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Confessions de Bernard Sportès, un livre sur la fin de vie, troublant et qui interroge chacun d’entre nous

par Émile Cougut

Pablito a disparu. Pablito a disparu au moment où son amie vient de donner la vie à leur enfant. Ce fait traumatise son entourage car il fait remonter du passé un terrible secret. Ils sont trois non à le partager, mais à l’avoir enfoui en leur être. Et maintenant, il leur est nécessaire, quasiment vital pour eux de l’exprimer, de mettre des mots sur ce qu’ils ont fait dans le passé.

Le passé, c’est un homme qui fait un infarctus au volant de sa voiture. Un dealer avec son fils, Pablito. C’est un homme violent contre tout le monde, dont Pablito, et sa femme est morte, sûrement victime de ses coups, « une putain » ne cesse-t-il de dire à son fils. Un homme intervient en premier, Norbert qui comprend immédiatement le désarroi de l’enfant : non seulement il n’appelle pas la police mais que les pompiers, mais en plus il prend une arme de poing et un sachet de drogue que lui donne le petit. Qui irait soupçonner ce bon samaritain, au demeurant l’architecte qui est en train de rénover le centre-ville, un ami du maire. Mais, et ce personne ne le sait, un homme que sa femme vient de quitter ne supportant plus ses absences.

A l’hôpital le malade est pris en charge par l’équipe médicale dont une infirmière, Hélène. Elle est suicidaire depuis que son amour, son amant, Gilbert, a, au dernier moment renoncé à elle pour continuer son œuvre pastorale car il est prêtre. Et Hélène, en voyant ce jeune totalement désorienté, le prend sous sa coupe, elle veut le sortir de ce milieu traumatisant pour lui. Norbert, lui aussi veut aider Pablito, lui donner un avenir plus serein. D’ailleurs ce dernier au plus profond de son être, même s’il aime son père, est attiré vers le monde qu’il comprend et qu’Hélène veut lui offrir. Et puis, tout le monde est unanime, c’est un miracle que l’homme, vu son état de déchéance physique, ne soit pas mort, son état est critique et sans aucun espoir de guérison.

Pour la nuit, Hélène propose de loger Pablito chez elle, Norbert va les accompagner. Mais avant, tous les trois, seuls, vont voir le malade. Dans la nuit ce dernier décède.

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Pablito a disparu, alors Hélène va se confesser auprès de Gilbert, Norbert va passer la soirée dans un bar et fait de Patrick, le barman, le témoin engagé de son monologue. Et Pablito, se retrouve dans la chambre de Suzanne, une vieille prostituée marquée par la vie. Tous les trois s’accusent d’avoir « accéléré » la fin de vie du malade. Chacun pour des raisons totalement différentes, égoïsme, compassion, empathie, espoir. Tous ont une ou des bonnes raisons face à la mort annoncée de cet homme qui souffre. Et leurs trois interlocuteurs, face à la mort où à l’absence ont aussi une expérience d’une grande humanité.

Confessions est surtout et avant tout,  une réflexion sur la fin de vie, sur la mort, sur l’euthanasie. D’ailleurs ce thème est développé dans un dialogue « Kairos et la mort » qui unit, des années plus tard Norbert et Patrick.

Un livre troublant sur la chance qu’il faut savoir saisir (Kairos), quitte à voir son propre univers basculer vers l’inconnu, mais un inconnu nettement plus plaisant que le présent, et aussi sur l’euthanasie. Troublant, et sujet à réflexions.

Confessions
Bernard Sportès
éditions Héraclite. 19€

Illustration de l’entête: Carré blanc sur fond blanc. Malévitch / 1918• Crédits :  Malévitch

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