Accueil Livres, Arts, ScènesLivres La cour des grands de Maxime Ducasse. Olé toréro !

La cour des grands de Maxime Ducasse. Olé toréro !

par Pierre de Restigné

Maxime Ducasse est nîmois, un vrai, Nîmes c’est la ville de ses racines, de son éducation, de sa culture, de ce qui fait qu’il est unique, qu’il est lui et pas un autre. Nîmes, c’est aussi une ville au passé  prestigieux, aux monuments imposants avec ses arènes, remarquables, magnifique vestige de cette civilisation romaine qui a tant marqué ce pays et qui est encore si présente dans ce qui est la France en général et le sud en particulier. Vous avez compris, ce livre est aussi une ode d’amour à cette ville.

Comme tout bon nîmois, Maxime Ducasse, très jeune, assiste à une corrida dans ces arènes. C’est un déclic, le moment charnière de sa vie, il a trouvé son chemin, il sera torero et rien d’autre, pas instituteur, pompier ou policier comme le rêvent bien des enfants de son âge, non ! Torero et rien d’autre, strictement rien ne pourra le faire dévier de cette passion qui l’a envahi au plus profond de son être.

Mais ce n’est pas tout de vouloir, encore faut-il en avoir les moyens et surtout se les donner. Et pour cela, il faut travailler, encore et encore. Seul le travail amène là où l’on veut arriver, et ce quelque soit le métier, quelque soit le rêve de tout un chacun. On ne devient pas médecin sans faire d’études, meilleur buteur du championnat de France de football sans s’être entraîné des années entières. Bien sûr, cela demande des sacrifices et des efforts, des renoncements (bien plus agréable d’aller faire la fête avec ses amis que de rester des heures à travailler pour essayer d’atteindre son but, son rêve). Maxime ne cache rien, c’est un travailleur, il sait ce qu’il veut et se donne les moyens pour l’obtenir. Des sacrifices ? Pour certains sûrement, pour lui certainement pas puisque tout ce temps consacré à apprendre n’est qu’un chemin pavé de plaisirs, de satisfactions. Bref, un adolescent, un jeune homme heureux, épanoui.

Bon, force est de constater, force est d’être lucide, il n’a pas le « petit quelque chose » qui fera de lui, la star des arènes, le matador qui pourra être porté en triomphe. Soit, il le sait, mais sa passion ce n’est pas d’« être en haut » de l’affiche mais de toréer. Et il a un vrai talent pour ce « métier ». Il est parfait pour poser les banderilles, pour préparer le toro. Et dans ce monde dominé par les Espagnols, il arrive, grâce à son talent, à se faire connaître, apprécié par les aficionados, il devient connu sous le nom de « Maxime, le français ». Il finit même par déménager à Séville pour se trouver au centre de ce monde taurin.

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Maxime Ducasse a pris pour habitude, à la fin de chaque saison où il a pratiqué (vingt-sept en tout) d’écrire son vécu, ses réflexions sur son métier. Une sorte de carnet de bord pour lui et que pour lui. Peut-être pour sa compagne, mais celle-ci a été terrassée par un cancer sans avoir pu en lire une ligne. Sauf que son ami l’écrivain Jacques Durand a appris l’existence de ces pages et a réussi à persuader Maxime de les publier. Publier, non pas exactement. Bien sûr, il y a un livre et une maison d’édition Au diable vauvert, mais cela va bien au delà, C’est un témoignage, c’est une transmission d’une culture (la taurine), c’est montrer un aspect, hélas méconnu, de ces métiers, c’est surtout la description d’une passion. On est loin, très très loin, des débats actuels sur la corrida avec des pseudo-arguments moraux qui, comme souvent, nient l’homme dans toute sa complexité. Maxime Ducasse ne pousse personne à aimer ou à ne pas aimer les spectacles taurins, ce n’est pas son problème, non il ne fait que dire que grâce à son travail, il a pu vivre sa passion et qu’il est un homme heureux, qu’il est un homme chanceux d’avoir pu vivre son rêve.

Bien sûr, les non-connaisseurs pourront parfois être un peu désarçonnés par les termes professionnels employés, mais ils ne manqueront pas d’être emportés par ce témoignage et l’humanité qui s’en dégage.

Il faut lire cette sorte d’autobiographie, s’arrêter avec Maxime à deux heures du matin pour boire un café et fumer une cigarette après un spectacle et se projeter dans le prochain, le lendemain à plus de 500 kilomètres. Il faut se promener avec lui dans Madrid, dans ce petit quartier où palpite le cœur de la tauromachie, dans ce monde qui disparaît peu à peu. Il faut être avec lui aux entraînements, dans les arènes où la solidarité n’est pas un vain mot, où chacun se transcende, pour soi mais surtout pour le groupe. Il faut comprendre les groupes de « métiers » qui se forment de fait des « valets d’épée », indispensable pour l’organisation matérielle aux conducteurs de fourgons en passant par les picadors. Tous ont un rôle bien précis, un seul est défaillant et c’est le spectacle, quel qu’il soit qui en souffre. Vous comprendrez que la plus petite novillada dans un minuscule village du fin fond de l’Espagne est aussi importante que la corrida de la feria de Séville ou de Pampelune. Une seule chose compte, le travail bien fait pour la plus grande satisfaction du public, soit, mais surtout de tous les acteurs.

Nous ne pouvons que remercier Jacques Durand d’avoir poussé Maxime Ducasse à publier ses carnets et surtout à Maxime Ducasse de les avoir écrits.

La cour des Grands
Maxime Ducasse

éditions Au Diable Vauvert

Illustration de l’entête: Novillada de la ventas 2021, Madrid , Espagne. Manuel Perera. Photo Juanjo Martión/ EFE

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