Voilà pour la troisième fois, après Tantum Ergo et Le secret des mages du trident rouge, les personnages des romans de Maurice Daccord qui nous reviennent avec le retour du commandant de Gendarmerie, détaché dans un commissariat de Police,Léon Crevette et son amiEddy Baccardi, sorte de psychothérapeute pour femme abandonnée, toujours avec les amours de leurs vies, pour le premier Alexandra, médecin légiste et pour l’autre, Colombe, représentante en spiritueux.
Les deux couples sont en vacances sur la Méditerranée : plage, farniente, restaurants, parties de pêche, etc. Bon, Alexandra est réquisitionnée par le procureur local pour l’autopsie d’un armateur de pêche qui s’avère avoir été assassiné. Le fait que le fils de la victime est kidnappé ne trouble en rien leur fin de vacances.
Mais dés qu’ils sont revenus chez eux, Baccardi est appelé au secours pour cet assassinat et ce kidnapping pour aider le jeune lieutenant de gendarmerie Flocon, totalement dépassé par cette affaire. D’abord seul, puis progressivement rejoint par son comparse puis par leurs deux femmes, Léon va progressivement avancer vers la vérité. Des questions se posent alors: ainsi la victime avait une maîtresse, une splendide asiatique, mais pourquoi la demande de rançon est-elle donc constituée des deux bateaux de l’armateur ? Pourquoi ont-ils changé de pavillons ce qui laisse accroire qu’ils appartiennent à une société résidant dans un paradis fiscal ? Quel est le degré d’implication des équipages des deux navires ? Quel est le rôle du beau-père, et non moins grand-père, un sénateur d’extrême-droite au passé sulfureux et énigmatique mais qui n’est jamais passé sous les fourches caudines de la justice ?
A force d’opiniâtreté mais aussi de cuisine belge subtilement accompagnée d’excellents crus, d’apéritifs dont le célèbre 102 (vous savez un double 51), aidé par un jeune juge d’instruction qui ne craint ni le procureur, ni les pressions politiques, Crevette finit par dénouer cet écheveau qui s’avère être une filière de trafic de cocaïne. Approchant un peu trop du chef de réseau, il entre en butte avec ses collègues de l’Office Central pour la Répression du Trafic Illicite des Stupéfiants qui comptent bien le marginaliser pour recueillir seuls les lauriers de la victoire. Mais Léon est un têtu qui ne lâche jamais !
Dans ce nouvel opus de Maurice Daccord, nous retrouvons tout ce qui fait le charme des aventures de ces deux compères : une gouaille proche de Frédéric Dard, des références culturelles et des grands standards de la chanson de variété, quelques citations latines, des description de plats qui non seulement vous donnent fin mais aussi grossir de quelques kilos à leur simple lecture. Mais bref, contrairement aux deux premières aventures, aucune référence religieuse. L’univers de nos deux compères s’élargit…
Il est certain qu’avec les aventures de Crevette et Baccardi, nous sommes loin des romans psychologiques qui décrivent avant tout une société et dont on oublie de fait l’intrigue policière (à la fin des Orpailleurs de Thierry Jonquet, il faut faire un sacré effort pour se souvenir qu’il s’agit de mettre fin à un trafic de viande avec la Pologne). Alors oui, dans ce roman, ce polar, nous sommes plus dans ce qui fit le succès de la littérature policière à partir des années cinquante (du siècle dernier). Vous vous souvenez de ce que l’on appelait naguère des « romans de gare ». Contrairement au côté péjoratif que certains y mettaient, ils nous permettent de passer un très bon moment de détente. Alors et n’en doutez pas, soyez certains que c’est ce que vous vivrez à la lecture de L’affaire des flambeaux noirs.
L’affaire des flambeaux noirs
Maurice Daccord
éditions L’Harmattan. 20€
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