car il vient de signer un pamphlet contre les idées de gauche et à la gloire de celles de droite. Augustin Miroux est malade, atteint d’un cancer des poumons, il ne se fait pas beaucoup d’illusions sur les chances de rémission de sa maladie. Comme sa femme ne peut l’accompagner dans la capitale de la Tchéquie, il décide que les quatre jours à[** Prague*] seront agrémentés par les services d’une call-girl. Mais la (très) belle Lizaviéta, s’avère être avant tout une étudiante qui est loin d’être une professionnelle, qui ne joue pas la partition qu’il pensait qu’elle devrait avoir. De fait, dès son arrivée, elle lui montre ses contradictions, ses failles, voire la vanité de ses fantasmes sexuelles. Lizaviéta est jeune, plus jeune que ses enfants, pleine d’à-priori sur les hommes : « un homme a besoin de sexe  », inquiète de ne pas satisfaire (à tous les niveaux dont bien sûr le sexuel) son client, pleine de vitalité et d’admiration pour Augustin et ses idées. Mais lui est empêtré dans ses doutes et n’arrive pas à percevoir ce qui est sincère en elle et ce qui fait partie du « jeu » qu’il a payé.

Augustin Miroux est un être assez ignoble, misanthrope, égotiste, autodestructeur, totalement cynique, une sorte de [**Zémour*] à la puissance [**Houllebecque*] en ce qui concerne les idées. Il est méchant aussi, méchant contre lui , méchant contre Lizaviéta, il n’y a que sa femme avec qui il essaie de maintenir un semblant de relation, non pas parce qu’il l’aime mais parce que c’est sûrement la seule personne au monde pour qui il a de la tendresse (ce qui exclut ses enfants). Il humilie Lizaviéta à plusieurs reprises, mais avant tout parce que c’est la seule façon qu’il connaisse pour combattre ses contradictions, pour ne pas lui dire toute l’estime qu’il a pour elle et l’amour qu’elle lui inspire.

Le sexe, il finit par le comprendre au contact de Lizaviéta, représente la vie, cette vie qui le fuit et en quelque sorte il fuit. Lui est à la dérive, enfermé dan ses certitudes tournées vers le passé ; elle est l’avenir et même si elle est anticommuniste et partage en grande partie ses idées, elle veut aller en avant. On comprend comme le héros qu’elle ne se prostitue pas par plaisir mais par nécessité car en quelque sorte elle est ambitieuse et veut profiter elle aussi au moins d’une partie de la célébrité des autres. Elle fait montre d’une volonté dont il est totalement dépourvu, il en a conscience et en quelque sorte il se venge sur elle pour lui en avoir fait prendre conscience.

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Augustin Miroux est sûrement un des personnages les plus antipathiques que j’ai rencontré dans mes lectures ces dernières années. A l’inverse Lizaviéta est un des plus attachants, une personne lumineuse que l’on souhaite rencontré dans la « vraie vie ». La force, le talent de [**Christian le Molinier*] est de nous avoir rendu ces deux personnages vivants, réels, d’avoir su jouer sur leurs contrastes pour les définir sans les caricaturer une seconde : comment ne pas avoir envie de secouer Augustin ? Comment ne pas tomber amoureux de Lizaviéta ?

Une belle réussite en tous cas, un bon livre!

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Émile Cougut*]
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[**Panégyrique de l’empire*]
[**Christian le Moliner*]
éditions du Val. 12€


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WUKALI 28/11/2016

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