Huit maîtres de l’Ukiyo-e à la Maison de la Culture du Japon

C’est au dix-huitième siècle que naquit au Japon cet art particulier de la gravure sur bois, le Ukiyo-e , «le monde flottant» et dont les artistes les plus célèbres s’appellent Hokusai, Utamaro, ou Hiroshige

Un art populaire et intime, une approche originale de l’angle de vue fondant l’ukiyo-e comme référence de l’art de l’illustration, un répertoire des formes très riche popularisé par des représentations animales pleines de caractère, des scènes de genre ou des étreintes amoureuses et voluptueuses délicieusement érotiques.

C’est cet art même qui lors de l’ouverture du Japon avec l’occident sous le règne de l’Empereur Meiji arrivera jusqu’en France et influencera les peintres impressionnistes

Olécio partenaire de Wukali

Cette exposition exceptionnelle bénéficie du prêt de plus de 150 estampes par le Musée national d’Art Asiatique de Corfou provenant de la collection Manos

P-A L


À voir du 27 septembre au 18 décembre 2001 à la Maison du Japon à Paris.

101bis quai Branly. M° Bir-Hakeim/ RER Champ de Mars
Horaire du mardi au samedi de 12h à 19h/ Nocturne le jeudi jusqu’à 20h


HUIT MAÎTRES

Suzuki Harunobu. (1725?-1770)

On se sait rien des maître qui le formèrent. Les premières oeuvres aux dates authentifiées que l’on connait de lui sont des estampes d’acteurs de 1760 suivies jusqu’en 1764 des oeuvres de sa période benizuri-e ( estampe polychrome primitive). Il soit sa renommée à son importante participation à la réalisation d’e-goyomi, luxueux calendriers sous forme d’estampes des années 1765 et 1766, ainsi qu’à son rôle primordial dans la naissance des « images de brocart » ( nishihi-e) parachèvement de la xylographie polychrome. les « belles femmes » qu’il dépeint ont un maintien à la fois simple et d’une gracieuse élégance. L’air songeur de ces figures androgynes confère un charme particulier à ses estampes. Il use abondamment des moyens d’expression dits mitage(« parodie ») et yatsushi(« transposition »). Ces deux techniques consistent à représenter de manière allusive un épisode ou un personnage légendaire en le transposant dans une scène contemporaine. Plus de mille nishiki-e édités entre 1765, année de la consécration de son talent et 1770 année de sa mort font de Harunobu l’un des maîtres de l’estampe les plus représentatifs de l’ère Meiwa.



Tori Kiyonaga (1752-1815)

Disciple de Tori Kiyomitsu, maître de l’école Torii, Kiyonaga entame sa carrière en 1767 avec des estampes d’acteurs, puis s’oriente progressivement vers la peinture de genre, ainsi que vers la réalisation de programmes de kabuki et d’illustrations de romans bon marché. Les années 1780 marquent l’établissement de son style et peuvent être considérées comme sa période d’apogée. Empreint de réalisme, son style se caractérise par ses femmes longues et sveltes « hautes de huit têtes ». Mais l’artiste excelle aussi dans des compositions représentant des groupes decourtisanes avec des paysages célèbres d »Édo à l’arrière-pan. Il innove également en développant les degatar-zu, estampes où les acteurs de kabuki sont représentés sur scène avec musiciens et récitants. Lorsqu’il hérite du titre de quatrième maître de l’école Torii en 1787, il doit faire face à une production accrue de programmes de kabuki et de pancartes de théâtres, si bien qu’il finit par délaisser complètement la réalisation d’estampes.



Kitaga Utamaro ( ? -1806)

Disciple de Toriyama Sekien, il réalise durant les années 1770 des surimono, des illustrations pour des livrets de jôrruri ( récitation chantée), kibyôshi (romans populaires), sharebon (intrigues situées dans les quartiers de plaisirs), programmes de kabuki…De 1781 à 1790sa collaboration avec l’éditeur Tsutaya Jûzaburô lui vaut un essor prodigieux. Le style d’Utamaro commence à s’affirmer vers 1790. Les années 1792à 1796 marquent le zénith de son art : son trait puissant excelle à décrire la beauté fascinage des femmes, les courbes voluptueuses des corps aussi bien que les replis des coeurs révélés par les gestes et les expressions du visage. Utamaro devient le maître incontesté de la représentation de la femme. Il conservera cette place à travers plusieurs changements de styles, avant l’apparition progressive d’une tendance à figer et styliser les expressions. Le cinquième mois de 1804 il est condamné à être menotté pour avoir porté atteinte à la dignité du célèbre chef de guerre du XVI ème siècle Hideyoshi en publiant des estampes le représentant. Utamaro meurt deux ans après cette épreuve. Il avait environ cinquante ans.



Toshusai Saraku . (1763-1820)

D’abord acteur de théâtre nô dans la troupe d’un seigneur de province, il fait des débuts fulgurants dans l’uliyo-e gâche aux portraits d’acteurs des trois troupes d’Edo, pendant leur représentation du cinquième mois de 1794. Publiés par l’éditeur Tsutaya Jûzaburô, ces 28 visages en gros plan sur fond micacés sont considérés comme les chefs d’oeuvre absolus de Sharaku et sont les plus estimés : l’acuité de son regard saisit l’essence du jeu et des caractéristiques des rôles, tandis que son trait typique, exagéré, laisse transparaître une dimension humaine pathétique.

Des portraits d’acteurs en pied pour la plupart, continuent ensuite à être publiés chez Tsutaya. Mais Sharaku disparait définitivement du monde de l’ukiyo-e après avoir réalisé une dernière série de portraits d’acteurs dans des représentations du printemps de 1795.

À ce jour, 145 estampes nishiki-e de Sharaku sont répertoriées. La récente authentification d’une peinture sur un éventail de la collection Manos a attiré l’attention sur la possible existence d’autres peintures sur éventail ou de dessins préparatoires à l’encre de Chine se la main du maître.



Katsushika Hokusai (1760-1849)

Il débute comme élève du maître de l’estampe Katsutsawa Shunshô, puis étudie les techniques de diverses écoles de peinture. Durant plus de 70 années d’activité – la plus longue carrière de tous les peintres d’estampes- ce géant de l’ukiyo-e va changer successivement de styles, obtenant chaque fois des résultats inégalés. De 1779 à 1794, il signe principalement des portraits d’acteurs et des illustrations de roman bon marché ( kibyôshi). Il affirme ensuite son style personnel de peintre de bijin-ga, et produit principalement des surimono ( estampes de luxe) et des illustrations de recueils de poèmes kyôka. À partir de cette période, on voit également apparaître d’authentiques peintures de sa main. De 1798 à 1813, il parachève un style original et consolide sa réputation avec des peintures au pinceau, des estampes surimono, des illustrations de recueils de kyôka et de romans yomi-hon. Il débute ensuite la publication de carnets de croquis sur des sujets divers, les Hokusai Manga.

La période qui va de 1820 à 1833 est particulièrement remarquable : il réalise une série de nishiki-e parmi les plus représentatifs de son talent, les Trente-six vues du Mont Fuji, ainsi que de nombreuses estampes de lieux célèbres, ou ayant pour sujets la faune ou la flore. Puis, jusqu’à la fin de sa vie, il se consacre principalement à la peinture au pinceau.



Utagawa Toyokuni (1769-1825)

Disciple d’Utagawa Toyoharu, le fondateurde l’école Utagawa. Après avoir débuté avec de e-goomi (estampes-calendriers) en 1786, il accroit progressivement ses activités avec des estampes polychromes de courtisanes et d’acteurs. La série Portraits en pied d’acteurs sur scène publiée au printemps 1794 confirme son accession au titre de grand maître de l’ukiyo-e. Toyokuni s’impose comme maître des estampes d’acteurs, avec ses descriptions fluides et pleines de vigueur qui lui valent une grande popularité.

Dans le domaine des bijin-ga, sans atteindre la maîtrise d’un Utamaro dans la description du charme féminin, ses images de femmes tracées d’un trait généreux et ferme autorisent néanmoins la comparaison. Il réalise également de nombreuses illustrations pour romans kibyôshi et livres d’images e-hon puis à partir de l’ère Bunka (1804-1818), se consacre avec énergie aux illustrations de gôkan ( ouvrages historiques) et de yomi-hon (récits romanesques). À partir du mieux de l’ère Bunka, on note dans son style une certaine rigidité, qui n’affecte pas son volume de production. : il conservera toute sa popularité jusqu’à la fin de sa vie. On doit également à Toyokuni la formation de nombreux élèves : il a ainsi posé les fondations de l’école Utagawa, qui règne sur l’ukiyo-e du XIXème siècle.



Utagawa Hiroshige (1797-1858)

Fils d’un officier de brigade de pompiers d’Edo, il nait à Yayosugashi dans la caerne où travaille son père. Vers 1811, ne pouvant intégrer l’atelier d’Utagawa Toyokuni en raison du trop grand nombre d’élèves, il devient le disciple d’Utagawa Toyohiro. Ses premières oeuvres- surimono – portraits de femmes et d’acteurs- datent de 1818. Après 1828, année de la mort de son maître Toyohiro, de nouvelles perspectives s’ouvrent à lui. Il se lance dans l’estampe de paysages, domaine où il se distingue progressivement avec ses séries de lieux célèbres. Il entame vers 1833 la célèbre série des Cinquante trois stations du Tôkaidô. Ses paysages au charme pénétrant connaissent des ventes explosives et lui valent une notoriété immédiate comme maître paysagiste. Il parachève son style particulier dans ce domaine avec la série des Soixantes-neuf étapes du Kisokaidô, publiée entre 1836 et 1838. Puis il réalise diverses séries de la route du Tôkaidô, ainsi que des séries de vues célèbres des provinces ou d’Edo. Il ouvre également des horizons nouveaux dans les gravures de flore et de faune, et conservera une place prépondérante dans ces deux domaines jusqu’à la fin de sa carrière. Dans la dernière partie de sa vie, il poursuit la publication des Cents vues célèbres d’Édo.. Il meurt du choléra en 1858, lors de la terrible épidémie qui sévit à Edo.



Utagawa Kuniyoshi (1797-1861)

Élève d’Utagawa Toyokuni, il est considéré comme l’un des trois derniers grands maître de la fin de la période Edo, les deux autres étant Utagawa Kunisada et Utagawa Hiroshige. Kuniyoshi produit dès 1814 des illustrations de romans gôkan et , l’année suivante des estampes d’acteurs. Mais il gagne très mal sa vie plusieurs années durant. Période difficile dont il voit le terme en 1827 avec la publication de sa série Cent huit numéros chinois dont le succès fait de lui le maître reconnu du nishiki-e guerrier. Au début de l’ère Tempo (1830-1844) il étudie la peinture occidentale qui lui inspire des paysages vus sous un angle moderne avec de nombreux dégradés d’ombre et de lumière. Il renouvelle également le style de la peinture de femmes dans des scènes de la vie quotidienne. À la suite des »édits de Tenpô » de 1842 qui, pour des raisons d’économie, restreignez les sujets et le nombre des estampes, il se lance dans l’estampe d’enfants et les illustrations de séries de faits-divers romancés. Ses nombreux triptyques de guerriers en gros plan sont hautement estimés. On lui doit également un grand nombre de dessins humoristiques.



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