Life is not all pink for charming rabbits !


Ed est un film d’animation brésilien du réalisateur [**Gabriel Garcia*] et produit par les studios HYPE CG. Voici s’il fallait encore le démontrer la preuve que le film d’animation aborde tous les rivages. Un film brillant, un thriller maîtrisé, un scénario qui traverse des univers contrastés, des pans de vie mis bout à bout avec une dynamique dans l’action, une succession de plans, de séquences, quelque chose de haletant, de bien fait, renforcé par une illustration sonore dont notamment des bruitages (pluie) qui contribuent à créer une atmosphère particulière et quelque peu anxiogène. Le contraste est apparemment grand entre ce zoomorphisme, ces lapins qui ont tous les traits et comportements humains soit une espèce de fable contemporaine, et cette petite musique qui distille au fur et à mesure du déroulé du scénario un sentiment ambigu.

La qualité des images est tout bonnement admirable, elles sont traitées de façon quasi chirurgicale, chaque plan c’est évident a fait l’objet d’une analyse particulière, le moindre détail s’y retrouve comme l’on peut le remarquer dans un (bon) film de suspense. En outre la focale est toujours choisie de façon originale et multiplie les angles de vues allant de la proximité la plus rapprochée à l’ouverture et le balayage maximum de l’espace visuel panoramique. Le montage s’articule entre des temps différenciés et un retour sur le personnage central accomplissant des actions manifestement bien déterminées dont on verra in fine les conséquences. Un univers bleuté, plutôt froid et sinistre aux antipodes des autres moments décrits dans le film. A fur et à mesure du déroulement de l’histoire et des tranches de vie, comme un «retour en arrière», le personnage principal, soit Monsieur Ed, revient en premier plan, une vision froide et glaciale, une espèce de leitmotiv qui construit ce film quasiment comme une oeuvre lyrique, un opéra. L’image finale est celle en noir et plan-contraste-d’un acteur sur scène, un joyeux histrion, un amuseur public. Quand tout à coup comme dans Richard Strauss ou Berlioz, arrive le moment fatal, tragique, ultime, inattendu et brutal, la conclusion dramatique, là une détonation, la mort qui rodait tapie tout au long, tout est dit, rideau !

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[**Pierre-Alain Lévy*]


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WUKALI 01/07/2017

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