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Dans tes veines, une saignante histoire de vampires signée Morgan Caussarieu

par Émile Cougut

Depuis Bran Stocker, les vampires sont devenus un vrai objet littéraire, et même une figure emblématique qui a reçu ses lettres de noblesse avec son entrée dans la prestigieuse bibliothèque de La Pléïade. De Sheridan le Fanu à Anne Rice (et on peut rajouter sans mal ici Morgane Caussarieu), il y a eu bien des écrits sur les vampires, dessinant des personnages fort différents. Certains auteurs insistent sur le côté violent, sanguinolent de cet être, et ce jusqu’à la nausée du lecteur : de la violence pure qui en dit plus sur l’état psychique des auteurs que sur la psychologie de leurs personnages. D’autres, quant à eux nous montrent des être tourmentés, profondément malheureux, obsédés par ce qu’ils considèrent comme une malédiction. On est pas loin du mythe du juif errant, la violence en plus.

Les vampires (ils sont quatre) se répartissent entre ces deux extrêmes sans en toucher les limites ce qui fait, en outre, l’originalité de ce livre. Des passages violents, sadiques (le plaisir que les vampires ressentent face à la peur de leurs victimes), bien sanguinolents, il y en a dans toute leur crudité. Mais, au moins un d’entre eux, Damian, est tourmenté par son appartenance à cette espèce, et se trouve parfois en révolte contre elle, il souffre de ne pas pouvoir toujours lutter contre ses pulsions. C’est un esthète, une sorte de jouisseur, par rapport à ses trois acolytes qui eux ne maîtrisent rien, et ne sont mus que par leur quête de victimes, prêts à tous les abus, à toutes les violences pour l’assouvir. Damian, un vampire ayant une certaine humanité.

L’action de ce roman se déroule à Bordeaux et dans une commune aux portes du Médoc : le Temple. Arrivent de Londres quatre vampires : Gabriel le plus ancien, mais aussi celui qui a l’apparence d’un petit garçon, Seiko, une belle Japonaise, Damian, un homme très beau, le « grand-frère » de Gabriel et J.F., ancien chanteur d’un groupe Punk, drogué, amant de Seiko.

Certes, les corps de leurs victimes finissent généralement au fond de la Garonne où dans l’auge des porcs de la ferme du Temple, mais ils laissent parfois quelques cadavres sur place. Aussi la police judiciaire enquête. Un des inspecteurs, Baron, est marié à une femme alcoolique et a une fille Lily (Elisabeth), 15 ans, qu’il adule, qu’il considère comme sa chose et avec qui, pour prouver son amour, il a une relation incestueuse. Lily est une jeune fille anorexique, fascinée par la mort (elle a quelques tentatives de suicide à son actif). Un soir, dans une boîte de nuit sa route va t-elle croiser celle de Damian, qui, au dernier moment, ne la vide pas entièrement de son sang. Une relation amoureuse va se tisser entre eux deux. Elle est prête à tout pour celui qu’elle aime, même à devenir comme lui. Va-t-elle avoir conscience de l’horreur et du calvaire qui s’offre à elle ? Pourquoi le vampire, en quelque sorte la protège-t-il contre lui et les autres ? Va-t-il céder à la demande de Lily ?

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Baron quant à lui fait tout pour la protéger, prêt à tout pour la préserver.

La fin de ce roman est un vrai feu d’artifice, de fait, plein d’humanité, ce qui, convenons en, est un vrai paradoxe !

Vous apprendrez beaucoup sur les vampires de Morgan Caussarieu (car chaque auteur décrit des vampires quelques peu différents) : ils sont victimes d’une bactérie les changeant en vampire qu’ils ne peuvent transmettre que suivant une procédure précise. Si vous êtes l’une de leurs victimes, c’est alors la mort assurée. Le processus de transformation, consiste, en outre, par le rejet de tous les organes internes inutiles comme les intestins, la rate ou les reins. Ils perdent peu à peu la mémoire de leur passé et surtout de leur humanité pour ne plus être que mus par leur soif de sang sans quoi leurs corps se nécroseraient et ils disparaîtraient.

L’abus de sang d’animal peut leur être néfaste, car dans le sang se trouve de l’ADN qui peut les transformer. L’abus de chien risque de vous transformer en loup-garou et oui, prenez-y garde ! Vous apprendrez la différence entre le rouge (le sang) et le blanc (le lait ou le sperme), le premier étant nettement plus agréable. Les victimes sont perçues non comme des êtres humains mais en fonction des litres de sang qu’elles renferment : « il pouvait à peine dire si elle était jolie ou pas ; succulente, oui, mais l’harmonie des traits était devenue très secondaire. Seuls la taille et le poids importaient (indicateurs de la contenance en litres)». On peut toujours, au début, refuser la transformation en vampire, mais si l’on est contaminé, c’est la mort alors qui est la seule solution. Bien sûr, ils vivent la nuit, l’exposition prolongée au soleil leur étant mortelle.

Dans tes veines est, en fait, une réédition du premier roman de Morgan Caussarieu qu’elle a fait évoluer, rajoutant, retranchant par-ci par-là, pour nous offrir un « produit » fini de très bonne facture. Elle a su éviter ce que l’on appelle le côté « gore » du genre, même s’il y a, faut-il le reconnaître, des passages très violents.

Il est indéniable que la landaise Morgan Caussarieu avec ce roman et les précédents qui en fait lui succèdent, redonne ses lettres de noblesse aux romans fantastiques en général et à ceux de vampires en particulier.

Dans tes veines
Morgan Caussarieu
éditions Au Diable Vauvert. 23€

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